Eau potable : L’ONEE prépare une stratégie nationale de protection des ressources

Face à la raréfaction croissante des ressources hydriques au Maroc, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) prépare une stratégie globale de protection et de préservation des ressources. Cette initiative intervient dans un contexte national marqué par la dégradation des nappes et des cours d’eau, conjuguée à une demande en eau potable en constante augmentation.

Les ressources mobilisées par l’ONEE sont soumises à des pressions multiples, d’origines urbaines, industrielles, agricoles ou accidentelles. Ces pressions, exacerbées par les effets des changements climatiques, engendrent une altération significative de la qualité des eaux et aggravent les phénomènes de surexploitation, compromettant ainsi la pérennité des ressources destinées à la production d’eau potable.



Conscient de ces enjeux stratégiques, l’Office a déjà mené dix études générales de protection des ressources en eau à l’échelle des différents bassins hydrauliques du pays. Ces études ont permis d’établir un diagnostic exhaustif des captages d’eau souterraine et des prises d’eau superficielle exploitées, d’identifier les captages les plus vulnérables et de proposer des mesures de protection d’urgence. Le diagnostic mené a, également, permis d’évaluer les risques de pollution, en tenant compte des spécificités géologiques, hydrogéologiques et hydrologiques des sites.

Une stratégie globale et opérationnelle

L’ONEE ambitionne aujourd’hui de capitaliser sur ces acquis en mettant en place une stratégie de protection renforcée, articulée autour d’un plan d’action ciblé, chiffré et opérationnel. Cette stratégie vise à renforcer les capacités de planification, de suivi, d’alerte et de prise de décision de l’Office, tout en s’adaptant aux spécificités de chaque territoire. Le projet, qui sera basé sur une étude approfondie, englobe l’ensemble des ressources en eau mobilisées par l’ONEE, qu’elles soient conventionnelles (puits, sources, forages, barrages, cours d’eau) ou non conventionnelles (forages côtiers et prises d’eau en mer pour le dessalement). L’objectif est de définir des options de protection contre les risques naturels et anthropiques, ainsi que contre la pollution marine. L’étude vise à atteindre plusieurs objectifs spécifiques, complémentaires et parfaitement intégrés, qui permettront de renforcer la gouvernance et la sécurisation durable des ressources en eau mobilisées par l’ONEE.

Au cœur de cette stratégie figure la création d’une base de données numérique consolidée et interopérable, qui regroupera l’ensemble des informations techniques, environnementales et territoriales relatives aux captages et prises d’eau exploités. Cette plateforme intégrera les données issues des différentes études menées, ainsi que celles provenant des systèmes d’information internes de l’ONEE. Cette base de données permettra de structurer des informations détaillées sur les caractéristiques techniques des captages, leur contexte géologique et hydrologique, les événements historiques de pollution, ainsi que des cartes thématiques identifiant les zones de vulnérabilité et les foyers de pollution. Elle offrira, par la même occasion, des outils d’analyse avancés, notamment des indicateurs de suivi qualitatifs et prédictifs, ainsi que la simulation des risques de pollution et de sécheresse.

Un plan d’action hiérarchisé et adapté aux enjeux locaux

La stratégie s’appuiera sur un plan d’action détaillé et hiérarchisé selon trois horizons temporels : court, moyen et long terme. Ce plan prendra en compte les enjeux de pollution et de rareté de la ressource dans le contexte des changements climatiques, tout en s’adaptant aux réalités locales et régionales. L’identification et la classification des captages selon leur degré de vulnérabilité et de risque de pollution permettront de prioriser les actions de protection. La cartographie des aires d’alimentation, des risques environnementaux et des sources potentielles de pollution aidera à mieux cibler les zones à enjeu et à orienter les interventions vers les sites les plus menacés.

Le projet prévoit, également, l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques de gestion des captages, enrichi par une analyse comparative des expériences réussies tant au niveau national qu’international. Ce guide visera à normaliser les interventions et à assurer le bon état et la préservation des ressources en eau. Un système de surveillance intelligent, intégrant des équipements de mesure en temps réel pour les captages les plus menacés, permettra de détecter et de réagir rapidement face aux événements extrêmes, tels que les pollutions accidentelles ou les inondations.

Cette stratégie globale inclut aussi l’établissement d’un protocole de coordination interinstitutionnelle pour garantir l’implication de l’ensemble des acteurs concernés : agences de bassins, autorités locales, opérateurs industriels et agricoles. La mise en place de tableaux de bord dynamiques et de rapports automatisés permettra un suivi-évaluation rigoureux des actions engagées.

Un programme de formation accompagnera le déploiement de cette stratégie, assurant la montée en compétence des équipes de l’ONEE et l’appropriation durable des outils mis en place. Par cette initiative ambitieuse, l’ONEE affirme sa volonté de sécuriser durablement l’approvisionnement en eau potable du pays, en anticipant les défis futurs et en s’appuyant sur une gestion moderne, intégrée et proactive des ressources hydriques.