LE MATIN
11 Avril 2025
À 16:45
Au
Maroc, le
café devient de plus en plus cher. Ces derniers jours, plusieurs distributeurs et propriétaires de cafés rapportent une augmentation significative du prix de vente de la matière première, estimée entre 20% et 25%. Les nouvelles grilles tarifaires ont été appliquées dans la foulée de l’
Aïd al-Fitr, tandis qu’une nouvelle vague de hausses est prévue à la mi-avril.
Selon les acteurs du secteur, cette montée des prix intervient alors même que les
marchés internationaux du café enregistrent une relative stabilité. « C’est incompréhensible », affirme un distributeur basé à Casablanca. « On nous impose des tarifs à la hausse sans explication claire ni justification économique. »
Les professionnels montent au créneau
En première ligne, la
Fédération nationale des propriétaires de cafés et restaurants au Maroc sonne l'alerte. Son coordinateur national,
Ahmed Bifkrane, déplore cette situation « préoccupante », d’autant plus difficile à gérer que les professionnels ne peuvent légalement répercuter ces augmentations sur les prix des services.
Dans une déclaration accordée au quotidien Assahraa Al Maghribia, M. Bifkrane évoque même un possible accord entre les
distributeurs pour acter cette hausse généralisée, ce qui constituerait, selon lui, une infraction à la législation sur la concurrence. Il indique qu’une réunion urgente sera tenue dans la semaine afin d’évaluer la situation et définir une réponse concertée.
Jusqu’à 130 DH le kilo de café
Le coordinateur évoque des prix atteignant désormais jusqu’à 130 DH le kilogramme pour certains types de café. Une envolée que les
propriétaires de cafés, déjà fragilisés par la
baisse du pouvoir d’achat de leur clientèle, peinent à absorber. La hausse pourrait à terme impacter l’ensemble du secteur, menaçant la viabilité économique de nombreux établissements.
Face à cette situation, M. Bifkrane appelle le
Conseil de la concurrence à se saisir du dossier. Il considère que cette flambée pourrait résulter de pratiques concertées entre fournisseurs, en contradiction avec le droit en vigueur. Par ailleurs, il suggère aux pouvoirs publics une réduction des
droits de douane sur le café importé, afin d’alléger les charges pesant sur la chaîne de distribution.
Une régulation attendue dans un contexte tendu
Cette affaire relance le débat sur le rôle des autorités de régulation dans la protection du
marché marocain face aux fluctuations mondiales et aux éventuelles dérives locales. Si aucune décision n’est encore annoncée, la pression s’intensifie autour des distributeurs, des importateurs et des institutions compétentes. Pour l’heure, le
café reste servi dans les établissements à son tarif habituel. Mais pour combien de temps encore ?