Yousra Amrani
02 Juin 2025
À 17:11
Le secteur de la
santé au
Maroc fait face à un défi majeur : le manque chronique de
ressources humaines. Ce déficit structurel est aggravé par une faible attractivité du
secteur public, une répartition territoriale inégale du
personnel médical et une forte concurrence internationale pour les compétences qualifiées. Conscient des implications de cette situation, le ministère de la Santé et de la protection sociale a engagé une série de réformes visant à attirer, former et fidéliser les professionnels de santé, tout en répondant aux besoins urgents des régions les plus défavorisées.
Une stratégie globale pour renforcer les effectifs
Dans une réponse écrite à une question posée par le groupe haraki à la Chambre des représentants, le ministre de la Santé et de la protection sociale, Amine Tahraoui, affirme que son département avait mis en place une stratégie intégrée visant à combler les insuffisances en matière de ressources humaines. Cette stratégie repose sur quatre leviers essentiels : la formation continue, la motivation du personnel, l’ouverture aux compétences étrangères et l’augmentation progressive des postes budgétaires. Dans cette dynamique, la loi n°33.21, récemment entrée en vigueur, marque une avancée significative en ouvrant l’exercice médical aux praticiens étrangers. Le texte prévoit des incitations ciblées pour pallier le déficit dans certaines spécialités, sachant que 580 médecins étrangers exercent déjà au Maroc dans ce cadre.
Plus de postes et un recrutement décentralisé
En outre, afin de renforcer la présence médicale sur l’ensemble du territoire, le ministère s’est engagé à accroître les recrutements dans le secteur public. Le nombre de postes budgétaires est passé de 4.000 en 2019 à 6.500 prévus en 2025. Parallèlement, le gouvernement a amorcé une décentralisation des concours de recrutement, en transférant l’organisation des examens aux directions régionales, afin de mieux répondre aux spécificités locales, notamment dans les zones reculées qui peinent à attirer les médecins.
Investir dans la formation et la recherche
Par ailleurs, M. Tahraoui rappelle qu’une convention-cadre a été conclue en 2022 avec les ministères de l’Enseignement supérieur et des Finances, prévoyant un investissement de plus de 3 milliards de dirhams d’ici 2030. Cette initiative vise à augmenter les capacités d’accueil des Facultés de médecine et des Instituts de formation paramédicale, tout en favorisant la création de laboratoires de recherche et de structures pédagogiques modernes.
Revalorisation du statut des professionnels de santé
Toujours dans le souci d’assurer plus de ressources humaines au secteur de la santé, le ministère veut renforcer l’attractivité des carrières médicales. C’est pourquoi il a lancé une réforme du statut administratif et financier des professionnels du secteur. Celle-ci prévoit notamment l’attribution de l’indice 509 aux médecins dès le début de carrière, la revalorisation des indemnités de risque, ainsi que l’entrée en vigueur du nouveau statut de la fonction sanitaire. Ce dernier inclut des primes liées à la performance, une rémunération variable et des indemnités spécifiques pour les postes en zones difficiles.
Vers une équité territoriale en santé
Selon Amine Tahraoui, les mesures annoncées par le ministère s’inscrivent dans le cadre des Orientations Royales visant la refonte du système de santé et la généralisation de la couverture santé universelle. L’objectif est clair : garantir une répartition équitable du personnel de santé, améliorer la qualité des services rendus aux citoyens et faire du système de santé marocain un levier de développement durable et de cohésion sociale. Si les défis restent nombreux, les réformes engagées tracent une voie prometteuse vers un système plus accessible, attractif et performant.