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Médicaments : 112 produits bénéficieront d’une baisse importante des droits de douane dès 2026

Le Maroc, dans le cadre du PLF 2026, prépare une réforme sans précédent de la politique du médicament. Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, a annoncé une réduction record allant jusqu'à 91 % des droits de douane sur 112 produits pharmaceutiques dès l'année prochaine. Une mesure stratégique qui vise à faire baisser les prix pour les patients, à renforcer la souveraineté sanitaire du pays et à garantir la viabilité des systèmes de couverture médicale.

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Le Maroc s’apprête à engager un tournant majeur dans sa politique du médicament. Lors de la présentation détaillée du projet de loi de finances et du rapport de performance du ministère de la Santé, Fouzi Lekjaa a annoncé une refonte profonde de la fiscalité appliquée aux produits pharmaceutiques. Objectif : rendre les traitements plus accessibles, tout en posant les bases d’une véritable souveraineté sanitaire.



La mesure phare consiste en une baisse spectaculaire des droits de douane, pouvant atteindre 91 %, sur 112 catégories de médicaments et de matières premières à partir de 2026. Les droits appliqués à ces produits passeront ainsi de 30 % à seulement 2,5 %, un taux historiquement bas pour des molécules essentielles.

Alléger la facture pour les patients et protéger l’industrie nationale

Selon Fouzi Lekjaa, cette réforme n’est pas motivée par la recherche de nouvelles recettes. Les droits de douane sur les médicaments représentent, rappelle-t-il, « une part très faible des revenus de l’État ». L’objectif prioritaire est ailleurs :
  1. Réduire le coût des médicaments pour les citoyens,
  2. Renforcer la couverture santé, dont une large part des dépenses est absorbée par les remboursements de médicaments,
  3. Sécuriser l’approvisionnement national,
  4. Protéger l’industrie pharmaceutique locale contre l’importation massive à bas coût.
Le gouvernement entend ainsi trouver un équilibre entre baisse des prix pour les consommateurs et soutien à la production marocaine.

La réforme de 2026 s’appuie sur une première restructuration du chapitre 30 de la nomenclature douanière engagée en 2023. Trois niveaux tarifaires avaient été introduits : 2,5 % pour les médicaments non fabriqués au Maroc, 30 % pour les médicaments produits localement, et 10 % à 17,5 % pour les produits mixtes (importés mais aussi partiellement fabriqués dans le pays).

Le dispositif de 2026 va plus loin en élargissant la liste des molécules concernées par les réductions, notamment celles dont la demande est en forte croissance.

156 molécules concernées par des ajustements tarifaires

En réponse aux évolutions scientifiques et à l’apparition de nouvelles molécules, 308 dénominations communes internationales (DCI) ont été réévaluées. Parmi elles :
  • 112 bénéficieront d’une réduction majeure (de 30 % à 2,5 %),
  • 10 verront leurs droits réduits de façon partielle,
  • 34 subiront une hausse des droits afin de protéger la production locale.
Ces ajustements visent à garantir un approvisionnement régulier, tout en consolidant la compétitivité de l’industrie pharmaceutique marocaine.

Lekjaa met toutefois en garde : la baisse des droits de douane ne suffira pas si elle n’est pas strictement encadrée. Le gouvernement insiste sur la nécessité de surveiller les prix de vente au public, s’assurer que la réduction douanière bénéficie réellement au consommateur et éviter les marges abusives dans la chaîne de distribution.

L’Agence marocaine du médicament et des produits de santé (AMMPS) disposera du temps nécessaire pour mettre en place une politique du médicament cohérente et durable.

Pour le gouvernement, cette réforme constitue l’une des pierres angulaires du nouveau modèle de développement sanitaire. Elle vise ainsi à garantir une disponibilité continue des médicaments essentiels et à encourager la production locale. Elle va également stimuler la recherche sur les génériques et par conséquent, réduire la dépendance aux importations et et renforcer la résilience du système de santé marocain. « Il ne s’agit pas d’une simple mesure fiscale, mais d’un choix stratégique majeur », insiste Lekjaa dans ce cadre.

Le Maroc se prépare ainsi à restructurer profondément sa politique du médicament, avec une ambition claire : faire de l’accès au médicament un pilier de la justice sociale et de la souveraineté nationale. Cette dynamique engagée exige désormais une gouvernance renforcée, une meilleure planification industrielle, la formation de cadres spécialisés et une adaptation continue de la réglementation.
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