Yousra Amrani
25 Décembre 2024
À 19:04
Le Maroc affiche des progrès tangibles dans sa
lutte contre la corruption, mais la partie est loin d’être gagnée. C’est ce qui ressort de l’exposé présenté par la ministre de la Transition numérique et de la
réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants lundi dernier. La responsable gouvernementale a en effet dressé à cette occasion un état des lieux détaillé des avancées réalisées dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, tout en mettant en lumière les efforts encore nécessaires pour éradiquer ce fléau.
Mme Seghrouchni a ainsi révélé que le taux de réalisation des projets inscrits dans cette stratégie avait atteint 76%, traduisant des réformes significatives dans plusieurs domaines. Parmi les mesures phares mises en œuvre, la ministre a évoqué l’adoption de lois structurantes, telles que la Charte des services publics et la loi sur la simplification des procédures administratives, mais aussi le développement de
services publics numériques. Ces initiatives, selon elle, constituent un rempart essentiel contre la corruption et favorisent une gouvernance plus transparente grâce à l’ouverture des données. Mais malgré ces avancées, Mme Saghrouchni a insisté sur la nécessité d’une approche globale pour lutter efficacement contre ce phénomène. «La lutte contre la corruption requiert des efforts constants, combinant éducation, sensibilisation, communication et répression», a-t-elle affirmé devant les députés.
La question des évaluations internationales
La ministre a tout de même tenu à souligner que les évaluations internationales ne reflétaient pas toujours les progrès réels accomplis par le Maroc. L’indice de perception de la corruption, qui s’appuie sur 13 sources de données, ne prend en compte que sept sources pour le Royaume, ce qui biaise l’analyse des efforts nationaux. Pour surmonter cette lacune, la ministre a rappelé que la loi avait confié à l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption la mission de développer des indicateurs nationaux permettant de mesurer et de suivre l’évolution de ce phénomène. Le but étant d’offrir une image plus précise de la situation et des progrès réalisés.
Par ailleurs, le Maroc s’est engagé dans une démarche innovante en intégrant les indicateurs d’intégrité de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ce dispositif repose sur des données primaires, complètes et vérifiées par les gouvernements, offrant ainsi une analyse approfondie des forces et des faiblesses des systèmes d’intégrité des pays. «Ces indicateurs permettront de mieux comprendre les points à améliorer dans notre système», a précisé Mme Saghrouchni. Si les avancées sont indéniables, la ministre a insisté sur l’importance de maintenir le cap et d’intensifier les efforts pour éradiquer ce phénomène qui mine la confiance des citoyens et freine le développement. «La prévention de la corruption reste un combat de longue haleine, nécessitant l’implication de tous les acteurs», a-t-elle conclu.