Hajjar El Haïti
10 Novembre 2024
À 13:45
Le Matin : Tout d’abord, rappelez-nous les objectifs de l’événement «Parlons ensemble du cancer du sein : Sensibiliser et soutenir le parcours des roses», que Pfizer a organisé récemment à l’occasion de la campagne mondiale «Octobre Rose» ?
Dr Fayçal Ahmed Namly : L'événement «Parlons ensemble du cancer du sein» s’inscrit, en effet, dans la dynamique de la campagne «Octobre Rose», une initiative mondiale visant à sensibiliser aux risques et à l'importance du dépistage précoce du cancer du sein. Cette table ronde, organisée conjointement par le ministère de la Santé et de la protection sociale et Pfizer, incarne une démarche proactive pour mobiliser l’opinion publique marocaine et, en particulier, les femmes autour de cette grande problématique de santé qui continue à être la cause majeure de décès par les cancers au Maroc et dans le monde.
L'objectif principal de cette rencontre était d’impliquer les médias marocains en tant qu’acteurs majeurs dans les efforts d’information et de sensibilisation de la population au cancer du sein en partageant avec eux des informations scientifiques simplifiées abordant les aspects médicaux de cette maladie ainsi que les démarches diagnostiques et thérapeutiques existantes. L'importance de l’initiative réside dans sa capacité à générer une prise de conscience collective quant à l'importance du dépistage systématique et du diagnostic précoce du cancer du sein comme éléments clés pour augmenter les chances guérison et améliorer la qualité de vie des patientes.
Quels étaient les messages principaux que vous souhaitiez transmettre, et pourquoi cibler les médias spécifiquement ?Tout d’abord, nous avons voulu encourager les femmes à prendre en main leur santé et à être proactives face au cancer du sein, en insistant sur l’importance de la détection précoce. Il est important de savoir que le cancer du sein est la forme de cancer la plus répandue chez les femmes au Maroc, représentant environ 23% de tous les cas de cancers et causant la mort de 3.000 femmes chaque année. Chaque femme qui se fait dépister régulièrement augmente considérablement ses chances de combattre la maladie.
Nous souhaitions également transmettre un message d’espoir à toutes les femmes atteintes de cette maladie en mettant en lumière les progrès significatifs réalisés au Maroc en matière de prise en charge de cette pathologie.
Aujourd’hui, notre pays dispose d'infrastructures et de traitements de pointe qui permettent de diagnostiquer plus tôt, de traiter plus efficacement, et même de guérir le cancer du sein. Cela est le fruit de l’implication de toutes les parties prenantes, en premier lieu le ministère de la Santé et de la protection sociale, ainsi que la contribution des experts médicaux, des sociétés savantes marocaines, des associations de soutien aux patientes et des différentes initiatives de la société civile. Nous avons bien entendu illustré ces avancées tout en rappelant les défis persistants, en particulier en ce qui concerne l’accessibilité aux soins.
Le dernier message était spécifiquement destiné aux médias, en soulignant le rôle crucial qu’ils doivent jouer dans l’information et la sensibilisation du grand public en matière d’éducation sanitaire.
En les impliquant directement à travers cette table ronde, nous avons voulu les placer au cœur de notre initiative et les encourager à relayer de manière large et rapide les messages de prévention, d’information, et de soutien destinés aux femmes marocaines. Ce choix vise à maximiser l’impact sur tout le territoire marocain, en touchant toutes les catégories sociales et culturelles, et à lever les tabous et stigmates encore associés à cette maladie.
Comment voyez-vous l’évolution de la sensibilisation au cancer du sein au Maroc au cours de ces dernières années ?La sensibilisation au cancer du sein au Maroc a connu une évolution notable, portée par des actions concertées de l’ensemble des acteurs de la santé au Royaume et à leur tête le ministère de la Santé et de la prévoyance sociale. Comme l’a souligné Dre Loubna Abousselham, chef de service du Département de la prévention et du contrôle des cancers au sein de la DELM (Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, Ndlr), lors de la table ronde, des programmes structurés comme les Plans nationaux de prévention et de lutte contre le cancer ont été mis en place pour renforcer la sensibilisation et encourager le dépistage précoce. Son message clé, «Le dépistage précoce est synonyme de sécurité et de sérénité», illustre parfaitement cette approche proactive qui place la prévention au cœur de la lutte contre le cancer.
Les associations de soutien aux patient(e)s jouent, quant à elles, un rôle central dans cette dynamique. Elles sensibilisent activement le public et accompagnent les patientes tout au long de leur parcours de soin. Cette mobilisation associative contribue non seulement à toucher un public plus large, mais aussi à briser certains tabous encore présents autour de la maladie, encourageant ainsi une prise en charge plus ouverte et plus sereine.
