Rompre le silence médiatique et faire plus de communication et de sensibilisation, voilà désormais le mot d'ordre lancé par l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la
(INPPLC). Si les premiers mois ayant suivi l’installation de cette structure ont été marqués du sceau de la réserve, il en sera autrement dorénavant. Son président,
, semble décidé à faire connaître largement les actions et les attributions de cette nouvelle institution. Et c'est ce qu'il a clairement souligné jeudi 7 mars 2024 face aux étudiants en droit de la Faculté de Mohammedia et leurs enseignants. Lors d'un vif échange où certains lui reprochaient le déficit de communication jusqu'ici, le chevalier blanc de la lutte anti-corruption a reconnu que l'INPPLC s'était «volontairement tue» dans un premier temps.
Une ère nouvelle pour briser l'omerta
«Mais aujourd'hui, les bases sont posées et la vision est claire. Nous avons de quoi parler», a assuré M. Rachdi, annonçant le lancement d'une véritable stratégie de communication pour faire connaître le rôle et les avancées de l'Instance auprès du grand public. Reste à voir si cette nouvelle politique permettra de lever les doutes encore persistants dans l'opinion sur l'efficacité réelle de ce nouvel outil institutionnel de lutte contre la corruption et l’improbité.
Pour l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, avec l'adoption de la loi 49.19 qui lui confère de larges prérogatives constitutionnelles, l'Instance entre dans «une nouvelle phase». Son président, Bachir Rachdi, l’a rappelé devant les étudiants en droit. Présentant les avancées et le champ d'action renforcé de l'Instance, il a parlé «d'avancée législative majeure» pour coordonner plus efficacement le combat contre les fléaux de la corruption et de la prévarication. Fait remarquable, la loi 49.19 abroge même la précédente loi 37.10... avant même que celle-ci n'ait été appliquée ! Une première juridique, selon M. Rachdi, illustrant la détermination des pouvoirs publics à accélérer la cadence dans l'enracinement de la gouvernance vertueuse au Maroc.
L'INPPLC semble cette fois bien décidée, selon lui, à déployer tous les moyens de sa panoplie renforcée pour jouer pleinement son rôle d'acteur incontournable de la probité institutionnelle nationale. «Nous entrons dans une nouvelle ère de la lutte anti-corruption, marquée par l'efficacité et l'impact concret» a-t-il martelé. Militant associatif de la première heure, ayant notamment présidé aux destinées de Transparency Maroc dès les années 1990, M. Rachdi fait de la lutte contre les racines de la corruption son cheval de bataille depuis des décennies. Et le nouveau cadre renforcé de l'INPPLC semble avoir réveillé son ardeur militante.
Complémentarité et partage des rôles
Mais selon ses propres dires, le défi reste de taille et le succès de cette «stratégie ambitieuse» dépendra de la «consolidation de la convergence et de la synergie entre toutes les parties prenantes». Une «supervision et une coordination rigoureuses et bien orchestrées» s'imposeront pour mobiliser efficacement les différents niveaux de responsabilité étatique et institutionnelle autour de cet objectif crucial pour le Maroc. Le message est clair : seule l'union sacrée contre la corruption permettra d'atteindre les résultats escomptés.
Car Bachir Rachdi ne cache pas son ambition de voir l'INPPLC jouer un rôle pivot dans la nouvelle stratégie nationale anti-corruption. Un rôle de coordination et d'impulsion qu'il entend jouer en bonne intelligence avec les responsables des politiques publiques. Le président de l'Instance a ainsi annoncé qu'un consensus avait été trouvé avec la Primature pour une gouvernance partagée de ce «dossier complexe». «Un texte est en préparation pour acter les termes de coopération entre le Chef du gouvernement et l'INPPLC afin d'aller dans ce sens», a-t-il révélé. Autrement dit, il s’agit de formaliser les responsabilités partagées, ce qui devrait se traduire par une meilleure convergence des politiques publiques, une coordination renforcée et un suivi plus rigoureux des différents chantiers dédiés à la probité et à la lutte anti-corruption au Maroc. Une évolution en phase avec l'esprit de la Constitution, qui a précisément prévu la création d'une entité pour «les missions d'initiative, de coordination, de supervision et d'assurance du suivi de la mise en œuvre» desdites politiques.