Loin d’être un simple levier de développement des pays, l’innovation demeure un outil incontournable pour anticiper et gérer les risques. Ce constat a été dressé par Philippes Clerc, président de l’Académie de l’intelligence économique en France, lors de sa participation au panel «Impact de l’innovation sur le développement économique», tenu en marge de la troisième rencontre du Forum des associations africaines de l’intelligence économique (FAAIE), dont le coup d’envoi a été donné lundi 5 décembre à Dakhla. L’expert appelle, à cet égard, à tirer des leçons de la crise de la Covid-19 qui a bouleversé, du jour au lendemain, nos modes de vie et nos pratiques. «Les pays et les citoyens ont dû s’adapter à un lot de changements dictés par la crise de la Covid-19 en misant essentiellement sur l’innovation et la transformation digitale», a-t-il noté.
Poussant la réflexion un peu plus loin, Philippes Clerc a alerté sur le rythme rapide avec lequel le cycle de l’innovation s’accélère tout en appelant les organisations à s’y investir amplement pour anticiper et gérer les risques. Comment ? L’expert estime que l’innovation doit concerner les outils, les méthodes et les modes d’action en matière d’intelligence économique. Ceci est important, reconnaissons-le, pour les pays africains qui doivent relever différents défis et à leur tête le défi économique et sociétal.
Dans le même ordre d’idées, Siham Harroussi, vice-présidente du FAAIE, estime que les pays africains doivent miser sur deux concepts clés : la frugalité et l’agilité. Pour le premier concept, l’intervenante explique que ceci permettrait d’innover avec peu de moyens. «Cette démarche, qu’on a d’ailleurs testée en temps de Covid-19, est très importante pour permettre aux pays africains de relever les différents défis qui s’imposent dans un environnement incertain», explique-t-elle. À propos du deuxième concept, l’agilité, l’experte met l’accent sur la nécessité de fournir des efforts pour favoriser un changement de «mindset», que ce soit sur le plan individuel ou collectif. «Le chemin n’est pas facile, puisqu’il impose de casser des process quand il le faut, mais ceci demeure indispensable pour permettre à l’Afrique de relever ses défis», recommande-t-elle. L’intervenante tient à souligner, de par son expérience, que l’Afrique dispose aujourd’hui de tous les moyens pour assurer son développement économique à travers l’innovation.
L’influence, le maillon fort de la chaîne
Prenant part à la troisième rencontre du Forum des associations africaines de l’intelligence économique, Omar Ezziyati, directeur veille stratégique, innovation et influence, Bank of Africa, a mis l’accent sur l’importance de l’influence. Pour lui, cette notion, qui a le vent en poupe en ce moment, demeure au service de l’innovation et du développement territorial. L’expert a expliqué, à cet égard, qu’un projet d’innovation et d’entrepreneuriat doit être suffisamment influent pour pouvoir attirer, gagner la confiance et surtout fidéliser les différentes parties prenantes.
Partant de son expérience, Omar Ezziyati a regretté, toutefois, le fait que beaucoup de jeunes, bien qu’ils aient l’intention d’entreprendre, ne passent pas à l’action. «En Afrique, beaucoup de jeunes ont l’intention d’entreprendre, mais peu sont ceux qui osent passer à l’action», a-t-il affirmé. Il a ajouté à ce titre qu’il existe trois dimensions d’entrepreneuriat, à savoir l’intention entrepreneuriale, le profil entrepreneurial et l’écosystème entrepreneurial. Pour lui, les efforts doivent converger pour motiver les jeunes à innover et à se lancer dans l’entrepreneuriat, partant du principe que ce volet, aux côtés d’autres, est tout aussi important pour assurer la résilience et le développement de l’Afrique.>> Lire aussi : Le Forum des associations africaines de l’intelligence économique réunit une vingtaine de pays à Dakhla