LE MATIN
25 Août 2025
À 14:43
Après une trêve estivale, l’exécutif s’apprête à reprendre ses travaux dans un contexte marqué par de fortes attentes sociales et politiques. À un an des élections générales prévues en septembre 2026, la rentrée politique s’annonce décisive pour le gouvernement dirigé par
Aziz Akhannouch, sommé de conjuguer impératifs économiques, chantiers sociaux et réformes institutionnelles.
Jeudi prochain, le
Conseil de gouvernement marquera officiellement le retour des ministres à leurs bureaux. À l’ordre du jour : l’examen d’un projet de loi sur l’
enseignement supérieur et la recherche scientifique, deux projets de décrets, dont l’un relatif à la
taxe de solidarité contre les catastrophes, et un autre fixant le régime des
heures supplémentaires pour les enseignants. Le Conseil se penchera également sur l’accord de siège conclu avec l’Organisation africaine des institutions supérieures de contrôle des finances publiques (AFROSAI), qui installera son siège permanent à Rabat, ainsi que sur plusieurs propositions de nomination à de hautes fonctions. Une réunion spéciale sera par ailleurs consacrée à l’étude de propositions de loi émanant du Parlement.
Retraites, finances publiques et investissement
Au-delà de ce calendrier institutionnel, des dossiers de fond attendent le gouvernement. La
réforme des régimes de retraite figure en tête des priorités. Sujet hautement sensible, elle conditionne la soutenabilité du
système de protection sociale et la garantie des pensions pour des centaines de milliers de fonctionnaires et salariés. Autre test majeur : l’élaboration du
projet de loi de finances 2026, qui servira de baromètre pour évaluer le bilan économique et social du gouvernement. Les débats porteront sur le déficit budgétaire, la dette publique, mais aussi sur la capacité de l’État à soutenir les catégories vulnérables, renforcer la classe moyenne et stimuler l’investissement.
Réformes politiques et préparation des élections
La rentrée est également marquée par une intensification du volet politique et institutionnel. Le gouvernement devra finaliser les textes relatifs au
système électoral, en prévision des scrutins de 2026. Des projets de lois concernant l’organisation des partis politiques et les syndicats sont annoncés, avec pour objectif de restructurer le champ partisan et syndical afin de garantir une compétition plus transparente et équilibrée. La réforme du Code de procédure pénale, dont certains articles avaient été contestés par la Cour constitutionnelle, est aussi attendue.
Parallèlement, le devenir du
Conseil national de la presse et de l’édition reste en suspens, faute de consensus au sein de la majorité. Cette divergence reflète les tensions politiques entre les composantes de la coalition, composée du RNI, du PAM, de l’Istiqlal et soutenue par l’Union constitutionnelle, qui cherchent à préserver l’équilibre interne tout en préparant l’échéance électorale.
Si la rentrée politique précédente avait été dominée par le déploiement des programmes sociaux – généralisation de la couverture médicale et mise en place de l’aide directe –, le cap actuel se déplace vers le terrain institutionnel et organisationnel. Cette transition est perçue par les observateurs comme un passage de la phase fondatrice à celle de la régulation. Le tout se déroule sous l’ombre de l’échéance de 2026, cruciale non seulement pour la recomposition du paysage politique, mais aussi pour la préparation de la
Coupe du monde de football 2030, événement planétaire dont le Maroc est coorganisateur et qui constitue un enjeu stratégique en matière d’image, de développement et de retombées économiques.
Ainsi, entre réformes structurelles, arbitrages financiers et ajustements politiques, la rentrée gouvernementale se place sous le signe d’un agenda dense et d’une course contre la montre pour honorer les promesses avant l’épreuve des urnes.