Nation

Pénurie d'eau : le point avec Nizar Baraka (Entretien)

Face à l’aggravation du stress hydrique et la succession des années de sécheresse, le Maroc a pris des mesures d’urgence et d’autres se déployant sur les moyen et long termes. Comment se déclinent-elles et qu’elle est leur efficacité ? comment sont déterminés les volumes d’eau destinés à l’agriculture ? qu’en est-il de la gestion des eaux souterraines ? et où en sont les projets de dessalement de l’eau de mer ? Le point avec Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’eau, dans cet entretien accordé au «Matin».

Le ministre de l'Équipement et de l'eau, Nizar Baraka.

07 Février 2024 À 19:28

Le Matin : Depuis maintenant six ans, la situation hydrique est très critique. Cette année l’est encore davantage. Comment comptez-vous réagir ?r>r>Nizar Baraka : Le Maroc a connu durant les 5 dernières années des déficits pluviométriques accentués qui ont engendré de faibles écoulements et une réduction du potentiel hydrique du Royaume. La succession des années déficitaires en eau s’est répercutée négativement sur les réserves d’eau dans les retenues de barrages, ainsi que sur l’état des ressources en eau souterraine et sur les débits des sources.r>r>
r>r>Les précipitations moyennes enregistrées durant le début de la sixième année hydrologique 2023-2024 (1er septembre 2023 au 29 janvier 2024), sur l’ensemble du Royaume, sont évaluées à près de 35 mm avec un écart par rapport à la normale à l’échelle nationale de l’ordre de -67%. Les réserves disponibles au niveau des retenues des barrages en date du 5 février 2024 sont de l’ordre de 3,72 milliards de m³, soit un taux de remplissage de 23,1%, contre 31,9% l’année dernière.r>r>Devant cette situation, et suite aux orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les projets de mobilisations des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles se réalisent avec une cadence accélérée et des mesures d’urgence ont été entreprises pour faire face à la pénurie de l’eau tant en milieu urbain qu’en milieu rural, pour assurer l’approvisionnement de la population et pour irriguer les terres selon un programme arrêté avec le ministère de l’Agriculture.r>r>Trois ans après le lancement du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation, un budget de 143 milliards de dirhams a été alloué pour les infrastructures de stockage. Est-ce que dans le contexte actuel on va garder la même approche ?r>r>Le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27) a été préparé, suite aux Hautes Instructions Royales de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en vue d’accélérer les investissements dans le secteur de l’eau à travers la réalisation de projets structurants, notamment par la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles afin de garantir le développement du secteur de l’eau et l’approvisionnement en eau du pays de manière durable. Le coût global du programme, qui était initialement de 115,4 milliards de dirhams, a été revu à la hausse pour atteindre le montant de 143 milliards de dirhams. La révision du PNAEPI 20-27 a été présentée à Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 9 mai 2023.r>r>Il est à rappeler que le coût ajusté, mentionné auparavant, est un coût relatif à l’ensemble des composantes du programme, qui est décliné en cinq axes comme suit :
    Le bilan du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation se révèle extrêmement positif. Grâce à cette initiative, notre pays a réussi à surmonter efficacement, après son réajustement, les défis complexes liés à la gestion de l’eau jusqu’à présent. Le programme s’est principalement orienté vers des solutions novatrices en favorisant la diversification des ressources en eau. Cette approche a été marquée par une augmentation significative du recours aux ressources en eau non conventionnelles, notamment le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées. En parallèle, le transfert interbassins et la mise en œuvre de projets axés sur la gestion de la demande en eau ont été privilégiés. Ces mesures ont été mises en complément aux solutions traditionnelles de développement de l’offre en eaux conventionnelles. Le résultat, l’ensemble de ces actions a abouti à la satisfaction des besoins en eau potable de la population et à l’irrigation des parcelles qui ont nécessité un apport d’eau pour les productions agricoles.
Copyright Groupe le Matin © 2024