Saïd Naoumi
16 Octobre 2023
À 20:15
Le
monde agricole s’apprête à démarrer les travaux de préparation des sols pour la
campagne agricole 2023-2024. Même si ce n’est pas encore trop tard pour les premières gouttes de pluie, cette campagne s’annonce difficile à plus d’un égard, en particulier pour les petits et moyens agriculteurs. En effet, explique au journal «Le Matin»,
Abdelmoumen Guennouni, ingénieur-agronome, l’inflation qui touche, depuis pratiquement deux ans, les intrants agricoles, contraint les agriculteurs à n’utiliser que le minimum requis en termes de fertilisants.
En plus, poursuit l’expert, la succession des années de sécheresse a impacté la
qualité des sols. Ce qui rend leur préparation pour les semis une mission compliquée. «La
sécheresse a l’effet d’accentuer l’érosion des sols en les rendant plus fragiles, en réduisant leur teneur en matières organiques et en en dégradant leur qualité», développe l’ingénieur-agronome. Si ce phénomène ne concernait, par le passé, que quelques régions du pays, caractérisées par une faible pluviométrie, force est de constater qu’aujourd’hui, de plus en plus de
zones agricoles souffrent de la
dégradation des sols. Ce qui impacte significativement le rendement des cultures céréalières. Guennouni affirme, par ailleurs, qu’en dépit des épisodes successifs de sécheresse, les superficies dédiées à la céréaliculture ne devraient pas connaître un rétrécissement significatif lors de la campagne actuelle. Son explication : «Hormis leur métier de céréaliculteurs, les petits et moyens agriculteurs n’ont pas d’autres sources de revenus. Ce qui fait que, malgré l’impact des aléas climatiques et l’inflation des intrants agricoles, ils tiennent à leur métier, parfois en s’endettant lourdement, tout en nourrissant l’espoir que le ciel soit plus clément cette année».
Focus sur la mobilisation de terres agricoles dédiées à la céréaliculture
Pour rappel, lors de l’ouverture de la neuvième édition du «Grain & Millings Expo», Salon international des industries céréalières, le 4 octobre à Casablanca, le ministre de l’Agriculture, Mohamed Seddiki, annonçait que le Maroc poursuit la mobilisation de terres agricoles dédiées à la céréaliculture moyennant une irrigation d’appoint. L’objectif étant d’atteindre, à moyen terme, 1 million d’hectares. Ce qui permettra de réduire la dépendance du pays à l’importation et, partant, s’assurer une souveraineté sur cette ressource vitale. Pour désamorcer la pression sur les prix des intrants agricoles, le ministre révélait, à cette même occasion, que l’Exécutif planche sur un projet de mécanisme de soutien pouvant aller jusqu’à 50%. Ces aides financières devront notamment porter sur les fertilisants azotés. Pour Guennouni, à ce stade, cette mesure de soutien n’est pas plus qu’une annonce tant qu’elle n’a pas encore été instaurée et mise en œuvre. «En attendant l’opérationnalisation effective de cette mesure et l’appréciation de son impact réel, certains distributeurs pratiquent de la spéculation sur les prix des fertilisants pendant la campagne agricole. Ce qui pénalise les agriculteurs dont une grande partie minimise l’utilisation de ces produits», regrette l’ingénieur-agronome.