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Intelligence économique: voici les recommandations du Forum des associations africaines

L’Afrique compte actuellement 79 scientifiques pour un million d'habitants, ce qui est «alarmant», de l’avis des experts qui ont pris part à la troisième rencontre du Forum des associations africaines de l’intelligence économique. Les nations africaines sont aujourd’hui, plus que jamais, appelées à faire converger leurs efforts pour relever les différents défis, et à leur tête, la rétention des cerveaux et la promotion d’une culture d’innovation et d’entrepreneuriat. Les organisateurs de l’événement affichent l’ambition de créer une université panafricaine à Dakhla dédiée au renforcement des capacités des élites africaines.

09 Décembre 2022 À 19:53

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Les participants à la troisième rencontre du Forum des associations africaines de l’intelligence économique ont tenté d’identifier les principaux défis que doit affronter l’Afrique. Près de 30 interventions ont eu lieu durant cet événement qui s’est tenu à Dakhla du 5 au 7 décembre. S’exprimant à la cérémonie de clôture, le président de l’Université ouverte de Dakhla, Driss Guerraoui, a indiqué que notre continent donne l’image d’un continent qui connaît des difficultés réelles à disposer d’écosystèmes nationaux forts en matière d’innovation, et ce à cause de plusieurs acteurs majeurs. Il s’agit, entre autres de :

  • La crise de l’école : ceci empêche l’Afrique de former des compétences et de produire des élites scientifiques d’un niveau d’excellence à la mesure des ambitions, mais surtout des défis auxquels est confronté notre continent.
  • L’absence d’intérêt réel des États pour l’innovation.
  • L’absence de financement réellement conséquent.
  • Les faibles liens entre l’université et l’entreprise dans le domaine de l’innovation.
  • Une gouvernance inappropriée des dispositifs existants en matière d’innovation.
  • La fuite des cerveaux avec l’absence de politiques publiques pour attirer et retenir les scientifiques africains.
  • Le déficit de coopération panafricaine dans ce domaine.

Ces facteurs expliquent, selon l’expert, les faibles classements des pays africains dans tous les indicateurs internationaux en matière de recherche scientifique et d’innovation, mais aussi et surtout la faible contribution de scientifiques et d’inventeurs comparativement au total de la production scientifique et d’innovation dans le monde. Chiffres à l’appui, l’Afrique, qui représente 17% de la population mondiale, ne dispose que de 2,4% de scientifiques, soit 79 scientifiques pour un million d’habitants. Au États-Unis, le nombre de scientifiques s’élève à 4.500 pour un million d’habitant. Ces réalités expliquent l’état de l’innovation dans notre continent. Les grands défis que l’Afrique doit relever Les participants à cet événement ont conclu qu’il existe beaucoup de défis à relever. Ces défis peuvent se résumer comme suit :

  • Les nations africaines doivent apporter des réponses claires et pertinentes à la crise culturelle profonde que connaissent ses systèmes nationaux.
  • La sous-utilisation des potentialités, d'où l’importance des partenariats entre les entreprises et les universités.
  • La régulation de la fuite des cerveaux africains vers le reste du monde.
  • Le statut de l’innovation dans nos pays d’Afrique.
  • L’éclatement des acteurs de l’innovation.
  • La faiblesse et la dispersion des moyens.
  • La promotion d’une dynamique d’innovation qui pourrait lui permettre de mieux gérer les éventuels risques, notamment sanitaire, alimentaire et énergétique.
  • L’intégration de l’approche genre dans les recherches scientifiques

Les priorités de l’Afrique en matière d’innovation

L’évolution des réalités du monde a fait émerger d’autres priorités, selon Driss Guerraoui. Tout en s’appuyant sur les interventions qui ont eu lieu lors de cette rencontre, ce dernier a souligné qu’il est temps de miser sur une innovation qui permet à l’Afrique de réussir la transition climatique, économique, énergétique, sanitaire, numérique ainsi la souveraineté alimentaire. «L’idée est de se doter de dispositifs pour être mieux armés face aux risques de la cybersécurité», a-t-il rappelé. Et de préciser que l’innovation doit aussi permettre d’accompagner l’Afrique à relever le défi de l’infrastructure et celui de la gestion durable des ressources. Driss Guerraoui a noté, toutefois, que le grand défi aujourd’hui réside dans la promotion de la dynamique entrepreneuriale auprès des jeunes et des femmes, que ce soit au niveau urbain ou rural.

Quel rôle doit jouer le Forum des associations africaines de l’intelligence économique ?

De l’avis de Driss Guerraoui, la spécificité de cette édition est qu’elle a permis aux participants de définir de nouvelles ambitions à l’ère des changements profonds que connaît le monde. «Notre forum est appelé à travailler autrement en développant de nouvelles solidarités, mais aussi de nouveaux moyens tout en privilégiant le passage à l’action», a-t-il précisé. Et d’ajouter que les débats ont fait émerger une piste extrêmement ambitieuse, innovante et très forte, à savoir la création d’une université panafricaine à Dakhla dédiée au renforcement des capacités des élites africaines.

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