Économie

PLF 2024 : le gouvernement emprunterait plus de 123 milliards de DH

Le gouvernement devra recourir plus au marché interne qu’externe pour s’endetter afin de boucler le Budget 2024. L’Exécutif devra, en effet, emprunter plus de 123 milliards de DH en 2024 pour le financement du Trésor, dont plus de 53 milliards en interne et 70 milliards d’emprunts externes (contre 130 milliards prévus en 2023, dont plus de 69 milliards en interne et 60 milliards d’emprunts externes ; 105,38 milliards en 2022, avec 65,38 milliards sur le marché interne et 40 milliards sur le marché externe).

Le gouvernement devra aussi mobiliser l’année prochaine plus de 100,62 milliards de DH au titre des dépenses de la dette publique du Budget général.

23 Octobre 2023 À 18:15

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Inversement de tendance dans le choix des sources de l’endettement pour financer le Budget de l’État. Alors que le gouvernement s’est habitué ces dernières années à recourir plus au marché interne qu’externe pour emprunter, il prévoit d’inverser ce choix en 2024. L’Exécutif devra, en effet, emprunter plus de 123 milliards de DH en 2024 pour le financement du Trésor, dont plus de 53 milliards en interne et 70 milliards d’emprunts externes (contre 130 milliards prévus en 2023, dont plus de 69 milliards en interne et 60 milliards d’emprunts externes ; 105,38 milliards en 2022, avec 65,38 milliards sur le marché interne et 40 milliards sur le marché externe).



À noter, toutefois, que la dette intérieure du Trésor a déjà commencé à perdre du terrain face à la dette extérieure. En effet, note le HCP dans le Budget économique exploratoire publié en juillet dernier, le poids de la dette intérieure du Trésor devrait s’atténuer pour passer de 54,3% en 2022 à 53,4% du PIB en 2023. De ce fait, le ratio de la dette extérieure du Trésor devrait monter à 18,6% du PIB en 2023 contre 15,9% entre 2019 et 2022. La dette globale du Trésor devrait, ainsi, se situer à près de 72% du PIB en accentuation par rapport aux 71,6% du PIB en 2022. Compte tenu du poids de la dette extérieure garantie qui devrait atteindre 13,8% du PIB, le ratio de la dette publique globale devrait afficher un allègement à 85,8% du PIB, contre 86,1% du PIB en 2022.

En pour 2024, le HCP prévoit que «sur fond de la poursuite de l’allégement du besoin de financement, de l’amélioration du rythme de la croissance économique et du ralentissement plus lent que prévu de l’inflation, les indicateurs de l’endettement national devraient s’inscrire en baisse». En effet, selon le HCP, le ratio de la dette extérieure garantie devrait se situer à 13,6% du PIB après de 13,8% en 2023. Tenant compte d’une légère hausse du ratio de la dette du Trésor à 72,9% du PIB, le ratio de la dette publique globale devrait connaître une accentuation à 86,5% en 2024, après 85,8% du PIB attendu en 2023.

Parallèlement, selon le projet de loi de Finances 2024 (PLF 2024), le gouvernement devra aussi mobiliser l’année prochaine plus de 100,62 milliards de DH au titre des dépenses de la dette publique du Budget général, dont plus de 38,22 milliards au titre des intérêts et commissions de la dette publique à moyen et long termes et 62,39 milliards au titre des amortissements de la dette publique à moyen et long termes.

Source : ministère des Finances

Structure de la dette du Trésor à fin 2022

Au terme de 2022, l'encours de la dette du Trésor s'est établi à 951,8 milliards DH, en accroissement de 7,5% par rapport à fin 2021, contre une hausse de 6,3% entre 2020 et 2021. Par composante de dette, l'évolution de la structure de la dette du Trésor fait ressortir une augmentation de la part de la dette extérieure qui s'est établie à 24% à fin 2022, contre 23% à fin 2021, et une baisse de la part de la dette intérieure de 1 point, se situant à 76%, ce qui demeure conforme aux objectifs retenus pour le portefeuille benchmark (70%-80% dette intérieure et 20%-30% dette extérieure), indique le ministère des Finances dans le rapport sur la dette publique qui accompagne le PLF 2024. Ainsi, l'encours de la dette intérieure s'est établi à 722,9 milliards DH à fin 2022, en hausse de 6,1% par rapport à 2021, et celui de la dette extérieure s'est élevé à 228,9 milliards DH, en croissance de 12,3% par rapport à l'année précédente. Rapporté au PIB, l'encours de la dette du Trésor est en hausse de 2 points de PIB pour s'établir à 71,5%, contre 69,5% à fin 2021 après une baisse de 2,7 points de PIB en 2021. «Cette évolution est imputable principalement à la croissance économique modérée enregistrée en 2022 après le net rebond de 2021», explique le ministère. Ce ratio a atteint 54,4% au titre de la dette intérieure et 17,2% au titre de la dette extérieure, contre respectivement 53,5% et 16% à fin 2021.

Près de 265,8 milliards mobilisés à fin septembre, dont 222,7 milliards en interne

La situation des charges et ressources du Trésor dégage un besoin de financement de près de 45,8 milliards de DH à fin septembre 2023, selon les dernières statistiques du ministère des Finances sur l’exécution de la loi de Finances 2023. Ce besoin, augmenté des amortissements au titre de la dette pour un montant de 192,6 milliards, dont 185,1 milliards au titre de la dette intérieure, s’est traduit par un besoin de financement brut de 238,4 milliards. «Le niveau observé des amortissements au titre de la dette intérieure reflète la concentration des émissions intervenues, à la fin de l’année 2022 et au début de 2023, sur les maturités à court terme, reflétant notamment la préférence des investisseurs pour ces maturités dans un contexte marqué par une anticipation de hausse des taux d’intérêt», explique le ministère. Les financements mobilisés à fin septembre dernier se sont élevés à près de 265,8 milliards, dont 222,7 milliards sur le marché intérieur et près de 39,3 milliards au titre des tirages extérieurs, y compris 25,8 milliards mobilisés sur le marché financier international. «L’excédent des ressources mobilisées constitue un matelas pour préparer la couverture des tombées importantes de la dette du Trésor issues des émissions à court terme susvisées. La constitution de ce matelas s’inscrit dans le cadre de la gestion proactive de la dette, dont l’objectif est de réduire le risque de refinancement dans un contexte de volatilité des conditions de financement sur le marché intérieur», indique le ministère.
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