Saïd Naoumi
23 Octobre 2024
À 18:13
Le
Mécanisme de gestion active de la dette intérieure (GADI) mise en place par la
Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE) a tourné à plein régime en 2023. L’exercice écoulé a, en effet, connu un retour de l’engouement des investisseurs pour ce genre d’opérations. Concrètement, la DTFE a réalisé 11 opérations à travers ce dispositif dont 10 opérations d’
échange de bons de trésor (BDT) et une seule opération de rachat de BDT. Résultat, le montant global de rachat de ses obligations de l’État dans le cadre de la GADI s’est élevé à 74,3 milliards de dirhams.
Le gouvernement table sur une réduction du déficit budgétaire à 3,5% du PIB d'ici 2025, un niveau qui serait le meilleur depuis 2020, malgré des prévisions de dépenses atteignant un montant historique de 453,3 milliards de dirhams. Pour atteindre cet objectif, les recettes fiscales devraient franchir un seuil inédit de 320 milliards de dirhams, soutenues par une augmentation des impôts directs et indirects, notamment la TVA, l’IS et l'IR. Le gouvernement mise également sur les entrées des financements innovants, prévus à 35 milliards de dirhams, ainsi que sur les cessions de participations de l'État, estimées à 6 milliards. Détails.
Ce volume représente 24,6% du montant global offert sur le MAVT (opérations du marché primaire et de la gestion active confondues) et 80,1% de l’offre globale reçue sur les maturités à 5 ans et plus. S’agissant du montant total racheté, il ressort à 69,8 milliards de dirhams, dont 61,8 milliards au titre des opérations d’échange de BDT et près de 8 milliards à travers le rachat. Par année d’échéance, le montant racheté en 2023 est réparti entre 40 milliards de DH au titre du rachat des tombées de 2023, quelque 26,5 milliards pour 2024 et 3,3 milliards pour le rachat des échéances de 2025. Ensemble, ces opérations ont eu un impact positif sur le coût du risque de refinancement du Trésor. Elles ont ainsi permis une atténuation du risque de refinancement à travers la réduction des tombées de la
dette intérieure des mois concernés.
Ainsi, pour l’exercice 2023, ces réductions ressortent à près de 4,5 milliards de DH en moyenne par mois. Pour 2024, l’atténuation des tombées de la
dette intérieure est estimée à près de 2,5 milliards en moyenne par mois. Elle est d’environ 7 millions de DH en 2025. En revanche, la
DTFE fait état d’une hausse des charges en intérêts de la dette intérieure payées au titre de l’année 2023 de près de 270,4 millions de DH. Cette hausse provient de l’effet combiné d’une économie réalisée au titre des intérêts découlant du rachat des tombées de 2023 de près de 194,7 millions de DH et d’une augmentation de ces charges de près de 388,6 millions de DH pour ce qui est du rachat des tombées de 2024 et de 76,5 millions de DH pour 2025. La DTFE précise qu’une diminution/augmentation des charges en intérêts dans le cadre des opérations d’échange dépend de la date de rachat par rapport à la date de paiement de coupon de chaque ligne. Ainsi, une ligne rachetée avant/après la date de paiement de coupon produira une baisse/hausse des charges en intérêts.
Par ailleurs, les opérations de rachat dans le cadre de la GADI auront permis une réduction du ratio d’endettement de l’année 2023 de près de 0,5 point du PIB en raison du rachat d’un montant de près de 8 milliards de DH au titre d’une opération de rachat réalisée en fin d’année. Pour rappel, la gestion active de la dette intérieure vise essentiellement la réduction du risque de refinancement inhérent au portefeuille de la dette du Trésor à travers le lissage de l’échéancier de la dette du Trésor et partant, la maîtrise des besoins de financement de l’État. Cette gestion active s’opère à travers le recours à des opérations de rachat et/ou à des opérations d’échange de titres, ayant des maturités résiduelles inférieures à 18 mois, qui correspondent à la substitution d’anciens titres par des nouveaux. L’objectif principal recherché à travers la réalisation de ces opérations n’est pas de générer des gains financiers immédiats, mais plutôt de réduire le risque de refinancement. Ce qui pourrait avoir un impact positif sur le coût de financement du Trésor.