Hajjar El Haïti
15 Août 2025
À 12:55
L’importance de l’
allaitement n’est plus à démontrer. Il s’agit de l’un des gestes les plus bénéfiques pour la
santé et le développement de l’enfant. Plus qu’un simple mode d’
alimentation, l’allaitement maternel offre au nouveau-né une protection unique contre de nombreuses
maladies et contribue à créer un lien irremplaçable entre la mère et son
bébé. Pourtant, derrière cette vérité universellement admise, persistent de profondes inégalités et un manque de soutien qui freinent sa pratique dans de nombreux pays.
Chaque année, du 1er au 7 août, la
Semaine mondiale de l’allaitement maternel rappelle cette réalité et incite à l’action. L’édition 2025, placée sous le thème «Prioriser l’allaitement : créer des systèmes de soutien durables», a donné lieu à un appel fort de l’
Organisation mondiale de la santé (OMS) et du
Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Les deux agences onusiennes exhortent les gouvernements à renforcer leurs systèmes de santé et à garantir aux mères un accompagnement adéquat avant, pendant et après la naissance.
Un «premier vaccin» naturelDans une déclaration conjointe, le directeur général de l’OMS,
Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, et la directrice générale de l’Unicef,
Catherine Russell, ont rappelé que «l’allaitement maternel
agit comme le premier
vaccin de l’enfant». Il protège notamment contre la
diarrhée et la
pneumonie, deux causes majeures de mortalité infantile dans le monde. Mais la pratique reste insuffisamment répandue : seuls 48% des bébés de moins de six mois sont allaités exclusivement, un taux largement inférieur à l’objectif de 60% fixé pour 2030.
Cette stagnation s’explique par une série d’obstacles. Dans de nombreux pays, les mères quittent l’hôpital sans avoir reçu de conseils pratiques sur la mise au sein, la fréquence des tétées ou la gestion des difficultés courantes. Seul un pays sur cinq prévoit une formation spécifique sur l’alimentation du nourrisson pour les médecins et les infirmiers chargés des soins postnataux. Résultat : un accompagnement inégal, voire inexistant, et une perte d’opportunités précieuses pour favoriser un allaitement réussi dès les premières heures de vie.
Des systèmes de santé sous pressionLes difficultés ne s’arrêtent pas aux portes des
maternités. Dans de nombreux contextes, les systèmes de santé sont fragmentés, sous-financés ou mal équipés pour fournir un soutien continu. Les mères confrontées à des problèmes d’allaitement manquent souvent de ressources accessibles : consultations spécialisées, groupes de soutien ou personnel formé à domicile. Cette absence de suivi favorise l’abandon précoce de l’
allaitement exclusif et réduit ses bénéfices à long terme.
Les chiffres sont parlants : chaque dollar investi dans le soutien à l’
allaitement maternel génère 35 dollars de bénéfices économiques, grâce à la réduction des dépenses de santé et à l’amélioration de la productivité future des enfants mieux nourris. Pourtant, cet investissement reste marginal dans la plupart des budgets nationaux.
Pour Dr Tedros et Catherine Russell, le message est clair : «Renforcer les systèmes de santé pour soutenir l’allaitement maternel n’est pas seulement une priorité sanitaire, c’est aussi un impératif moral et économique». Car au-delà de la nutrition, l’allaitement contribue à bâtir des sociétés plus saines, plus équitables et mieux préparées aux défis de demain.
L’appel de l’OMS et de l’Unicef
Pour inverser la tendance, les deux agences recommandent de :
• Assurer des investissements adéquats dans des soins équitables et de qualité pour la mère et le nouveau-né, y compris des services de soutien à l’allaitement maternel.
• Augmenter les allocations budgétaires nationales pour les programmes de soutien à l’allaitement maternel.
• Intégrer des conseils et un soutien en matière d’allaitement maternel dans les services courants de
santé de la mère et de l’enfant, y compris les soins prénatals, liés à l’
accouchement et postnatals.
• Veiller à ce que l’ensemble des prestataires de santé soit doté des compétences et des connaissances nécessaires pour soutenir l’allaitement, y compris dans les situations d’urgence et de crise humanitaire.
• Renforcer les systèmes de santé communautaires pour fournir à chaque nouvelle mère un soutien continu et accessible à l’allaitement maternel jusqu’à deux ans et plus.
• Protéger l’allaitement maternel en garantissant l’application du Code international de commercialisation des substituts du
lait maternel dans tous les établissements et systèmes de santé.