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Visite d’Emmanuel Macron au Maroc : ce qu’en disent les médias français

La visite d’État qu’effectue actuellement au Maroc le Président français Emmanuel Macron, à l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec à la clé la signature de plusieurs accords de coopération couvrant différents domaines, accapare mardi l’attention de la presse hexagonale qui salue un partenariat franco-marocain rénové à la hauteur des défis à venir.

29 Octobre 2024 À 16:50

Articles, chroniques ou reportages annoncés notamment en Une, la visite d’État d'Emmanuel Macron au Maroc a été l’occasion pour les médias français de mettre sous les feux de la rampe les atouts du Royaume, partenaire stratégique de la France, qui s’impose comme leader continental et régional.

«C’est un pays qui ne cesse de progresser. Il est réjouissant qu’il le fasse main dans la main avec sa vieille amie la France, dans le tourisme bien sûr, mais aussi dans l’éducation, l’agriculture, l’industrie, la défense, ainsi que dans une diplomatie équilibrée et réaliste, en Afrique comme au Moyen-Orient», écrit «Le Figaro» dans une chronique signée Renaud Girard. Le chroniqueur, qui se réjouit du nouveau partenariat scellé «au plus haut niveau avec un pays très anciennement ami de la France», souligne que «par le travail et l’initiative privée», le Maroc «s’est remarquablement développé au cours des vingt dernières années, et il rayonne aujourd’hui sur le continent africain».



Consacrant dans la même édition tout un article à ce «pôle d’attractivité en Afrique», «Le Figaro» souligne que «le Maroc, pays très stable sur le plan politique et économique, riche en ressources halieutiques, solaires, éoliennes et en phosphates, s’impose aujourd’hui comme une plateforme économique majeure au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient». «Première frontière africaine de l’Europe, il dispose en outre de deux façades maritimes qui lui confèrent un avantage stratégique», relève la publication qui cite parmi les atouts faisant du Royaume un leader continental, le port de Tanger Med, classé 19e mondial, la première ligne de TGV en Afrique et la centrale solaire d’Ouarzazate.

La publication énumère également les zones économiques spéciales (Tanger, Kénitra, Casablanca) qui encouragent aussi l’implantation d’industries d’exportations, attirées par ce cadre favorable et une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée, ou encore le nombre d’ingénieurs qui a explosé en quelques années, grâce à des investissements dans l’éducation supérieure, au moment où le Royaume mise sur la montée en puissance de secteurs clés et des nouvelles technologies pour attirer des entreprises désireuses d’accéder au marché africain, fort d’une fiscalité attractive.

Radio France internationale (RFI) met l’accent, pour sa part, sur l’importance des accords signés entre le Maroc et la France dès le premier jour de la visite d’État de M. Macron dans le Royaume, citant parmi les plus significatifs celui concernant les sociétés Alstom et Egis dans le domaine ferroviaire, et un autre avec TotalEnergies concernant l’hydrogène vert, «autre secteur stratégique». Les énergies renouvelables, le solaire, sont aussi identifiés comme des secteurs prometteurs de collaboration entre la France et le Maroc, relève RFI qui évoque le contrat obtenu par le français Safran pour la mise en place d’un site de maintenance et de réparation de moteurs d’avions à Casablanca, alors que le transporteur maritime CMA-CGM va s’associer avec Marsa Maroc pour développer un terminal à conteneurs à Nador West Med.

«Le Monde», lui, retient parmi les accords signés ceux concernant le secteur ferroviaire, les énergies renouvelables «dont le Maroc entend devenir un champion», la transition énergétique ou encore la coopération en matière de connectivité énergétique.

«Une bonne relation entre la France et le Maroc est vitale» selon le magazine «l’Express»

Dans une tribune signée par l’expert en géopolitique Zaid M. Belbagi, le magazine français «l’Express» est revenu sur les raisons qui font la force et la résilience de la relation entre Rabat et Paris en dépit des «divergences et des frictions ponctuelles». «La force de cette relation réside dans l’aptitude des deux pays à surmonter les moments de friction sans jamais rompre le dialogue», relève l’auteur, tout en précisant que «loin des discours diplomatiques policés, ces tensions révèlent une réalité : Rabat et Paris savent qu’ils sont plus forts lorsqu’ils avancent ensemble». Les intérêts communs, qu’ils soient économiques, sécuritaires, culturels ou environnementaux, nécessitent un dialogue permanent, ajoute le magazine. Car, au-delà des malentendus, des divergences et des tensions ponctuelles, «c’est dans cette capacité à dépasser les crises pour mieux se retrouver que réside le véritable secret du couple franco-marocain».

Pour Zaid M. Belbagi, qui est également président de Hardcastle, une société de conseils stratégique basée à Londres, «le rapprochement entre Paris et Rabat est dans l’intérêt réciproque. Il est en outre réclamé par la population des deux pays». Et d’ajouter que «la relation entre les deux pays est profondément ancrée dans l’Histoire et les symboles». L’auteur de la Tribune fait ainsi observer que malgré le froid qui a marqué les relations bilatérales ces dernières années, à Rabat, comme à Paris, les échanges culturels, économiques et humains n’ont jamais vraiment cessé. «Les centres culturels français au Maroc continuent d’attirer des foules. La langue française, bien qu’ébranlée par l’essor de l’anglais, reste omniprésente dans les rues et dans les établissements scolaires», a-t-il souligné. De l’autre côté de la Méditerranée, ajoute l’auteur, «le Maroc, avec sa vitalité et ses contrastes, reste ancré dans l’esprit des Français. Le tourisme, pierre angulaire de l’économie marocaine, n’a pas faibli. Même après le tragique séisme d’Al Haouz, que l’on pensait susceptible de freiner l’afflux des visiteurs, Marrakech, Tanger, Dakhla ont vite retrouvé leurs fidèles visiteurs».

Pour Zaid M. Belbagi, ces «liens intarissables sont vitaux pour la France en Afrique». Celle-ci a besoin d’un allié sûr et fiable face au déclin de son influence en Afrique de l’Ouest et au Sahel, estime-t-il. «Le retrait des troupes françaises du Mali et du Niger ainsi que la création de l’Alliance des États du Sahel, qui rejette les cadres de coopération régionaux traditionnels, montre une volonté croissante d’affranchissement vis-à-vis de la France. Dans ce contexte, Paris se tourne vers Rabat. L’influence du Maroc en Afrique subsaharienne, notamment à travers des investissements stratégiques et un réseau diplomatique bien rodé, devient un levier incontournable», analyse la Tribune publiée par le magazine «l’Express» quelques jours avant la visite du Président Macron au Maroc.

Bien des accords seront signés lors de la visite d’Emmanuel Macron, des décisions importantes seront prises, d’autant plus que la France, à travers son Chef d’État, s’est aujourd’hui positionnée du côté du Maroc sur la question du Sahara occidental, considérant que le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution viable à un différend qui n’a que trop duré. En se réajustant comme à leur habitude, la France et le Maroc maintiennent une alliance relativement unique dans le paysage régional. La force de cette relation réside dans l’aptitude des deux pays à surmonter les moments de friction sans jamais rompre le dialogue. Loin des discours diplomatiques policés, ces tensions révèlent une réalité : Rabat et Paris savent qu’ils sont plus forts lorsqu’ils avancent ensemble. Les intérêts communs, qu’ils soient économiques, sécuritaires, culturels ou environnementaux, nécessitent un dialogue permanent. Au-delà des malentendus, divergences et tensions ponctuelles, c’est dans cette capacité à dépasser les crises pour mieux se retrouver que réside le véritable secret du couple franco-marocain.
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