Hicham Oukerzaz
05 Octobre 2023
À 20:19
Le nouveau
statut unifié des enseignants est une «déception». C’est ce qui ressort de la conférence de presse organisée mercredi par la
Fédération nationale des fonctionnaires de l’enseignement. Loin de satisfaire les revendications des différentes composantes de la profession, le nouveau statut, selon le SG de la Fédération nationale des fonctionnaires de l’enseignement, est une réponse «inappropriée» à la crise des
ressources humaines dans le système de l’éducation et de la formation. Preuve en est les différents communiqués publiés après son adoption, émanant des différents organismes représentatifs des diverses catégories professionnelles de la fonction d’enseignant.
Ce nouveau statut, souligne Abdelilah Dahmane, consacre la discrimination entre les différentes composantes de la profession et n’a pas introduit de nouveautés en ce qui concerne l’unification des parcours professionnels. De même, le nouveau statut, estime le responsable syndical, est en contradiction avec le statut général de la
fonction publique. «Notre revendication était de dissocier le statut des enseignants de celui de la fonction publique, compte tenu de la spécificité du premier, et dans le but de renforcer l’arsenal des acquis et des droits, notamment en ce qui concerne la structure des salaires, le système d’avancement et ses quotas, et les montants des indemnités. Or le ministère et ses interlocuteurs (en l’occurrence les
syndicats participant aux sessions du dialogue sectoriel) n’ont dissocié ce statut que sur le volet du durcissement des sanctions et de l’élargissement de leur dispositif», dit-il.
Une autre critique émise par M. Dahmane a trait au fait que le nouveau statut est encore incomplet, dans la mesure où il nécessite encore trois à quatre décrets d’application, ainsi qu’une vingtaine de textes réglementaires, ce qui sert «la mainmise de l’administration». Et pour couronner le tout, poursuit M. Dahmane, ce nouveau statut fera peser sur les enseignants de nouvelles missions floues, non prévues par la loi, aux responsabilités multiples, et qui seront prises en compte dans l’évaluation et conditionneront l’avancement des hommes et des femmes de la famille enseignante.
Benmoussa : le nouveau statut n’a pas touché aux acquis des fonctionnaires
Pour rappel, le
Conseil du gouvernement, réuni mercredi 27 septembre 2023 à Rabat, a approuvé le projet de décret portant statut des fonctionnaires du département de l’Éducation nationale, qui vise à concrétiser les engagements contenus dans la feuille de route de la réforme du système éducatif (2022-2026), notamment en ce qui concerne la mise en place d’un système de gestion du parcours professionnel de façon à améliorer le rendement, pour l’intérêt des apprenants. Ce décret, qui prend effet à compter du 1er septembre 2023, tend vers le renforcement de l’attractivité de la profession, la consécration du mérite et la promotion de la formation et de la formation continue, en s’appuyant sur les principes de l’unification, la responsabilité, la motivation et la performance.
Selon le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, le statut des fonctionnaires du département de l’Éducation nationale a pour buts de «renforcer l’attractivité de l’enseignement et de rendre ses lettres de noblesse à l’école publique». Le nouveau statut «intervient dans le cadre de la réforme du système éducatif visant à redorer le blason de l’école publique, regagner la confiance des citoyens, renforcer l’attractivité de l’enseignement et corriger les situations de certaines instances professionnelles», avait déclaré
Chakib Benmoussa à l’issue du Conseil de gouvernement qui a vu l’adoption du nouveau statut.
Pour le responsable gouvernemental, ce statut vient rendre justice aux femmes et hommes de l’enseignement, «ne touche pas aux acquis des fonctionnaires et garantit la sécurisation du temps scolaire ainsi que l’amélioration de la qualité des enseignements, pour le bien des élèves». Le nouveau statut prévoit ainsi, selon M. Benmoussa, une mesure incitative relative à la création d’un grade exceptionnel (hors échelle) qui bénéficiera aux deux tiers des cadres du ministère, en plus de l’octroi d’une rémunération annuelle de 10.000 dirhams aux cadres pédagogiques des «Écoles pionnières».