Le seuil d'éligibilité aux aides sociales directes " n’est ni figé ni définitif" (Lekjaa)

Le Maroc poursuit le déploiement du système de soutien direct aux familles, présenté ce lundi à la Chambre des représentants par le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, comme une transformation majeure des mécanismes de protection sociale. Il a affirmé que le Royaume a « franchi une étape décisive » en passant d’une gestion fondée sur les documents administratifs à une plateforme numérique qui repose sur « l’analyse, la précision et l’adoption de critères objectifs » pour identifier les ménages éligibles.



Lekjaa a expliqué que le seuil d’éligibilité adopté aujourd’hui, repose sur « 35 indicateurs en milieu urbain et 28 en milieu rural », avec un seuil fixé à « 9,74 points » pour déterminer l’accès au soutien. Il a également annoncé que « 3,8 millions de ménages bénéficient déjà du soutien direct, soit 42 % des familles marocaines ».

Le ministre délégué a assuré que ce système « n’est ni figé ni définitif ». Il a souligné que les données sont actualisées en continu et que les futurs ajustements devront se baser sur « les statistiques actualisés » et sur les évolutions technologiques, afin de garantir « un ciblage juste et équitable des bénéficiaires ».



Ce principe d'équité a justement été soulevé par une députée du groupe harakis a illustré ce paradoxe en rappelant qu’un ménage qui obtient un score de 9,74 est considéré comme vulnérable et de ce fait, bénéficie du soutien, alors qu’un autre qui atteint le seuil de 9,75 est exclu du dispositif, alors que leurs conditions de vie peuvent être presque identiques et tout aussi précaires.

Intervenant sur ce point sensible, le ministre n’a pas nié que certains citoyens ont perdu leur droit au soutien social direct après une simple recharge de leur crédit téléphonique ou souscription à un abonnement internet. « Je suis d’accord avec vous, des dizaines de citoyens ont peut-être effectué une simple "recharge” et se sont retrouvés au-delà du seuil leur permettant de bénéficier du soutien direct », a-t-il admis, tout en rappelant que cette approche, « avec ses forces et ses limites », a permis d’atteindre 12,6 millions de bénéficiaires pour un montant global de 27 milliards de dirhams. Il a insisté sur la nécessité de revoir la formule de calcul du score social afin de l’adapter aux évolutions en cours et de corriger ces situations exceptionnelles. Pour le gouvernement, cette révision constitue désormais « une nécessité urgente » pour garantir une justice optimale dans la répartition du soutien direct.