Nabila Bakkas
26 Mai 2025
À 16:25
Depuis plusieurs mois, un nouveau produit suscite un vif engouement sur les
réseaux sociaux, en particulier sur
TikTok, où il gagne rapidement en popularité. Appelé «
drogue de Barbie», il est massivement promu par des
influenceurs qui s’adressent principalement à un public jeune et facilement impressionnable.
Ce produit promet un
bronzage rapide et uniforme, simplement en le vaporisant dans le nez, une méthode qui séduit un nombre croissant d’utilisateurs. Mais est-il vraiment sans danger ? Interrogé par «Le Matin», le
Dr Tayeb Hamdi, médecin-chercheur spécialisé en politiques et systèmes de santé, alerte sur les risques méconnus, mais «potentiellement très graves», associés à cette pratique.
Une fausse promesse qui masque un réel danger
Selon cette expert, la «drogue Barbie» contient une substance synthétique appelée mélaonotane 2, dont le nom peut prêter à confusion avec la mélatonine, une hormone naturelle essentielle au sommeil. Cependant, «la mélaonotane 2 est tout autre chose : il s’agit d’un produit fabriqué en laboratoire qui stimule la production de mélanine, le pigment responsable du bronzage de la peau», précise notre interlocuteur. Ce produit, ajoute-t-il, est souvent acheté sur Internet, via des plateformes non régulées, en l’absence de tout contrôle, ce qui peut entraîner une grande variabilité dans la composition des lots. D’ailleurs, «certains lots peuvent même contenir des substances inconnues, ce qui augmente fortement les risques pour la santé, notamment chez les adolescents», relève-t-il. Mais, d’après M. Hamdi, ce qui amplifie considérablement le danger, c’est la méthode d’administration recommandée par certains influenceurs et qui consiste à vaporiser le produit par voie nasale. À ce sujet, il souligne que «contrairement à ce que l'on croit, l'application du produit par voie nasale ne réduit pas les effets du produit, mais, tout au contraire, elle permet au produit de pénétrer rapidement dans la circulation sanguine via la muqueuse du nez. Cela signifie que la substance contourne les barrières naturelles de l’organisme, ce qui peut causer des effets secondaires sévères, notamment des vomissements, des troubles digestifs, des variations dangereuses de la tension artérielle, voire un risque accru de cancer».
Un produit médicalisé déguisé en cosmétique
Le Dr Hamdi tient également à préciser que la «drogue de Barbie» n’est pas un cosmétique, contrairement à ce que sa présentation pourrait laisser croire. En effet, explique-t-il, les cosmétiques sont définis par la réglementation comme des produits qui n’agissent que sur la surface de la peau, sans pénétrer profondément ni modifier les fonctions biologiques des cellules. Or, ajoute-t-il, la mélaonotane 2 agit précisément en profondeur, en stimulant la production de mélanine au niveau cellulaire. Dr Hamdi est convaincu que ce produit doit être considéré comme un médicament, soumis à une réglementation stricte dont la drogue de Barbie ne fait absolument pas l’objet. Pire encore, notre interlocuteur attire l’attention sur le fait que la mélaonotane 2 n’a jamais été soumise à des essais cliniques ni validée par les autorités sanitaires, ce qui augmente considérablement les risques pour les consommateurs.
L’urgence d’une prise de conscience collective
Face à cette situation préoccupante, le Dr Hamdi appelle à une mobilisation générale pour protéger les internautes, essentiellement les jeunes générations, contre ce type de «dérives dangereuses», où l’apparence prime de la santé. Il souligne ainsi l’urgence d’alerter non seulement les jeunes et leurs familles, mais aussi les professionnels de santé et les autorités compétentes. Par ailleurs, le Dr Hamdi estime que cette pratique doit susciter une réflexion plus large sur la responsabilité des plateformes numériques et des influenceurs, d’où l’impératif d’encadrer la diffusion de contenus liés à la santé afin d’éviter que des produits dangereux ne deviennent des modes virales, mettant en péril la santé des utilisateurs, notamment les plus jeunes.