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L’UE inflige une amende record à Google pour abus de monopole publicitaire

La Commission européenne a infligé à Google une amende de 2,95 milliards d’euros pour abus de position dominante dans la publicité en ligne. L’entreprise, qui compte faire appel, est accusée d’avoir favorisé ses propres services au détriment de concurrents et de médias, déclenchant une réaction virulente de Donald Trump et renforçant les tensions transatlantiques sur la régulation du numérique.

06 Septembre 2025 À 09:59

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Google a de nouveau été rattrapé par les régulateurs européens. La Commission européenne a annoncé vendredi une amende de 2,95 milliards d’euros (3,45 milliards de dollars) contre le géant américain, l’accusant d’avoir abusé de sa position dominante dans l’adtech depuis 2014. Bruxelles reproche à l’entreprise d’avoir favorisé ses propres services de publicité programmatique et d’avoir maintenu des conflits d’intérêts qui ont nui à la concurrence et aux éditeurs.

La commissaire européenne Teresa Ribera a averti que de nouvelles mesures pourraient suivre si Google ne propose pas de correctifs structurels. Parmi les options envisagées figure un possible démantèlement de certaines activités. L’entreprise dispose de 60 jours pour présenter ses engagements de conformité, sous peine de sanctions plus lourdes.

La réaction politique a été immédiate. Le président américain Donald Trump a qualifié la décision de "discriminatoire” et a menacé d’engager une procédure commerciale au titre de la Section 301, pouvant aboutir à des représailles contre l’Union européenne. L’épisode intervient dans un contexte de tensions récurrentes entre Bruxelles et Washington sur la taxation et la régulation des grandes plateformes numériques.



Google, de son côté, conteste fermement la décision. Dans un communiqué, Lee-Anne Mulholland, vice-présidente en charge des affaires réglementaires, a jugé la sanction "injustifiée” et prévenu qu’elle nuirait à des milliers d’entreprises européennes dépendantes de ses outils publicitaires. "Il n’y a rien d’anticompétitif à proposer des services pour acheteurs et vendeurs de publicité”, a-t-elle déclaré.

Cette sanction s’ajoute à une série de précédentes amendes imposées à Google par l’UE : 4,3 milliards d’euros en 2018, 2,42 milliards en 2017 et 1,49 milliard en 2019. La pression pourrait s’intensifier dans les prochains mois, alors que Google doit également affronter, le 22 septembre, un procès aux États-Unis dans le cadre d’une action du Département de la Justice sur son monopole publicitaire. Avec 264,6 milliards de dollars générés par la publicité en 2024, soit plus des trois quarts de son chiffre d’affaires, l’enjeu reste majeur pour la pérennité de son modèle économique.
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