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Hausse du taux directeur et perspectives économiques sombres pour le Maroc (Bank Al-Maghrib)

C’était prévisible. Bank Al-Maghrib a fini par relever son taux directeur. Ce dernier monte d’un demi-point à 2%, sur fond d’accélération de l’inflation et de décélération de la croissance. La Banque centrale table ainsi sur une hausse des prix de 6,3% pour toute l’année et sur une croissance du PIB de seulement 0,8%, contre 1% annoncé lors du Conseil de juin dernier.

Hausse du taux directeur et perspectives économiques sombres pour le Maroc (Bank Al-Maghrib)

Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 2%. Cette décision, prise et annoncée lors de la troisième réunion trimestrielle du Conseil de la Banque centrale, tenue le 27 septembre à Rabat, est venue «prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix», explique le Conseil dans le communiqué publié suite à la tenue de cette réunion. Le Conseil a ajouté qu’il continuera «à suivre de près la conjoncture économique, aux niveaux national et international, et en particulier l’évolution des pressions inflationnistes». En effet, le Conseil a souligné la nette montée de l’inflation qui malmène l’économie nationale, en plus d’autres facteurs. «L’économie continue de pâtir d’un environnement externe défavorable et des répercussions d’une sécheresse particulièrement sévère, avec une nette décélération de la croissance et une forte accélération de l’inflation», note-t-il. Cette dernière, explique BAM, continue d’être alimentée par des pressions d’origine externe, mais les dernières données disponibles, relève-t-elle, montrent une large diffusion vers les prix des produits non échangeables. De ce fait, par rapport à ses prévisions de juin, Bank Al-Maghrib table sur un niveau d’inflation «nettement plus élevé» en 2022, suivi d’un ralentissement moins marqué en 2023.

Diffusion de plus en plus large de la hausse des prix 
Le Conseil a noté que les données relatives aux huit premiers mois de l’année montrent que l’inflation reste sur une tendance à l’accélération pour se situer à 8% en août après 7,7% en juillet, 6,3% en moyenne au deuxième trimestre et 4% au premier. Elle est tirée notamment, explique-t-il, par le renchérissement des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants. De surcroît, ajoute-t-il, les données disponibles dénotent une diffusion de plus en plus large de la hausse des prix. En effet, précise BAM, sur les 116 sections de biens et services qui composent le panier de référence de l’indice des prix à la consommation, 60,3% ont connu une hausse de plus de 2% en août contre 42,2% en janvier. Ce qui amène Bank Al-Maghrib à tabler, dans ses projections, sur une accélération de l’inflation à 6,3% sur l’ensemble de l’année, contre 1,4% en 2021, avant de revenir à 2,4% en 2023. Sous l’effet de la hausse des prix des produits alimentaires qui y sont inclus, sa composante sousjacente passerait de 1,7% à 6,3% en 2022 puis décélérerait à 2,5% en 2023.

La valeur ajoutée agricole reculerait de 14,7%

S’agissant de la croissance économique nationale, elle marquerait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, un net ralentissement cette année à 0,8% (contre 1% annoncé à l’issue du Conseil de juin dernier) dans le sillage d’une nette décélération de l’économie mondiale, plombée par le durcissement rapide des conditions monétaires et les craintes concernant l’approvisionnement énergétique en Europe. Ce ralentissement résulterait d’un recul de 14,7% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. Au cours de l’année prochaine, elle s’accélérerait à 3,6% en lien avec la hausse prévue de 11,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux, estime BAM. Les activités non agricoles continueraient en revanche de ralentir, leur rythme devant revenir à 2,5%.

