Nation

La CDT rejette le projet de loi sur l’école publique et appelle à son retrait du Parlement

Au moment où le débat sur l’avenir de l’école publique au Maroc refait surface, le projet de loi n°59.21 relatif à l’enseignement scolaire suscite une vague de contestations au sein du corps enseignant et des syndicats. Présenté comme une étape majeure dans la refonte du système éducatif, le texte est perçu par de nombreux acteurs comme une menace pour la gratuité et l’universalité de l’enseignement public. En première ligne de cette contestation, le Syndicat national de l’enseignement, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), rejette fermement les orientations d’un projet qu’il qualifie de régressif et porteur d’inégalités sociales. Pour le syndicat, la manière unilatérale dont le gouvernement a soumis ce texte au Parlement illustre le recul du dialogue social et la volonté de soumettre l’école publique à la logique du marché.

27 Octobre 2025 À 18:30

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La tension monte dans le secteur de l’éducation. Le Syndicat national de l’enseignement (SNE), affilié à la Confédération démocratique du travail, a exprimé son refus catégorique du projet de loi relatif à l’enseignement scolaire, estimant qu’il comporte des dispositions dangereuses pour l’avenir de l’école publique. Le syndicat appelle par ailleurs le gouvernement à retirer le texte du Parlement et à ouvrir un dialogue national inclusif autour de la réforme du système éducatif.

Un projet déposé sans concertation

Dans un communiqué publié dimanche dernier, le SNE accuse le gouvernement d’avoir transmis unilatéralement au Parlement le projet de loi n°59.21 sur l’enseignement scolaire, en violation flagrante de la méthodologie participative et du pacte de dialogue social institutionnalisé. Le syndicat a estimé dans ce sens que ce projet contredisait les principes affichés de «l’État social» et mettait en lumière le caractère illusoire des discours officiels sur la réforme éducative et pédagogique. Selon lui, le texte risque de déstabiliser davantage un système éducatif déjà en crise, pour reprendre les termes des syndicalistes.

Une démarche jugée déconnectée du contexte national

Le SNE dénonce également la précipitation avec laquelle le gouvernement cherche à faire adopter ce projet de loi, dans un contexte national marqué par une forte mobilisation citoyenne et estudiantine réclamant une amélioration des services publics essentiels, notamment l’éducation et la santé. Pour le syndicat, cette attitude traduit un manque de conscience historique et d’engagement politique à s’attaquer aux dysfonctionnements structurels et à la crise profonde que traverse le secteur de l’éducation.

Vers une privatisation rampante de l’école publique ?

Le SNE voit par ailleurs dans ce texte une volonté de soumettre l’école publique à la logique du marché. Le projet évoque en effet la diversification des sources de financement, la création d’«écoles partenaires» et le développement des partenariats public-privé, sans mention explicite du principe de gratuité. Selon le syndicat, cela ouvre la voie à l’imposition de frais ou contributions familiales, remettant en cause un pilier fondamental de la justice sociale et l’égalité des chances. Le texte, poursuit-il, favorise, en outre, l’expansion du secteur privé en lui accordant de multiples avantages, tout en institutionnalisant la précarité dans l’enseignement préscolaire et de rattrapage.

Le SNE dénonce la démarche unilatérale du ministère

Le Syndicat national de l’enseignement condamne enfin le dépôt unilatéral du projet devant le Parlement, qu’il considère comme un acte autoritaire illustrant le recul du dialogue social et l’absence de sens national face aux défis du moment. Il affirme rejeter en bloc le contenu du texte et refuse toute approche unilatérale qui marginaliserait les acteurs de l’éducation dans l’élaboration de réformes d’une telle portée.

Appel à la mobilisation nationale

La formation syndicale appelle ainsi toutes les forces vives du pays – syndicats de l’éducation, partis politiques progressistes, associations de la société civile, fédérations de parents d’élèves et organisations étudiantes – à former un front commun pour faire barrage à ce projet jugé dangereux. Il appelle également à se préparer à toutes les formes de mobilisation et de protestation, en défense d’une école publique de qualité, gratuite et accessible à tous les enfants du Maroc.

Un bras de fer en gestation ?

Il est clair qu’à travers ce communiqué, le Syndicat national de l’enseignement trace les lignes d’un nouveau bras de fer, alors que le gouvernement cherche à accélérer la réforme de l’école, la bataille autour de la gratuité, de l’équité et du rôle de l’État dans l’éducation s’annonce comme un nouvel enjeu central du débat national sur l’avenir du service public au Maroc.
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