Nation

Parité au Parlement : l’Association Tahadi en ordre de bataille pour 2026

Dans un communiqué publié le 13 août, l’Association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté (ATEC) appelle à garantir la parité hommes-femmes lors des prochaines élections législatives. Dans la lignée du discours Royal, invitant à préparer le cadre général des élections de la Chambre des représentants, l’organisation met en garde contre la persistance d’un déséquilibre profond dans la représentation féminine au Parlement et avance des propositions concrètes pour y remédier.

15 Août 2025 À 16:27

L’intervention de l’Association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté (ATEC) s’inscrit dans un contexte politique où les attentes, à l’orée des législatives de 2026, se font plus pressantes que jamais. Cette échéance revêt une portée stratégique : elle constitue non seulement un moment charnière pour consolider les acquis démocratiques, mais aussi une opportunité historique de traduire, dans l’architecture institutionnelle du Royaume, les principes d’égalité consacrés par la Loi fondamentale.



Si le discours Royal a rappelé la nécessité impérieuse de forger un cadre électoral à la hauteur des exigences de représentativité et de légitimité parlementaire, la réalité statistique met en lumière un déséquilibre persistant entre l’ambition constitutionnelle et la situation effective. Pour l’ATEC, l’heure n’est plus aux déclarations de principe : il s’agit désormais d’instaurer des mécanismes robustes et contraignants, capables de garantir aux femmes un accès effectif et durable aux plus hautes instances de décision.

Des chiffres qui interpellent

Dans son communiqué rendu public le 13 août, l’Association Tahadi s’appuie sur les données officielles de la législature 2021-2026 pour rappeler qu’à ce jour, seules 98 femmes siègent à la Chambre des représentants sur un total de 395 élus, soit à peine 22,78%. Une proportion qui se situe bien en deçà de l’exigence de parité énoncée à l’article 19 de la Constitution. Pour l’organisation, cette réalité constitue un décalage manifeste avec la dynamique sociétale du Maroc et obère l’avènement d’un Parlement pleinement représentatif de la diversité nationale. Face à ce constat, l’ATEC rappelle que la réponse ne peut être improvisée : elle doit s’ancrer dans les fondements mêmes de l’État de droit, tels qu'ils sont consacrés par la Constitution.

La Constitution comme boussole

L’organisation souligne que la Constitution de 2011 érige en principe intangible l’égalité entre les sexes, et qu’elle en précise les modalités dans ses dispositions les plus explicites. Ainsi, le second alinéa de l’article 19 stipule que «l’État œuvre à la réalisation du principe de parité entre les hommes et les femmes», tandis que le premier alinéa de l’article 30 prescrit que la loi doit instituer des dispositions propres à favoriser l’égal accès aux fonctions électives. Ces deux articles, qui se répondent et se complètent, dessinent un cadre normatif clair où la parité n’est pas une option mais une exigence juridique et démocratique.
Pour l’ATEC, la pleine effectivité de ces engagements ne saurait se réduire à de simples proclamations d’intention, quand bien même elles seraient réaffirmées avec constance dans les discours officiels. Ainsi, elle soutient que ces principes doivent être ancrés dans la réalité institutionnelle par l’instauration de mécanismes juridiquement contraignants, adossés à des mesures incitatives précises, seules à même de lever les verrous structurels qui entravent encore la participation féminine. C’est dans cette perspective que l’association appréhende la prochaine échéance législative, non comme une consultation ordinaire, mais comme un moment charnière, porteur d’une opportunité historique de convertir les prescriptions constitutionnelles en réalités politiques substantielles, pérennes et pleinement incarnées dans le fonctionnement parlementaire.

Une feuille de route articulée autour de trois leviers complémentaires

L’Association Tahadi articule sa vision autour d’un plan d’action en trois volets complémentaires. Elle préconise d’abord le maintien, mais surtout le perfectionnement, des dispositifs techniques positifs existants, tels les listes régionales ou d’autres instruments équivalents, afin d’assurer une représentation féminine significative dès la phase de candidature et jusqu’à l’attribution des sièges. Elle plaide ensuite pour que la loi organique encadrant les partis politiques consacre, de manière impérative et assortie de sanctions effectives, l’égalité numérique entre candidates et candidats sur l’ensemble des listes locales, rompant ainsi avec des pratiques encore marquées par la marginalisation des femmes dans la compétition électorale.
Enfin, elle appelle à la création d’un mécanisme de financement exceptionnel, spécifiquement destiné aux listes conduites par des femmes, qui couvrirait non seulement les frais de campagne, mais offrirait également un accompagnement politique, académique et médiatique équitable.

Vers une mobilisation nationale

En conclusion, l’Association Tahadi réaffirme sa disponibilité à œuvrer de concert avec l’ensemble des forces démocratiques et des composantes actives de la société civile. Son ambition : faire des élections législatives de 2026 un moment fondateur pour l’instauration d’une parité intégrale. Loin d’être un slogan, cet objectif s’impose comme un impératif constitutionnel et comme l’une des conditions essentielles à l’émergence d’une représentation parlementaire authentiquement fidèle à la diversité de la Nation.
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