Société

Le rein ne prévient pas, il faut agir avant qu’il ne parle (Dre Naïma Hosni)

Dre Naïma Hosni, néphrologue, tire la sonnette d’alarme sur la progression silencieuse des maladies rénales chroniques au Maroc. Elle met en lumière les avancées médicales majeures, les défis persistants et les gestes simples qui peuvent sauver des vies.

Ph. Seddik

23 Octobre 2025 À 10:08

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Selon la Dre Naïma Hosni, la néphrologie marocaine connaît des avancées notables dans la prise en charge des maladies rénales chroniques. Les progrès concernent notamment les techniques de dialyse et la qualité des matériaux utilisés. «Les membranes et les mécanismes d’épuration se sont considérablement améliorés. Nous utilisons aujourd’hui des dispositifs plus performants, mieux tolérés par les patients», explique-t-elle.



Elle souligne également que le Maroc figure parmi les pays africains les plus avancés dans ce domaine : «Nous sommes les seuls, à Casablanca, à avoir obtenu des diplômes spécialisés reconnus, ce qui nous place en tête en Afrique sur le plan de la formation et de la pratique».

La spécialiste insiste : «La prévention est la clé. Les maladies rénales se développent souvent lentement, parfois sur dix ans, sans symptômes apparents». Pour préserver la santé rénale, elle recommande des gestes simples, mais essentiels : boire suffisamment d’eau, surveiller sa tension artérielle, contrôler sa glycémie et adopter une alimentation équilibrée. «Le diabète et l’hypertension sont les deux ennemis silencieux des reins. Trop de patients arrivent à un stade avancé parce qu’ils ignorent le lien entre ces pathologies et l’insuffisance rénale», déplore-t-elle.



Pour la Dre Hosni, la sensibilisation doit devenir un réflexe collectif : «Il faut informer les diabétiques et hypertendus dès le diagnostic, les inciter à consulter un néphrologue au moins une fois par an. Un simple examen de la fonction rénale peut éviter des années de souffrance». Elle rappelle aussi l’importance du suivi familial, notamment pour les personnes ayant des antécédents de maladies rénales : «L’histoire médicale familiale est un indicateur majeur. Un dépistage précoce permet de freiner, voire d’arrêter, la progression de la maladie».

Dialyse et transplantation : vers une meilleure qualité de vie

La dialyse, bien que vitale, reste un traitement lourd : «Trois séances par semaine, des contraintes physiques et sociales importantes... La qualité de vie est impactée», reconnaît-elle. Mais les progrès sont réels : les nouvelles machines, plus efficaces et mieux tolérées, réduisent les complications. Surtout, la transplantation rénale représente, aujourd’hui, l’alternative la plus prometteuse. «Au Maroc, nous comptons déjà plusieurs réussites. La greffe redonne une vie normale aux patients jeunes. Il faut encourager le don d’organes, car chaque greffe réussie est une victoire sur la maladie», plaide-t-elle.

Un système de santé en pleine adaptation

Le Maroc fait face à une augmentation continue des cas de maladies rénales chroniques, conséquence directe du vieillissement de la population et de la progression du diabète. Dre Hosni salue les efforts de modernisation du système de santé, mais appelle à renforcer les capacités de dépistage et la formation du personnel médical : «Nous devons agir dès maintenant pour éviter une saturation des centres de dialyse dans les dix prochaines années».

Un mode de vie à repenser

Le rythme de vie moderne n’épargne pas les reins. Stress, sédentarité, alimentation déséquilibrée... autant de facteurs aggravants. Dre Hosni conseille de privilégier une alimentation pauvre en sel, riche en légumes et en fruits, d’éviter l’automédication, et surtout de boire régulièrement sans excès. «Le rein est un organe silencieux, mais essentiel. Quand il parle, il est souvent déjà trop tard. Protégeons-le avant qu’il ne nous abandonne», conclut-elle avec gravité.
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