Yousra Amrani
31 Décembre 2025
À 17:47
Le ministre de la
Santé et de la protection sociale,
Amine Tahraoui, a dressé un bilan positif de la phase pilote des
Groupements sanitaires territoriaux (GST) mardi dernier lors de la séance des questions orales à la
Chambre des conseillers. En effet, lancé en priorité dans la région de
Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, ce nouveau modèle d'organisation a, selon ses dires, «enregistré des indicateurs positifs à plusieurs niveaux». «L'expérience a abouti à une réduction des délais de gestion et à une amélioration de la rapidité de prise de décision au niveau régional», a-t-il affirmé, tout en mettant en avant le rôle clé d'un système d'information régional unifié, reliant les différents établissements et permettant un suivi coordonné du parcours des patients.
Structuration, coordination et rapprochement du terrain
Pour M. Tahraoui, les bénéfices de ce nouveau modèle sont multiples : une organisation plus claire des parcours de soins entre les différents niveaux, une gestion régionale unifiée des ressources humaines et un renforcement de la coordination entre les institutions sanitaires d'une même région. L'objectif affiché est de «rapprocher la décision de santé du terrain». Face à ces résultats, le ministre a confirmé la volonté du gouvernement de généraliser ce modèle à l'ensemble du Royaume. Toutefois, cette extension se fera de manière «graduelle et responsable», tient à souligner le ministre, tout au long de l'année 2026, en fonction de la «maturité» de chaque région en termes de ressources humaines, d'infrastructures et d'organisation.
Un calendrier d'extension sous conditions
Selon le ministre, le processus sera méthodique. Il s'agira d'abord de consolider l'expérience pilote et d'en tirer les enseignements. Les travaux préparatoires incluront en outre la finalisation du cadre réglementaire, la définition des modalités de transition et de coordination avec les hôpitaux universitaires, l'établissement des budgets et la cartographie des parcours de soins par spécialité au sein de chaque région. Autre point souligné par le ministre : la concertation. M. Tahraoui tient à rassurer les syndicats : «Le ministère veillera à poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux», a-t-il assuré, promettant des consultations élargies avant le lancement de chaque nouveau GST pour présenter les leçons apprises et les difficultés rencontrées.
Des réformes structurelles pour soutenir le dispositif
Aussi et pour accompagner cette refonte, le ministre a détaillé les réformes structurelles en cours, centrées sur la loi 09.22 sur la fonction publique sanitaire. À ce titre, le ministre a rappelé les avancées législatives récentes, notamment la loi-cadre 06.22 et la loi 09.22 sur la fonction publique sanitaire. Cette dernière instaure un système de rémunération mixte (fixe et variable lié à la performance) et prévoit des primes pour les zones difficiles.
Des augmentations salariales significatives ont été également mises en avant : soit plus de 4.390 DH net pour les médecins généralistes, pharmaciens et dentistes, 4.405 DH pour les médecins spécialistes, et 1.950 DH pour les infirmiers et techniciens de santé, et des revalorisations pour les cadres administratifs et agents techniques. En outre, M. Tahraoui met en avant huit textes d'application prévus, dont quatre déjà approuvés (primes de risques professionnels, statut des infirmiers, indemnités de garde) et quatre en cours d'élaboration (participation aux programmes nationaux, mobilité, part variable du salaire, indemnité zones difficiles).
Les syndicats maintiennent la mobilisation : grève nationale annoncée
Malgré ces annonces, le climat social reste tendu. La coordination nationale du secteur de la Santé a annoncé la poursuite de son programme de protestations. Dans un communiqué daté de vendredi dernier, elle a dénoncé «la procrastination du gouvernement dans la mise en œuvre de toutes les clauses de l'accord du 23 juillet 2024» et «l'absence persistante de clarté» concernant l'organisation du GST pilote de Tanger.
Les syndicats ont également pointé du doigt le retard dans la publication des textes d'application de la loi 09.22 et craignent une remise en cause des acquis. Ils estiment que l'expérience du Groupement territorial de Tanger, qualifiée de «laborieuse», n'a pas apporté d'amélioration tangible de la qualité des services pour les citoyens. En conséquence, une grève nationale est prévue dans tous les établissements de santé (hospitaliers, préventifs, administratifs), à l'exception des urgences, le jeudi 29 janvier prochain. Des sit-in locaux et régionaux auront également lieu tous les jeudis pendant les trois prochaines semaines.
Alors que le ministère planifie une généralisation méthodique des GST pour moderniser le système de santé, la réussite du projet semble indissociable d'un dialogue constructif avec des professionnels de santé, toujours en attente de traductions concrètes de leurs attentes.