Les recettes MRE attendues à environ 100 milliards de DH

En ce qui concerne les comptes extérieurs, «la forte dynamique» des échanges se poursuivrait cette année avec un accroissement des exportations de 34%, tirée principalement par les ventes du phosphate et dérivés qui devraient atteindre 144,5 milliards de DH et celles du secteur automobile qui frôleraient 100 milliards, selon la Banque centrale. En 2023, un repli des exportations de 1,1% est attendu, avec le recul relatif des cours du phosphate et dérivés. Idem pour les importations qui progresseraient de 34,5% en 2022, sous l’effet de l’alourdissement de la facture énergétique à 135,1 milliards de DH et de l’accroissement des achats des demi-produits à 167 milliards, pronostique BAM. En 2023, elles régresseraient de 4,6%, en lien notamment avec les baisses prévues des cours des produits pétroliers et des approvisionnements en blé. Pour les recettes Voyages, profitant de la réouverture des frontières et de la régression notable de la pandémie au niveau mondial, elles s’accroîtraient à 79,8 milliards de DH cette année et se stabiliseraient à ce niveau en 2023. «Tenant compte des performances enregistrées depuis le début de l’année», les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) continueraient de progresser pour atteindre près de 100 milliards de DH sur l’ensemble de l’année avant de revenir à 92,4 milliards en 2023. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se situerait à l’équivalent de 3,2% du PIB en 2022 avant de s’alléger à 1,9% en 2023. Pour ce qui est des Investissements directs étrangers (IDE), les recettes représenteraient à peu près l’équivalent de 3,2% du PIB annuellement sur les deux prochaines années. Au total, «et sous l’hypothèse notamment de la concrétisation des financements extérieurs prévisionnels du Trésor», les avoirs officiels de réserves se situeraient à 343,7 milliards de DH à fin 2022 et à 360,7 milliards à fin 2023, devant ainsi assurer une couverture autour de 6 mois d’importations de biens et services.

Le dirham non désaligné de l’économie nationale

Concernant les conditions monétaires, la Banque centrale note que la forte appréciation du dollar vis-à-vis de l’euro, induite notamment par la divergence des rythmes de resserrement des politiques monétaires de la Fed (Réserve fédérale américaine) et de la BCE (Banque centrale européenne), se reflète sur le taux de change effectif nominal du dirham. Ainsi, estime-t-elle, après une hausse de 2,1% en 2021, le dirham enregistrerait une légère baisse sur l’ensemble de l’année avant de s’apprécier de 1,7% en 2023. «Tenant compte des niveaux d’inflation domestique inférieurs à ceux des pays partenaires et concurrents, ce taux ressortirait en dépréciation en termes réels de 1,8% en 2022 avant de s’apprécier de 0,4% en 2023», pronostique BAM. D’ailleurs, souligne-t-elle, les évaluations trimestrielles réalisées par Bank Al-Maghrib «continuent de montrer l’absence de signes de désalignement du dirham par rapport aux fondamentaux de l’économie nationale». Pour les taux débiteurs, ils ont connu une quasi-stabilité au deuxième trimestre de 2022 recouvrant notamment un recul de 18 points de base (pb) pour les crédits à la consommation ainsi que des hausses de 29 pb pour ceux à l’équipement et de 30 pb pour les prêts immobiliers destinés aux entreprises. Quant au besoin de liquidité des banques, il se creuserait à 85,1 milliards de DH à fin 2022 et à 89,6 milliards à fin 2023. S’agissant du crédit bancaire au secteur non financier, il s’accroîtrait de 4% en 2022 et de 3,6% en 2023. Sur le plan des finances publiques, l’exécution budgétaire au cours des 8 premiers mois de l’année fait état d’une croissance de 24,5% des recettes ordinaires, tirées notamment par la hausse des rentrées fiscales. Les dépenses globales ont, quant à elles, progressé de 13,1% reflétant en particulier la hausse de la charge de compensation. «Tenant compte notamment de la progression attendue des recettes fiscales, de la mobilisation des ressources au titre des financements spécifiques ainsi que de l’évolution prévue de la charge de compensation», Bank Al-Maghrib table sur un déficit budgétaire qui devrait passer de 5,9% du PIB en 2021 à 5,5% en 2022 avant de s’atténuer à 5% en 2023. 

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