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Les journalistes en première ligne face aux défis climatiques

Une vingtaine de journalistes marocains, tunisiens et algériens ont enrichi leurs connaissances sur l'économie circulaire lors d'un atelier régional organisé à Tunis par le Réseau des journalistes africains spécialisés en développement durable et changement climatique «Africa 21». Cette formation arrive à point nommé alors que le Maghreb fait face à des défis environnementaux majeurs. Les participants ont pu approfondir leur compréhension des enjeux liés à la raréfaction des ressources, à la pollution plastique et à la nécessité d'une transition écologique juste, grâce aux éclairages d'experts qui ont partagé leur vision d'un nouveau modèle économique réconciliant développement et préservation des ressources naturelles.

09 Décembre 2024 À 15:05

En pleine crise climatique, une vingtaine de journalistes maghrébins se sont réunis à Tunis, du 2 au 5 décembre 2024, pour un atelier régional consacré à l'économie circulaire. Cette formation, organisée par le Réseau des journalistes africains spécialisés en développement durable et changement climatique «Africa 21», arrive à point nommé alors que la région fait face à des défis environnementaux majeurs. Entre raréfaction des ressources, pollution plastique et nécessité d'une transition écologique juste, les experts ont partagé leur vision d'un nouveau modèle économique capable de réconcilier développement et préservation des ressources naturelles.

Le jour du dépassement – cette date fatidique où l'humanité a consommé l'ensemble des ressources que la Terre peut renouveler en une année – survient désormais dès le mois d'août. Cette réalité alarmante, soulignée par Akrem Hadded, expert en économie circulaire, illustre l'urgence d'un changement de paradigme économique au Maghreb comme ailleurs. «Nous vivons à crédit sur le dos des générations futures», alerte-t-il, appelant à une transformation radicale de nos modes de production et de consommation.

Une réponse aux limites du modèle linéaire

Le modèle économique linéaire traditionnel – extraire, produire, consommer, jeter – montre clairement ses limites selon Meryam Barakety, conseillère technique en communication et médias au sein du programme PAGECTE (Projet d'appui à la gouvernance environnementale et climatique pour une transition écologique en Tunisie) de la GIZ. «Ce système génère une pollution croissante, des émissions de gaz à effet de serre et un épuisement accéléré des ressources naturelles», explique-t-elle. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la phase d'extraction et de transformation des matériaux est responsable de 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de 90% des pertes de biodiversité. Face à ce constat, l'économie circulaire se dessine comme une solution d'avenir. «Dans ce nouveau modèle, la notion même de déchet disparaît», souligne Akrem Hadded. «Ce qui était considéré comme un déchet devient une ressource pour une autre entreprise ou pour la même entreprise dans un autre processus de fabrication».

Le Maghreb, une région en première ligne

Le système alimentaire, les biens de consommation manufacturés, le secteur de la construction ainsi que la mobilité et le transport constituent les quatre piliers prioritaires pour accélérer cette transition. D'après le Circular Gap Report 2023 présenté lors de l'atelier, leur transformation permettrait de réduire l'extraction de matériaux vierges de 34% et de limiter significativement les émissions de gaz à effet de serre. Les défis sont particulièrement aigus au Maghreb, comme l'explique Yadh Labbene, expert en adaptation et changement climatique. «Notre région est l'une des plus touchées par la pénurie d'eau», affirme-t-il. La diminution des précipitations et l'augmentation de l'évaporation impactent déjà fortement l'agriculture et l'approvisionnement en eau potable. Pour y faire face, plusieurs solutions sont mises en œuvre : le dessalement de l'eau, la réutilisation des eaux usées traitées et le développement des énergies renouvelables pour alimenter ces infrastructures.

Le défi mondial du plastique

À l'échelle internationale, la question du plastique illustre l'ampleur du défi. Chantal-Line Carpentier, cheffe du service Commerce, environnement, changement climatique et développement durable à l'ONU commerce et développement (anciemment CNUCED-Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement), révèle des chiffres éloquents : «369 millions de tonnes de plastique ont été échangées en 2021, pour une valeur de 1,2 trillion de dollars, soit une augmentation de 30% depuis 2020». Paradoxalement, seuls 0,2% de ce commerce concerne les déchets plastiques, soulignant un déséquilibre majeur dans la gestion mondiale des déchets.

Les journalistes, acteurs clés du changement

«Le changement n'est pas tant difficile au niveau technique qu'au niveau des mentalités», insiste Akrem Hadded. Les journalistes endossent désormais le rôle crucial de «connecteurs de changement». Leur mission s'étend de la vulgarisation des concepts de l'économie circulaire à la mise en valeur des initiatives positives sur le terrain, en passant par la création d'une prise de conscience collective et l'accompagnement de la transformation des comportements.

Vers une adaptation inclusive

La stratégie nationale de résilience au changement climatique en Tunisie, présentée comme exemple lors de l'atelier, illustre l'importance d'une approche globale. Elle englobe la protection du littoral, la réduction des inégalités territoriales et sociales, l'intégration de la dimension genre et le soutien aux communautés vulnérables. Dans ce paysage régional, le Maroc fait figure de pionnier. Le Royaume se distingue par son leadership dans la gestion durable des ressources hydriques et la promotion de la coopération transfrontalière. Son approche intégrée combine le développement des énergies renouvelables, l'agriculture intelligente face au climat et la promotion active de l'économie circulaire.

Les obstacles à surmonter

Malgré des stratégies nationales ambitieuses, plusieurs freins persistent. Les intervenants pointent notamment une faible appropriation des concepts par les acteurs, un ancrage institutionnel encore flou et une intégration insuffisante dans les plans de développement nationaux. Les capacités de recyclage limitées constituent également un défi majeur à relever. L'atelier s'est conclu sur un message d'espoir teinté d'urgence. «L'économie circulaire n'est pas une option, c'est une nécessité», affirme Meryam Barakety. «Nous devons agir maintenant pour préserver nos ressources et assurer un développement durable pour les générations futures». Les journalistes participants ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leur mission d'information et de sensibilisation. Leur rôle s'avère déterminant pour accélérer la transition vers une économie plus circulaire et plus durable au Maghreb, où les défis environnementaux appellent des réponses aussi urgentes qu'ambitieuses.
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