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Hicham Balaoui : Juge et avocat, un tandem indissociable au cœur de la justice

Le président du Ministère public, Hicham Balaoui, a rendu un hommage appuyé à la profession d’avocat, jeudi dernier à Tanger. Intervenant à l’occasion du 32e congrès de l’Association des barreaux du Maroc, le haut responsable a souligné l’indispensable complémentarité entre magistrats et avocats, il a insisté sur la nécessité d’une alliance renforcée entre les deux corps pour relever les défis d’une justice en pleine mutation, à l’ère du numérique et des transformations globales.

16 Mai 2025 À 17:35

Alors que le système judiciaire marocain est confronté à des mutations profondes, le président du Ministère public, Hicham Balaoui, a rappelé jeudi à Tanger l’importance stratégique de la profession d’avocat dans l’édifice de la justice. Intervenant à l’ouverture du 32e congrès de l’Association des barreaux du Maroc, il a dressé un vibrant plaidoyer en faveur d’une coopération renforcée entre magistrats et avocats, deux piliers inséparables du procès équitable.

Une complémentarité fondatrice du pacte judiciaire

La relation entre magistrature et profession d’avocat n’est pas seulement fonctionnelle : elle est constitutive d’un équilibre démocratique fondé sur le respect des droits et des garanties procédurales. C’est ce que Hicham Balaoui a tenu à souligner en ouverture du congrès : «Nous formons ensemble les deux ailes de la justice», a-t-il déclaré, avant de poursuivre : «C’est avec ces deux ailes que la justice peut s’élever vers les plus hauts sommets de la défense des droits et garantir les conditions d’un procès équitable». Loin d’un simple hommage de circonstance, le chef du parquet a ancré ses propos dans une vision partagée de la justice : «Nous portons le même message, nous respirons les mêmes principes nobles, car nous sommes ensemble mobilisés au service des idéaux d’une justice équitable». Cette déclaration prend tout son sens dans un contexte où les exigences d’indépendance, d’éthique et d’efficacité de la justice n’ont jamais été aussi fortes.

Un héritage à transmettre, une vocation à renouveler

L’intervention du président du Ministère public a également résonné comme un appel à la mémoire. «Ce congrès est un moment clé pour s’inspirer de ces éminents avocats et anciens bâtonniers qui ont fondé vos institutions et assuré leur rayonnement pendant des décennies», a-t-il déclaré. Il a rendu hommage à ces figures fondatrices qui, par leur engagement, ont façonné l’image du barreau marocain. «Ils étaient aussi des hommes d’État, des savants, des éducateurs, des guides pour les générations à venir», a-t-il rappelé, insistant sur la nécessité pour les jeunes avocats de s’inscrire dans cette continuité morale et professionnelle. Cette transmission de valeurs est, selon lui, essentielle pour préserver la noblesse d’une profession dont le rôle dépasse largement la seule défense technique.

La robe noire, un symbole d’engagement

En évoquant «la robe noire qui éclaire la voie des autres», M. Balaoui a voulu souligner la portée symbolique et citoyenne de la profession d’avocat. «La justice a toujours été un refuge pour les opprimés et un abri pour ceux qui cherchent à faire valoir leurs droits», a-t-il rappelé, saluant les figures du barreau qui ont marqué l’histoire nationale par leur combat pour l’État de droit, la dignité humaine et les causes universelles. À travers ces mots, il a mis en lumière le rôle structurant du barreau dans les transitions démocratiques, comme force de vigilance, de médiation et parfois de résistance face aux dérives du pouvoir ou à l’arbitraire judiciaire.

Face aux défis contemporains, une profession à réinventer

Mais le regard du chef du parquet ne s’est pas limité à l’héritage. Il s’est aussi tourné vers les défis du présent. Mondialisation, intelligence artificielle, digitalisation des procédures : les mutations accélérées du monde du droit exigent, selon lui, une mobilisation sans précédent de la profession. «Les mutations technologiques posent de nouveaux défis, que seule une profession soudée autour de ses valeurs saura relever», a-t-il averti. Face à ces bouleversements, l’adaptation ne peut être improvisée. Elle doit être pensée, structurée, collective. S’appuyant sur les Orientations Royales, Hicham Balaoui a ainsi plaidé pour «une réforme de la profession selon une vision moderne, garantissant à la fois son indépendance, sa dignité et sa capacité d’adaptation».

Une justice à construire dans l’unité

Au terme de son intervention, le président du Ministère public a livré une conviction forte : c’est dans l’unité de la famille judiciaire que se joue l’avenir de la justice. «Entre juges et avocats, entre mémoire et avenir, entre tradition et innovation, c’est l’unité qui fera la force d’un système judiciaire crédible et efficace», a-t-il conclu. En effet, dans un monde traversé par l’incertitude et la complexité, ce message résonne comme une exhortation à préserver l’équilibre fragile entre l'indépendance des professions judiciaires et la cohésion des institutions. Une justice forte ne se décrète pas : elle se construit, chaque jour, dans l’écoute mutuelle et l’exigence partagée.
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