Par ailleurs, des événements comme cette table ronde médiatique ont permis d’amplifier les messages de prévention en les diffusant largement au sein de la population. Grâce à des discussions ouvertes avec les experts et des sessions interactives de questions-réponses, la participation active des médias favorise une meilleure compréhension des enjeux liés au cancer du sein et encourage un dialogue public sur l’importance du dépistage précoce. Cela contribue à sensibiliser un large public et à ancrer le dépistage précoce dans les habitudes de santé, offrant ainsi à chaque femme au Maroc les moyens de mieux se protéger.
Selon votre expérience, quels sont les principaux défis rencontrés dans la détection précoce et le traitement du cancer du sein au Maroc ?Je pense que le principal défi consiste à lever les tabous et les préjugés, qui représentent, à mon sens, le principal obstacle empêchant de nombreuses femmes d’aller se faire dépister par crainte des stigmates sociaux et du regard des autres. Cela passe à la fois par la diffusion de l’information de manière simplifiée, claire et concise, mais aussi par la transmission d’un véritable message d’espoir : «Aujourd’hui, le cancer du sein se soigne et peut être guéri, d’autant plus s’il est détecté précocement».
Le deuxième défi consiste à lever tous les obstacles possibles pour les femmes atteintes de cancer du sein, que ce soit en matière de dépistage, de diagnostic, mais aussi et surtout en termes d’accès au traitement, notamment aux thérapies innovantes.
Quelles sont les dernières avancées dans le domaine de l’oncologie, notamment chez Pfizer, qui peuvent améliorer le parcours de soins des patientes ?Chez Pfizer, nous croyons que chaque cas de cancer du sein est aussi unique que la personne diagnostiquée, et qu’il est donc essentiel d’adopter une approche individualisée et adaptée à chacune afin d’offrir à toutes une égale chance de guérison.
Cette approche doit intégrer l’innovation scientifique en matière de diagnostic et de prise en charge. Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle ère en oncologie, appelée la médecine de précision, qui consiste à effectuer une cartographie génétique et moléculaire détaillée et exhaustive du type de cancer du sein afin de proposer aux patientes non seulement des séquences de traitements, mais un parcours de soins intégré, visant à obtenir les résultats les plus ambitieux et la meilleure qualité de vie possible.
Nous pensons également qu’il est essentiel de faire évoluer notre mission en tant que laboratoire pharmaceutique, au-delà du rôle traditionnel de découverte et de mise à disposition de thérapies innovantes pour les médecins et les patients. Notre ambition est d’accompagner les patients tout au long de leur parcours de soins, depuis le dépistage jusqu’à la guérison, en leur offrant des services à valeur ajoutée adaptés à leurs besoins divers, notamment en matière d’information, de sensibilisation, d’éducation sanitaire, de support et d’accompagnement, ainsi qu’à travers des programmes d’aide à l’accès aux thérapies les plus avancées et innovantes. À ce titre, nous avons mis en place au Maroc plusieurs programmes de soutien spécifiquement dédiés aux patients atteints de cancer.
Pfizer est fermement engagée dans la lutte contre le cancer du sein, avec plus de deux décennies de recherche intensive et d’innovation thérapeutique. Notre approche est axée sur la personnalisation des traitements, en adaptant les thérapies aux spécificités biologiques et génétiques de chaque patient. Cette démarche est le fruit de recherches scientifiques avancées, visant à mieux comprendre le fonctionnement des cancers à l’échelle biologique et moléculaire, ainsi que les mécanismes de leur échappement. Elle résulte également de multiples collaborations avec des centres de recherche, des universités et des institutions de santé, dans le but de développer des thérapies ciblées qui agissent plus efficacement sur les cellules tumorales tout en préservant les tissus sains.
Pour conclure, quels conseils donneriez-vous aux femmes marocaines et aux professionnels de la santé concernant le dépistage et la prévention du cancer du sein ?La prévention et le diagnostic précoce sont essentiels et doivent être la priorité de tous. Chaque femme doit participer activement au dépistage du cancer du sein et consulter régulièrement un professionnel de santé, même en l’absence de signes cliniques, surtout dans les catégories et tranches d’âge les plus à risque. Avec des mesures simples de prévention et de détection précoce, les chances de guérison augmentent. La relation de confiance est cruciale pour encourager davantage de femmes à adopter ces gestes de prévention. Il est nécessaire de continuer à les sensibiliser activement à l’importance du dépistage, tout en étant attentif à leurs craintes et à leurs questionnements.
Grâce à l’action concertée de tous les acteurs, sous la houlette du ministère de la Santé et de la protection sociale, nous pouvons contribuer à réduire les impacts du cancer du sein au Maroc et offrir aux patientes les meilleures chances de succès dans leur parcours de soins.