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Réforme des retraites : Le gouvernement relance les concertations pour une réforme durable

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch a présidé jeudi à Rabat une réunion de la Commission nationale chargée du suivi du dossier des retraites. Cette rencontre intervient dans le prolongement des travaux de la session d’avril 2025 du Haut Comité pour le dialogue social, marquant une nouvelle étape dans la relance des discussions autour d’une réforme profonde et concertée du système de retraite au Maroc.

18 Juillet 2025 À 16:25

La réforme des retraites revient au centre du dialogue social. Le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch a présidé jeudi 17 juillet 2025 à Rabat une réunion de la Commission nationale chargée du suivi du dossier, dans le prolongement des travaux de la session d’avril 2025 du Haut Comité pour le dialogue social. Cette rencontre avait pour objet d’examiner l’état actuel des régimes de retraite et de poser les bases d’une méthode de travail concertée entre les parties prenantes.



En ouverture des travaux, Akhannouch a salué les résultats obtenus dans le cadre des précédentes sessions du dialogue social, notamment en matière de revalorisation des revenus et d’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs. Il a souligné que ces avancées traduisent l’émergence d’une intelligence collective entre les partenaires sociaux et institutionnels, et a réaffirmé la volonté du gouvernement d’inscrire cette réforme dans une logique de confiance, d’écoute et de responsabilité partagée.

Une réforme participative pour des régimes viables et durables

Le Chef du gouvernement a insisté sur la nécessité d’une réforme profonde, mais équilibrée, qui prenne en compte les droits des fonctionnaires, salariés et retraités, tout en assurant la viabilité financière des régimes et la compétitivité des entreprises. Cette démarche s’inscrit dans un chantier plus large de réformes structurelles engagées par l’exécutif pour renforcer la cohésion sociale et préserver les équilibres macroéconomiques à moyen et long termes.

Une méthodologie commune portée par une commission technique

Au cours de la réunion, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a présenté un état des lieux des principaux régimes de retraite, accompagné d’indicateurs démographiques et financiers. Elle a exposé une méthodologie de travail et des principes de réforme destinés à servir de base aux prochaines discussions. L’objectif est de parvenir à une vision unifiée qui garantisse les droits des affiliés et l’équilibre global du système.

Pour piloter ce processus, une commission technique a été constituée. Elle réunira les représentants des syndicats, du patronat, des ministères concernés et des différentes caisses gestionnaires. Sa mission : formuler des propositions concrètes dans une approche structurée et convergente.

Une mobilisation élargie des partenaires sociaux et institutionnels

Outre le Chef du gouvernement et la ministre de l’Économie et des Finances, la réunion a rassemblé plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, ainsi que la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration. Côté partenaires sociaux, étaient présents les représentants de l’UMT, de l’UGTM et de la CDT. Les partenaires économiques étaient représentés par les présidents de la CGEM et de la COMADER. Les directeurs des principales institutions de retraite et de prévoyance sociale — CMR, CNSS, CIMR, RCAR, CDG — ainsi que le président de l’ACAPS et le directeur du Budget ont également pris part à cette réunion stratégique.

Les syndicats les plus représentatifs et le patronat soulignent l'importance d'une réforme concertée du système des retraites

Les syndicats les plus représentatifs et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ont unanimement souligné, jeudi à Rabat, l’importance d’engager une réforme du système des retraites dans un esprit de concertation, qui tient compte des intérêts de toutes les parties concernées.

Lors de la réunion de la Commission nationale chargée du suivi du dossier des retraites, présidée par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, consacrée à l’examen de la situation actuelle des régimes de retraite et à l’adoption consensuelle des mécanismes de travail et de l’approche à privilégier pour élaborer un cadre adapté à ce dossier, les participants ont été unanimes à affirmer que toute réforme doit reposer sur un dialogue constructif et une concertation approfondie, afin de dégager une vision intégrée garantissant l’efficacité et la pérennité du système, tout en préservant les acquis des retraités et en améliorant leurs conditions de vie.

À cet égard, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, a insisté sur la nécessité d'une revalorisation générale des pensions de retraite, tant dans le secteur public que privé, à la lumière des mutations actuelles. Il a également indiqué que sa centrale syndicale s’opposait aux propositions visant à porter l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, à réduire le montant des pensions ou à augmenter les cotisations, évoquant en ce sens d’autres scénarios possibles. Le responsable syndical a, par ailleurs, salué l’engagement du Chef du gouvernement, exprimé lors de cette réunion, à ne prendre aucune décision loin de tout dialogue ou concertation avec les partenaires sociaux et sans tenir compte de leurs propositions.

De son côté, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Ennam Mayara, a relevé que cette rencontre tenait son importance de l’orientation de l'Exécutif à opérer une réforme globale des régimes de retraite au lieu d'une réforme paramétrique. Il a, en outre, réaffirmé l’attachement de l’UGTM à une réforme qui préserverait les droits et les acquis de tous les travailleurs, ajoutant qu’elle persisterait sur la même voie lors des travaux de la commission technique, prévus en septembre prochain, en vue d'aboutir à un consensus. M. Mayara a, par la même occasion, attiré l’attention sur la situation des retraités aux revenus modestes, insuffisants pour couvrir leurs besoins essentiels et inadaptés au coût de la vie, appelant à une révision des pensions de retraite.

Pour sa part, le premier vice-secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT), Khalid Houir Alami, a estimé que le dossier des retraites requiert un traitement minutieux, tenant compte de la hausse du coût de la vie et de la situation des catégories qui n’ont bénéficié d’aucune revalorisation salariale ou de pension. Il a souligné que l'amélioration du système des retraites actuel passait par une réforme globale intégrant le secteur informel et qui touche à la lutte contre le chômage, au renforcement de la gouvernance et à une gestion plus efficace des investissements issus des cotisations, estimant que la fusion des caisses de retraite devait répondre à des critères clairs et s’appuyer sur les meilleures pratiques. M. Houir Alami a aussi réaffirmé le refus de la CDT de toute «atteinte aux acquis» des retraités, tout en saluant l'adoption d'une approche participative prenant en considération la complexité du dossier et la nécessité de solutions durables et équitables.

À son tour, le président de la CGEM, Chakib Alj, a mi en avant l’importance de cette réunion, rappelant que le système des caisses de retraite devait être réexaminé, notamment parce que l’espérance de vie au Maroc est passée de 65 à 77 ans au cours des trente dernières années, ce qui représente à la fois une évolution remarquable et un défi pour le système de retraite. Et d'ajouter que le gouvernement, les syndicats et le patronat, via la commission mise en place, œuvrent ensemble pour trouver une solution intelligente et collaborative permettant de surmonter ce défi.
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