LE MATIN
28 Décembre 2025
À 12:41
Souvent perçue comme un texte réservé aux spécialistes, la circulaire douanière accompagnant la
Loi de finances 2026 recèle pourtant plusieurs mesures à portée très concrète pour les citoyens. Derrière les
ajustements fiscaux et tarifaires, l’objectif affiché est d’infléchir certains prix à la consommation, dans un contexte marqué par la persistance des
pressions inflationnistes.
Parmi les décisions les plus visibles figure la baisse substantielle des droits d’importation sur les
téléphones portables. À compter du 1er janvier 2026, le taux appliqué aux téléphones mobiles, smartphones compris, est ramené de 17,5 % à 2,5 %. La mesure concerne également les téléphones intelligents importés sous forme de kits CKD ou SKD, désormais clairement définis dans le tarif douanier. L’objectif est de renforcer la compétitivité du
secteur formel face aux importations illégales et d’encourager l’émergence d’une industrie locale d’assemblage. Pour les consommateurs, cette orientation ouvre la voie à une baisse potentielle des prix sur le marché officiel.
Dans le même esprit de soutien ciblé au pouvoir d’achat, la Loi de finances 2026 prévoit l’exonération de la
TVA à l’importation des
pâtes alimentaires courtes non cuites et non farcies, jusque-là taxées à 10 %. Les pâtes longues demeurent, en revanche, soumises à ce taux. Une mesure ciblée, mais symboliquement forte, dans la mesure où elle concerne un produit largement consommé par les ménages.
Autre dossier sensible : celui des
viandes rouges. Face aux tensions persistantes sur les prix, le législateur a opté pour une réponse conjoncturelle. La Loi de finances 2026 prévoit, pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2026, la suspension du droit d’importation et l’exonération de la TVA à l’importation sur les animaux vivants domestiques des espèces bovines, dans la limite de 300.000 têtes, ainsi que sur les camélidés, plafonnés à 10.000 têtes. L’objectif est d’augmenter l’offre sur le marché national afin de prévenir une nouvelle flambée des prix, même si l’impact final dépendra de la transmission effective de cet avantage fiscal jusqu’au consommateur.
La
santé constitue un autre axe important du texte. La circulaire acte l’exonération de la TVA à l’importation du sang et de ses dérivés, élargissant ainsi le champ des produits bénéficiant du régime fiscal appliqué aux
produits pharmaceutiques. Cette mesure vise à faciliter l’approvisionnement du système de santé et à garantir un accès durable à des produits médicaux essentiels.
Dans le secteur du logement et de l’
ameublement, la Loi de finances 2026 introduit également un ajustement notable. La taxe sur les bois importés est ramenée de 12 % à 6 % pour l’ensemble des
bois et ouvrages en bois concernés. En réduisant le coût d’importation des matières premières et des produits semi-finis, cette mesure vise à baisser les prix de vente des ouvrages en bois destinés aux consommateurs.
À l’inverse, la pression fiscale se renforce sur certains produits. La réforme de la taxation des
cigarettes entre dans sa cinquième et dernière phase en 2026, avec une hausse de la composante spécifique de la taxe intérieure de consommation. Parallèlement, le marquage fiscal devient obligatoire à partir du 1er janvier 2026 pour les produits connexes de tabac, les cigarettes électroniques jetables, les liquides de vapotage, les substituts nicotiniques sans tabac, ainsi que pour les produits contenant du sucre.
Enfin, la circulaire consacre un renforcement des moyens de contrôle de l’
administration des douanes. Les agents sont désormais autorisés à recourir à des outils technologiques tels que les drones, les caméras de surveillance et les scanners, notamment pour lutter contre la contrebande et l’informel. Si ces mesures ciblent d’abord les opérateurs économiques, elles visent indirectement à assainir le marché et protéger le consommateur.
Au total, la Loi de finances 2026, à travers ses dispositions douanières, confirme une orientation claire : agir sur les prix à la consommation par le levier fiscal, tout en renforçant la régulation économique. Le véritable enjeu reste désormais celui de la mise en œuvre effective de ces mesures et de leur traduction concrète dans les prix payés par les citoyens.