Hicham Oukerzaz
08 Janvier 2024
À 18:25
Intervenant dans l'émission «L'invité de la semaine» de Medi1 TV, le ministre de l’Équipement et de l'eau,
Nizar Baraka, a une fois encore exposé les mesures structurelles et transitoires visant à garantir la pérennité de l'approvisionnement en eau. Il a ainsi passé en revue les projets structurants visant à mobiliser les eaux non conventionnelles à travers le dessalement et le traitement des eaux usées, ainsi que les mesures conjoncturelles qui concernent aujourd'hui 1,3 million de citoyens.
Pour commencer, le responsable gouvernemental a précisé les décisions de réduction du débit d'eau ou de sa coupure toucheront quelque 1,3 million de citoyens dans 50 centres communaux ainsi que certaines villes (telles que Guercif, Settat, Berrechid, Al Hoceïma, Taza, Had Soualem et Taghazout). Pour lui, ces mesures visant à assurer l'approvisionnement en eau au-delà de la saison estivale seront prises au niveau territorial par des commissions de veille chargées de surveiller la situation.
5 milliards de dirhams supplémentaires pour développer l'interconnexion des bassins hydrauliques
En ce qui concerne les programmes structurants visant à remédier au recul considérable des apports en eau conventionnelle, M. Baraka s'est félicité de l'achèvement du projet d'interconnexion des bassins hydrauliques du Sebou et du Bouregreg dans un délai record de huit mois, ce qui permet aujourd'hui d'alimenter le bassin du Bouregreg avec 1,3 million de mètres cubes d'eau par jour, ainsi que du projet de dessalement de l'eau qui dessert aujourd'hui les villes de Safi et d'El Jadida et très prochainement le Sud de Casablanca, réalisé en un temps record par l'OCP.
Le ministre a également souligné que lors de la séance de travail présidée par S.M. le Roi le 9 mai 2023, consacrée au suivi du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (dont le budget global s’élève à 143 milliards de dirhams), le Souverain avait donné Ses instructions pour que le barrage d'Al Massira soit également intégré au programme d'interconnexion des bassins hydrauliques. À cet effet, une enveloppe supplémentaire de 5 milliards de dirhams a été allouée à ce projet dans le cadre de la loi de Finances 2024.
Au sujet des projets de dessalement de l'eau de mer, M. Baraka a fait remarquer que, sous le gouvernement actuel, la quantité d'eau dessalée produite est passée de 144 à 192 millions de mètres cubes, et que l'objectif fixé pour 2030 est de produire annuellement 1,4 milliard de mètres cubes d'eau dessalée. Et de noter que, grâce au dessalement, l'approvisionnement en eau potable des villes côtières sera assuré, ce qui réduira la pression sur les barrages et permettra de ce fait de canaliser les volumes d'eau économisés vers les villes de l'intérieur du pays et les zones rurales.
Nos «importations» en eau excèdent de loin nos «exportations»
Quant à la controverse qui surgit toujours lorsqu'on parle de la problématique de la pénurie d'eau, à savoir le développement de certaines cultures gourmandes en eau, comme celles de la tomate, de la pastèque et de l'avocat, M. Baraka a tenu à préciser que les importations en eau (c'est-à-dire les produits agricoles dont la culture consomme de grandes quantités d'eau) dépassent de loin les exportations du Maroc, évoquant dans ce sens l’étude réalisée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). En ce qui concerne la controverse que suscite la culture de l'avocat en particulier, M. Baraka a rappelé que le gouvernement a levé la subvention qui lui était destinée et que la question de savoir si elle doit être définitivement abandonnée ou si la superficie cultivée doit être réduite (comme cela a été le cas pour la pastèque rouge dans les régions de Tata et de Zagora, où elle a été complètement arrêtée dans la première et diminuée de 75% dans la deuxième) dépend des niveaux des ressources hydriques disponibles dans chaque région.
Par ailleurs, tout en admettant qu'il y a bien eu une exploitation intensive des eaux des nappes phréatiques, le ministre attribue cette situation en premier lieu à la baisse considérable des entrées d'eau, étant donné que les barrages sont censés fournir 5 milliards de mètres cubes d'eau par an à l'agriculture, mais que cette quantité a été divisée par cinq, de sorte qu’ils n'ont livré que 1,3 milliard de mètres cubes l'année dernière et les prévisions pour cette année ne tablent plus que sur 800 millions de mètres cubes. Et pour pallier cette problématique et gérer au mieux les eaux souterraines, le gouvernement a procédé à la révision des plans et à l'établissement de projections jusqu'en 2050 afin d'assurer l'adéquation entre l'offre et la demande. Ainsi, les investissements futurs ont été revus en fonction des quantités d'eau pouvant être mobilisées, explique M. Baraka.
Équipement : le principe de la justice spatiale guide la politique gouvernementale
Dans le domaine de l'équipement, M. Baraka a affirmé que la politique de son département était animée par une préoccupation de justice spatiale et de réduction des disparités sociales. Il a ainsi fait remarquer que le gouvernement, et en vertu de la nouvelle Charte de l'investissement, a donné la priorité aux zones reculées afin d'encourager les investisseurs à s'y implanter, en leur accordant des subventions pouvant atteindre 30% du montant engagé. Quant à l'enclavement de ces zones, le ministère de l'Équipement et de l'eau, dit M. Baraka, œuvre à y remédier, notamment par la construction d'autoroutes et de voies express, à l’instar des liaisons reliant Guercif à Nador, Marrakech à Kelâa des Sraghna, Marrakech à Safi, Khénifra à Bejaâd ou encore Tétouan à Chefchaouen.