Yousra Amrani
12 Juillet 2024
À 19:00
Finalement, la rencontre qui a réuni, jeudi, les présidents des
groupes parlementaires de la majorité et de l’opposition et les représentants du comité national des
étudiants en médecine,
médecine dentaire et pharmacie n’a abouti à aucune avancée pouvant contribuer à désamorcer la crise, du moins pour le moment.
Les Facultés de médecine et de pharmacie sont toujours paralysées par la grève des étudiants, qui ont choisi d’intensifier leur mouvement de protestation contre la rupture du dialogue avec le gouvernement. Ce dernier a affirmé mercredi dernier à la Chambre des représentants qu’il ne ferait pas de concessions supplémentaires, estimant que l’offre présentée aux étudiants était «exceptionnelle» et répondait à la plupart de leurs revendications. De leur côté, les étudiants, qui ont boycotté les examens et comptent en faire de même avec les sessions de rattrapage, tiennent mordicus à leurs doléances, en tête desquelles le rétablissement d’un cursus de formation de 7 années au lieu de 6. Tout en se disant disposés à reprendre le dialogue, ils se défendent contre les accusations portées contre eux et qui leur prêtent l’intention de bloquer la réforme du secteur de la santé. Dans ce climat délétère, la défiance s’est installée progressivement, rendant tout retour au dialogue quasi impossible. Invité de l’Info en Face, Yasser Derkaoui, membre de la commission nationale des étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie et président du bureau des étudiants de la Faculté de médecine de Rabat, revient sur l’évolution de cette crise et comment on en est arrivé là.
D’après un membre de la commission nationale, les parlementaires, qui avaient proposé de mener une médiation entre les étudiants et les représentants des deux départements de tutelle (Santé et Enseignement supérieur) en vue de trouver un compromis et mettre ainsi fin au boycott des cours et des examens qui se poursuit depuis plus de sept mois, se sont heurtés à la complexité du dossier.
«Les députés n’avaient aucune idée, par exemple, de l’existence actuellement de trois cahiers de normes pédagogiques. Un premier pour les étudiants de la première à la 5e année et qui ne prévoit que 3.900 heures de formation, suite à la suppression de la septième année de formation, un deuxième pour les étudiants de la sixième et la septième année et qui prévoit un volume de formation de 4.500 heures et, enfin, un troisième qui entrera en vigueur lors de la prochaine rentrée universitaire et qui prévoit un temps de formation de 4.800 heures», souligne notre interlocuteur.
Selon la même source, lors de cette réunion, les étudiants ont réitéré leur revendication principale relative au maintien de la septième année de formation, car ils demeurent convaincus que sa suppression impactera la qualité de la formation. De même, les étudiants insistent sur l’importance d’améliorer l’offre gouvernementale en vue de pouvoir former des cadres compétents capables d’être au niveau des attentes des citoyens. Les présidents des différents groupes parlementaires qui ont suivi les explications des étudiants ont convenu de tenir une deuxième réunion dans les prochains jours, avant d’entrer en contact avec les deux ministères concernés.
Cette rencontre est intervenue un jour seulement après la réunion conjointe tenue entre la Commission des secteurs sociaux et la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants pour examiner de près la situation dans les Facultés de médecine et de pharmacie. Lors de cette rencontre, Abdellatif Miraoui et Khalid Aït Taleb, respectivement ministre de l’Enseignement supérieur et ministre de la Santé, avaient annoncé que l’offre présentée par le gouvernement aux étudiants était «exceptionnelle» et répondait à la plupart de leurs revendications. Mais pour les étudiants, les principaux points problématiques ne sont pas traités, notamment le rétablissement de la formation sur 7 ans et la réhabilitation des étudiants sanctionnés ou exclus en raison de leur participation aux mouvements de protestation. Affaire à suivre !