Économie

Jouahri promet de surveiller les taux d'intérêt appliqués par les banques

Bank Al-Maghrib (BAM) ne fait plus l’exception à l’échelle mondiale. Son Conseil, qui a tenu le 27 septembre à Rabat sa troisième réunion de l’année, a fini par relever le taux directeur de 50 points de base à 2% dans l’espoir de maîtriser l’inflation galopante. Abdellatif Jouahri, wali de BAM, assure que l’impact de ce relèvement sur la croissance sera limité : entre 0,1 et 0,2%. Et pour s’assurer que les banques répercuteront «correctement» cette hausse sur la clientèle, une réunion est prévue avec leurs présidents. Quant à la sortie du Trésor sur le marché international, Jouahri a été clair: le moment n’est pas opportun et d’autres alternatives sont là, comme la LPL ou encore les droits de tirage spéciaux, les fameux DTS.

28 Septembre 2022 À 17:14

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Depuis la deuxième réunion du Conseil de la Banque centrale en juin dernier, où il a été décidé de maintenir le taux directeur inchangé, il y a eu une forte accélération de l’inflation, a indiqué le wali de Bank Al-Maghrib. Alimentée, essentiellement auparavant par des pressions d’origine externe, l’inflation a été poussée encore vers des niveaux exceptionnellement élevés à travers une large diffusion vers les prix des produits non échangeables. D’ailleurs, sur les 116 sections de produits et services qui composent le panier de référence de l’indice des prix à la consommation, établi par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), 60,3% ont connu une augmentation de 2% en août contre 42,2% en janvier 2022 et 23% en moyenne entre 2018 et 2019. En juin, précise Abdellatif Jouahri, les biens non échangeables, dans leur globalité, avaient enregistré une hausse limitée des prix  de 1,4%, alors qu’en août, ils ont frôlé les 3%.

Mieux vaut prévenir que guérir

Si l’objectif de la Banque centrale est de limiter l’inflation à environ 2%, cette cible est aujourd’hui largement dépassée. Une réaction s’imposait pour prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. «Il vaut mieux payer un prix léger en agissant rapidement et efficacement sur l’inflation à travers le rehaussement du taux directeur, plutôt que d’attendre et de la voir se généraliser et durer. Si l’inflation se généralise et dure, nous serons obligés de prendre des mesures encore plus draconiennes avec des conséquences plus endommageables à la fois sur les particuliers et les entreprises», prévient le patron de l’institut d’émission. En prenant en considération l’effet de relèvement du taux directeur, l’inflation devrait revenir à 2,4% en moyenne en 2023, après 6,3% attendus cette année.

Taux directeur : L’option d’une hausse de 75 points de base abandonnée

«Malgré que l’inflation se situerait à 2,4% en 2023, contre une cible de 2%, le Conseil n’a pas opté pour une hausse du taux directeur plus importante, soit 75 points de base. On en a discuté, mais le Conseil a finalement retenu une augmentation de 50 points de base», a révélé Abdellatif Jouahri. À ses yeux, dans les circonstances actuelles, caractérisées par une incertitude exceptionnellement élevée, le Conseil a évité une hausse de 75 points de base. Mais, il continuera à suivre de plus près l’évolution des données.

Hausse du taux directeur et perspectives économiques sombres pour le Maroc (Bank Al-Maghrib)

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