Hajjar El Haïti
01 Février 2024
À 18:22
À l’occasion de la
Journée mondiale contre le cancer, célébrée dimanche 4 février sous le thème «Pour des soins plus justes»,
Vitavox Institute vient de publier un rapport intitulé «Cancers féminins : enjeux actuels et perspectives futures». Dans ce document, le think tank marocain indépendant spécialisé en économie de la santé au Maroc et en Afrique apporte un éclairage sur la lutte contre les cancers féminins et offre une vue d'ensemble des débats et des recommandations formulées lors du
Cancer Impact Forum, tenu en décembre 2023.
Selon ce rapport, qui met en exergue une réalité alarmante concernant la prévalence du cancer au Maroc, le pays fait face à une augmentation significative des cas de cancer, avec plus de 50.000 cas enregistrés chaque année. Parmi ces cas, plus de 30.000 affectent spécifiquement les femmes. «S'appuyant sur les dernières données épidémiologiques du registre du cancer, on constate que le cancer du sein est le plus fréquent chez les femmes marocaines, représentant 38,1% des cas, tandis que le cancer du col de l'utérus représente 8,1%», relève le rapport. Et d’ajouter que «le Maroc a réalisé des avancées significatives dans la prévention, le dépistage et le traitement des cancers féminins, en particulier ceux du sein et du col de l'utérus. Parmi ces avancées, il convient de souligner les campagnes de sensibilisation efficaces à l'autopalpation mammaire et l'augmentation notable du nombre de mammographies effectuées ainsi que l'introduction du vaccin contre le HPV dans le Calendrier national de vaccination».
Plusieurs défis restent à relever dans la lutte contre les cancers
Le document de Vitavox Institute souligne également les défis que le Maroc tente de relever dans le domaine de la santé féminine. «Dans le cadre de la mise en œuvre des Plans nationaux de prévention et de contrôle du cancer (PNPCC), un programme structuré de détection précoce des cancers du sein et du col de l'utérus a été mis en place par le ministère de la Santé et de la protection sociale. En effet, le PNPCC met l’accent sur la nécessité d'améliorer l'accès équitable aux soins de santé, en particulier dans les régions les moins desservies, avec comme objectif ambitieux d'atteindre un taux de participation de 70% aux programmes de dépistage à travers tout le Royaume», signale le rapport.
Le document rappelle, par ailleurs, qu’au cours des trois dernières années, le Maroc s'est engagé dans un processus global de réforme du financement de la santé, renforçant la collecte des recettes, harmonisant la mise en commun et rationalisant les modalités d'achat ainsi que l’augmentation substantielle du budget de l'État alloué à la santé. «L'objectif est de rendre le financement de la santé plus efficace, plus équitable et plus durable. De plus, le Maroc a franchi une étape majeure dans son processus de réforme de la protection sociale en généralisant l'Assurance maladie obligatoire (AMO) de base à l'ensemble de la population. Cette initiative, conforme aux directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, vise à réduire la charge financière des soins de santé pour les ménages marocains qui contribuent actuellement à hauteur de 51% au financement total de la santé», indique le rapport.
Recommandations
Le rapport de Vitavox Institute a présenté des recommandations importantes pour améliorer la lutte contre les cancers féminins au Maroc. Ces recommandations s’articulent autour de trois axes : la prévention, l’accès aux soins et les financements innovants. «La sensibilisation et l'intégration des associations de patients dans la planification des campagnes de prévention joue un rôle important dans la lutte contre les cancers à l'échelle nationale. Il faut aussi mettre l'accent sur des programmes éducatifs exhaustifs, la réglementation des substances cancérigènes et l'adaptation des programmes de sensibilisation aux diversités culturelles et linguistiques du Maroc», souligne le think tank. Les experts ont également plaidé pour anticiper les besoins futurs en matière de soins de santé, accélérer l'approbation des protocoles de traitement et garantir une intervention médicale rapide post-diagnostic. Enfin, une série de mesures a été proposée pour répondre aux défis financiers, y compris le plaidoyer pour une collaboration accrue entre différents acteurs, la promotion de financements dédiés et l'établissement de mécanismes de financement inspirés d'expériences internationales réussies.