Un Centre de coopération policière internationale dédié à l’Afrique bientôt lancé au Maroc (Hassan Bouzidi)

Comment la sécurité marocaine a-t-elle bénéficié de l’organisation par le Royaume de plusieurs grands événements ?

Il convient de rappeler que le Royaume du Maroc, ses autorités sécuritaires ainsi que l’ensemble des intervenants institutionnels ont accumulé une expérience considérable dans la gestion des manifestations sportives internationales. Le pays a déjà organisé d'importants rendez-vous, tels que la Coupe du Monde des clubs en 2013, 2014 et 2022, ainsi que de nombreuses autres compétitions dans différentes disciplines sportives, à l’instar du cross-country ou de la Coupe d’Afrique des Nations en salle.

Les services de sécurité et l’ensemble des partenaires ont fait preuve d’un grand professionnalisme et d’une expertise avérée dans la gestion de ces événements de grande envergure.

À cet égard, il importe également de souligner que les cadres de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) ont acquis une solide expérience leur permettant de prendre part à des événements d’envergure internationale. À titre d’exemple, des cadres sécuritaires marocains ont été mobilisés lors de la Coupe du monde au Qatar en 2022, dans le cadre du Centre de coopération policière internationale, ainsi qu’en Russie en 2018, ou encore aux Jeux olympiques de Paris, à travers l’envoi d’unités spécialisées dans divers domaines de sécurité, notamment la gestion des explosifs ou la lutte contre la cybercriminalité.

Des témoignages émanant de ces pays partenaires, dans le cadre de la coopération policière internationale, y compris de hauts responsables des Jeux olympiques, ont salué le professionnalisme et la compétence des cadres sécuritaires marocains.



Qu’en est-il de l’état d’avancement des préparatifs sécuritaires pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 ?

Actuellement, et comme on peut l’observer à travers les chantiers d’infrastructure, un travail colossal est en cours pour la réhabilitation des routes, la construction d’hôpitaux et la mise à niveau des stades appelés à accueillir les matchs de la Coupe d’Afrique des Nations et de la Coupe du monde 2030.

Grâce à Dieu, les stades des villes hôtes – notamment les stades Prince Moulay Abdellah et Berrid à Rabat, ainsi que les grands stades de Fès et Tanger – sont dans leurs dernières phases d’aménagement. Ces infrastructures seront prêtes à accueillir la CAN 2025. À cela s’ajoute le grand stade de Benslimane, dont les trois premières phases de construction sont pratiquement achevées, et qui est pressenti pour accueillir la finale de la Coupe du monde 2030, organisée conjointement par le Maroc, l’Espagne et le Portugal.

Cette enceinte sportive est appelée à devenir la plus grande d’Afrique avec une capacité de 110.000 sièges numérotés. Elle sera équipée des technologies les plus avancées, y compris des dispositifs de surveillance par caméras et d’identification des personnes. L’objectif est que les supporters venus au Maroc ne ressentent aucune différence avec l’Espagne ou le Portugal.

Par ailleurs, au niveau des points de passage dans les aéroports, on note aussi un travail important des institutions étatiques, à travers la réhabilitation de ces infrastructures pour garantir un passage fluide et sécurisé. Là encore, les conditions d’accueil ne devront présenter aucune différence avec celles en vigueur dans les deux pays européens partenaires.

Ainsi, toutes ces mesures illustrent l’engagement de l’État à mettre en place un ensemble de dispositifs institutionnels pour préparer l’ensemble des villes hôtes. Les préparatifs ne se limitent pas aux infrastructures sportives ; ils concernent également l’ensemble du tissu urbain, avec des chantiers d’envergure dans chaque ville. À ce titre, nous réaffirmons notre pleine mobilisation pour assurer le succès de ces deux grands événements sportifs.

Comment la coopération internationale contribue-t-elle à la réussite des préparatifs pour ces échéances sportives majeures ?

Le Royaume du Maroc et ses services sécuritaires entretiennent une coopération internationale constante avec plusieurs pays partenaires. Une collaboration est ainsi en cours avec la France et d’autres pays dans le cadre de formations spécifiques destinées aux cadres sécuritaires impliqués dans la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030.

Le Maroc est également en train de mettre en place un Centre de coopération policière internationale dédié à l’Afrique. Ce centre, une première au Royaume, constituera une plateforme d’expertise en matière de gestion sécuritaire durant la Coupe du monde. Il regroupera des experts en sécurité, des représentants de la FIFA et des pays participants à la compétition.

En parallèle, une coopération étroite sera mise en place avec plusieurs pays pour l’échange d’informations sur les supporters qui se rendront au Maroc. Environ 6 millions de fans sont attendus durant le Mondial. Cette coopération visera principalement les pays dont les équipes prendront part à l’événement.



Quel rôle joue la technologie, y compris l’intelligence artificielle, dans la sécurisation de ces événements ?

Comme il est désormais de notoriété publique, les grandes manifestations mondiales nécessitent le recours aux technologies de pointe pour la gestion des foules. Dans les villes hôtes, des caméras de surveillance seront installées, et une salle de commandement et de coordination sera mise en place.

Dans ce cadre, la Direction générale de la sûreté nationale a renforcé ses capacités en matière de lutte contre la cybercriminalité. Des bureaux centraux à l’échelle nationale et des antennes régionales ont été créés pour faire face à cette menace. En effet, les menaces cybernétiques sont un défi majeur dans ce type d’événements. En France, par exemple, 5.000 attaques ont été enregistrées pendant les Jeux olympiques.

Le Maroc prend très au sérieux ce type de menaces, et les cadres de la DGSN ont considérablement renforcé leurs capacités de réponse dans ce domaine.

Par ailleurs, un autre axe d’intervention technologique concerne l’usage de drones et de systèmes anti-drones. Des formations avancées sont en cours pour doter les unités de police de compétences spécifiques dans l’usage de ces équipements. Ces drones seront intégrés au système de surveillance et reliés à la salle de commandement et de coordination.

En somme, les mesures de sécurité prévues s’appuieront largement sur les technologies modernes pour encadrer les foules attendues dans le Royaume à l’occasion des grands événements sportifs.

Quelle est l’importance de la conscience collective des supporters dans le succès du dispositif sécuritaire ?

Je vous remercie pour cette question pertinente et directe. La Direction générale de la sûreté nationale, à travers ses journées portes ouvertes, affiche clairement son ouverture envers le public et la société civile.

Depuis plusieurs années, la DGSN œuvre sous le slogan de la « coproduction sécuritaire ». À ce titre, il est impératif de développer chez le citoyen marocain un sentiment de responsabilité partagée. La Coupe d’Afrique des Nations et la Coupe du monde doivent être perçues comme des événements appartenant à tous les Marocains.

La sensibilisation est un levier central. La DGSN est pleinement engagée dans ce processus, tout comme elle l’est dans la lutte contre les accidents de la route, en organisant des campagnes de sensibilisation dans les établissements scolaires. La conscience civique est une responsabilité collective qui incombe à l’école, aux institutions, aux associations de la société civile, entre autres.

À travers les journées portes ouvertes – qui en sont cette année à leur sixième édition – la DGSN confirme son engagement à renforcer cette dimension éducative et de proximité. Pour conclure, je tiens à réaffirmer que la CAN et le Mondial sont des événements des Marocains avant tout, et nous œuvrons, avec l’ensemble des acteurs concernés, à faire passer ce message de sensibilisation.