Nation

Les revendications matérielles des enseignants, l’autre casse-tête de Berrada

Le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Mohamed Saad Berrada, a abordé plusieurs dossiers sensibles qui préoccupent enseignants et syndicats, lors de la conférence de presse consacrée aux nouveautés de la rentrée scolaire 2025-2026 tenue vendredi dernier à Rabat. Promotion des enseignants dits de «la cellule 10», indemnités pour les zones difficiles d’accès ou reculées ou encore soutien scolaire, le ministre a tenté d’apporter des clarifications, tout en rappelant les contraintes budgétaires qui doivent être prises en compte.

22 Septembre 2025 À 18:37

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Le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Mohamed Saad Berrada, a souligné, vendredi dernier, lors d’une conférence de presse organisée à Rabat que la promotion des enseignants et fonctionnaires de l’échelle 10 (dossier de la «cellule 10») à l’échelle 11 ne se ferait pas de manière automatique et généralisée et que cet avancement obéirait au système légal de quotas. Répondant à une question posée par «Le Matin», le responsable gouvernemental a rappelé que les accords du 10 et du 26 décembre 2023 signés avec les syndicats prévoyaient l’octroi de quatre à cinq années d’ancienneté pour régulariser la situation de cette catégorie, mais en aucun cas une promotion généralisée. «Une telle mesure serait financièrement insoutenable», a-t-il tranché.



M. Berrada a précisé que la promotion resterait ainsi limitée à un quota de 36% fixé par la loi. Selon lui, une régularisation collective et immédiate créerait «un déséquilibre budgétaire» et risquerait d’alimenter la grogne des fonctionnaires déjà en poste à l’échelle 11 et transformerait par conséquent les cadres de l’échelle 11 en cadres de «la Cellule 11», ce qui équivaudrait à créer une nouvelle impasse, plus délicate à gérer.

Primes pour zones difficiles : une cartographie encore floue

S’agissant de la question de versement de l’indemnité relative au travail dans les zones enclavées et éloignées, le ministre a reconnu un retard dans le versement de cette prime annuelle dont le montant est estimé à 5.000 DH. Le haut responsable gouvernemental a expliqué que ce retard était lié à la difficulté de définir avec précision ces zones. «L’enjeu est d’établir des critères clairs qui distinguent ces régions des autres», a-t-il expliqué. Pour y parvenir, une étude de terrain a été lancée en partenariat avec la Fondation Mohammed VI pour la promotion des œuvres sociales de l’éducation et de la formation. Le ministre a assuré que le gouvernement s’engageait à verser cette prime avant la fin de l’année, notamment au profit des enseignants des villages et des zones montagneuses.

Le soutien scolaire encore en demi-teinte

Autre dossier évoqué lors de la conférence de presse de vendredi dernier : le soutien scolaire aux élèves en difficulté. Sur ce point, le ministre a reconnu que le dispositif n’avait pas encore atteint ses objectifs. «Sur l’ensemble de l’année, le taux de participation n’a pas dépassé 30%», a-t-il admis, attribuant cette faiblesse à la faible rémunération accordée aux enseignants.

Pour remédier à cette situation, la valeur minimale de l’indemnité horaire a été relevée, passant de 58 à 100 dirhams nets, en accord avec le ministère de l’Économie et des finances. Mohamed Saad Berrada espère ainsi relancer l’efficacité du programme dès cette année scolaire. Les chiffres illustrent l’écart actuel : alors que le soutien intensif a enregistré des taux de participation compris entre 60 et 70%, le soutien scolaire régulier n’a pas dépassé 20 à 40%. «Cet écart doit être comblé grâce à l’amélioration de la rémunération accordée aux enseignants», a conclu le ministre de l’Éducation nationale.
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