Moncef Ben Hayoun
20 Mai 2025
À 18:25
Au premier trimestre 2025, la
région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) a enregistré 27 nouveaux
projets d’investissement dans l’automobile, pour une valeur totale de 2,6 milliards de dollars. Cela représente une
hausse significative par rapport au trimestre précédent, qui comptait 21 projets pour 957,9 millions de dollars.
Les
pays d’Afrique du Nord ont dominé l’intérêt des
investisseurs, avec en tête le Maroc, qui a capté neuf projets. L’Égypte suit avec six projets, devant l’Algérie (5), l’Arabie saoudite (2) et l’Iran (un projet). La majorité de ces investissements se concentre sur la
fabrication de composants automobiles et la
production de véhicules particuliers (PV), prolongeant ainsi la tendance observée au trimestre précédent dans le secteur des véhicules électriques (EV). C’est ce qui ressort d’une nouvelle note d’informations publiée par le
cabinet de recherche BMI, filiale de
Fitch Solutions.
Le Maroc confirme sa position de hub régional dans
l’industrie automobile, fort de la présence de grands constructeurs comme Renault et Stellantis. En 2024 déjà, il représentait 28% des projets d’investissement recensés dans le secteur. «Le Maroc reste une destination prisée pour les
investissements automobiles en raison de sa vaste chaîne d’approvisionnement locale et de sa proximité avec les marchés d’Europe de l’Ouest», indique BMI.
Au premier trimestre 2025,
cinq investissements émanant de fabricants européens ont visé le développement de la fabrication de composants au Maroc. Parmi eux, l’Allemand
Fränkische Industrial Pipes a prévu d’investir 100 millions de dirhams (10,9 millions USD) dans un site spécialisé dans les systèmes plastiques pour
l’automobile. De son côté, Leoni, également basé en Allemagne, a ouvert une usine dédiée à la production de systèmes de câblage pour véhicules commerciaux.
Le
Maroc attire aussi des
entreprises chinoises du secteur des composants automobiles.
Hangzhou Redick Energy Saving Technology,
Guangdong Haomei New Materials et
Lingyun Industrial ont annoncé des projets liés à la
production de roulements, de
boîtiers pour batteries nouvelles énergies, de
pièces structurelles de carrosserie et de
pièces laminées à haute résistance. Ces investissements s’inscrivent dans la continuité du développement de la production de véhicules sur le sol marocain, qu’il s’agisse de constructeurs historiques ou de nouveaux entrants chinois. «Étant donné la présence de sites de production de véhicules finis, nous prévoyons une poursuite des investissements dans le renforcement des chaînes d’approvisionnement locales en composants», est-il souligné.
Par ailleurs, dans d’autres pays de la région, des
constructeurs chinois ont également annoncé des
projets de production de véhicules. En Égypte par exemple, Geely a démarré la production locale de deux
modèles de véhicules particuliers,
l’Emgrand et le Coolray, avec une capacité attendue de 30.000 unités par an.
«Nous pensons que les constructeurs chinois chercheront de plus en plus à se positionner sur les
marchés de la région MENA afin de contourner les droits de douane de l’Union européenne sur les véhicules électriques chinois importés et d’élargir leur présence dans la région du Moyen-Orient», estiment les experts de
BMI-Fitch.
Enfin, plusieurs projets dans la région visent à relancer ou renforcer la
production de constructeurs locaux. En Égypte, El-Nasr a annoncé en novembre 2024 la reprise de la fabrication de bus et de minibus électriques après une interruption de 15 ans. Au premier trimestre 2025, l’entreprise a élargi ses ambitions avec une capacité annuelle de production de 20.000
véhicules particuliers.
Aux Émirats arabes unis, W Motors a conclu un partenariat avec Valeo pour développer des technologies de livraison autonome, ainsi qu’une coopération avec NWTN pour produire des solutions de mobilité durable, dont des véhicules particuliers pour les segments du luxe moyen et de la sécurité. Ces initiatives pourraient influencer positivement les perspectives de production automobile dans les pays du
Conseil de coopération du Golfe (CCG), estime le cabinet de recherche.