Société

Prématurité : les «Soins mère kangourou», une pratique qui s'étend progressivement au Maroc

En renforçant ses directives sur les «Soins mère kangourou» pour les bébés prématurés, l’OMS met en avant une méthode simple et essentielle pour améliorer la prise en charge des nouveau-nés fragiles. Une orientation qui trouve un écho particulier au Maroc, où des unités dédiées se développent progressivement dans plusieurs structures de santé.

24 Novembre 2025 À 17:20

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de publier un nouveau guide clinique visant à généraliser la méthode «mère kangourou», à l’occasion de la Journée mondiale de la prématurité, célébrée le 17 novembre. Il s’agit d’une pratique simple et vitale destinée aux nouveau-nés prématurés ou de faible poids.



Ce protocole repose sur le contact peau à peau prolongé entre le bébé et sa mère, complété par l’allaitement maternel à volonté. Selon l’OMS, cette approche de «Soins mère kangourou» (SMK) réduit de plus de 30% la mortalité des nouveau-nés de faible poids, diminue les complications graves et améliore les scores de développement psychomoteur et staturo-pondéral. Elle permet, également, de limiter fortement le risque d’hypothermie et d’infections graves. En évitant la séparation mère-enfant – «une véritable maladie» selon les néonatologistes –, la méthode garantit chaleur, sécurité émotionnelle et nutrition optimale grâce à l’allaitement maternel.

Chaque année, près de 15 millions de bébés naissent trop tôt, faisant de la prématurité la principale cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans. Pour l’OMS, la méthode «mère kangourou» doit désormais être considérée comme une pratique clinique universelle, particulièrement dans les pays où l’accès aux technologies médicales est limité, tant elle est efficace et peu coûteuse.

Le Maroc, un modèle régional dans la mise en œuvre des «SMK»

Au Maroc, cette approche est déjà ancrée dans les pratiques de plusieurs centres hospitaliers. L’une des initiatives les plus structurantes a été menée par le service de médecine néonatale de l’Hôpital des enfants de Rabat, relevant du CHU Ibn Sina, qui a mis en place une unité dédiée aux «Soins mère kangourou» en 2016. Une capacité de 11 lits y permet d’hospitaliser les mamans avec leurs bébés prématurés ou de faible poids, ce qui leur offre une continuité de soins essentielle.

«Cette unité nous a permis de prendre en charge des centaines de nouveau-nés en maintenant la présence indispensable de la mère et en garantissant l’accès au lait maternel», explique Pre Amina Barakat, chef de service. L’expérience, soutenue par l’Unicef et la Direction de la population du ministère de la Santé, a rapidement montré des résultats probants.

Forte de ce succès, une étude pilote a été lancée dans la région de Béni Mellal-Azilal-Khénifra, marquant un tournant dans la diffusion des «SMK» au niveau national. Plusieurs nouvelles unités ont vu le jour ces dernières années, notamment à Béni Mellal, Azilal, Demnate, Tétouan... Cette dynamique témoigne d’un réel engagement pour renforcer la prise en charge des nouveau-nés les plus vulnérables.

Une stratégie nationale en pleine expansion

Le Maroc avance aujourd’hui vers une extension progressive de cette méthode dans l’ensemble des régions du Royaume. Un protocole de suivi commun a été élaboré pour harmoniser les pratiques et accompagner la généralisation des «SMK», en tenant compte des spécificités de chaque territoire. Les professionnels de santé travaillent également à renforcer les compétences des équipes soignantes afin d’assurer des soins néonatals de haute qualité.

Cette approche s’aligne pleinement avec les recommandations de l’OMS, qui insiste sur la nécessité de garantir des services dédiés, dotés de personnel formé, ainsi qu’un accès aux équipements et médicaments essentiels, notamment les antibiotiques, pour mieux protéger les prématurés dont le système immunitaire, les poumons et la capacité de régulation thermique sont encore immatures.
Copyright Groupe le Matin © 2025