S.Ba.
30 Octobre 2025
À 14:25
L’affaire dite du « papier moulu dans la
farine » franchit un cap judiciaire. Le
procureur général du Roi près la
Cour d’appel de Rabat a décidé, jeudi, d’ouvrir une enquête afin de vérifier la véracité d’allégations relayées auparavant par le député
Ahmed Touizi, président du groupe parlementaire du
Parti authenticité et modernité (PAM) à la Chambre des Représentant, au sujet de supposées pratiques frauduleuses dans la fabrication de la
farine subventionnée.
Cette initiative du Parquet fait suite à l’émoi déclenché par les propos du parlementaire au sein de la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des Représentant, lors de l’examen du projet de loi de finances 2026. Il y avait évoqué l’existence de « sociétés qui broient du papier et le vendent comme farine subventionnée », une affirmation qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, suscitant inquiétude et indignation quant à la sécurité des produits alimentaires de base.
Si l’article 64 de la
Constitution protège les parlementaires pour les opinions émises dans l’exercice de leurs fonctions, des juristes estiment que la
procédure judiciaire pourrait se fonder sur les déclarations complémentaires de Touizi, formulées ultérieurement hors du
Parlement dans un communiqué explicatif. Celles-ci pourraient donc faire l’objet d’une investigation afin d’en établir la portée et l’exactitude.
Face au tollé, la
Fédération nationale de la minoterie a rapidement tenu à dissiper les inquiétudes en réfutant catégoriquement ces allégations. Elle a affirmé qu’il s’agit d’un « prétendu fait dépourvu de tout fondement réel ou technique », rappelant que l’activité des
moulins est soumise à un contrôle rigoureux des services compétents.
D’un point de vue strictement économique, la Fédération souligne que l’hypothèse du mélange papier-farine n’a aucun sens : le prix du papier est supérieur à celui du blé, rendant cette fraude « improbable et illogique »!
Pour rappel, et face à la montée de la polémique, Ahmed Touizi avait publié un communiqué dans lequel il explique que son expression « moudre du papier » n’était qu’une métaphore issue de l’usage populaire, visant non pas l’introduction de matières impropres dans la farine, mais la falsification de documents et de factures dans le circuit de la farine subventionnée. Il affirme avoir voulu, par cette image, attirer l’attention sur les dysfonctionnements du système de soutien public, qui selon lui nécessite des réformes et un contrôle renforcé. Le député dit regretter que ses propos aient été « sortis de leur contexte » et instrumentalisés.
Malgré ces explications, plusieurs
associations de défense du consommateur, ainsi que de nombreux internautes, ont appelé à une clarification officielle et à la réalisation d’inspections immédiates, considérant la question comme sensible du fait qu’elle touche aux produits de première nécessité, destinés aux catégories sociales les plus fragiles.