LE MATIN
17 Juillet 2025
À 16:25
Un pas inédit vient d’être franchi dans le secteur du
transport urbain marocain. Un chauffeur professionnel, détenteur de la carte professionnelle et du permis de confiance, a déposé une
demande officielle auprès des autorités compétentes pour obtenir
une autorisation lui permettant de proposer des services de
transport via application mobile avec sa propre voiture. Cette initiative, lancée à Rabat, a été portée par le
Syndicat démocratique du transport, qui a saisi directement les ministres de l’Intérieur,
Abdelouafi Laftit, et du Transport et de la Logistique,
Abdelssamad Kayouh, dans une lettre officielle réclamant la mise en place d’un
cadre juridique clair pour encadrer une activité en pleine expansion, en particulier dans les grandes villes.
Ce dépôt de demande traduit une volonté d’organiser un secteur qui échappe jusqu’ici à toute réglementation officielle.
Samir Frabi, secrétaire général du Syndicat démocratique du transport, a expliqué que cette initiative marque le début d’un processus pour obtenir
des autorisations légales au nom des
chauffeurs professionnels souhaitant exercer cette activité dans
le respect des règles, tout en garantissant des conditions de travail équitables et une meilleure qualité de service aux passagers. Le syndicat prévoit ainsi de centraliser
les requêtes des chauffeurs intéressés via des formulaires adressés aux autorités concernées.
Cette démarche intervient alors que de nombreux chauffeurs opèrent déjà via des
plateformes numériques sans autorisation formelle, répondant à une demande croissante des citadins pour des
services de mobilité plus rapides et flexibles. Mais cette démarche attise aussi
les tensions au sein de la profession,
les chauffeurs de taxis traditionnels dénonçant
une concurrence qu’ils jugent déloyale et rappelant qu’ils supportent des coûts réglementaires élevés (fiscalité, obligations sociales, respect des cahiers des charges), alors que les chauffeurs opérant via applications ne sont pas confrontés à toutes ces contraintes.
Sur le plan légal,
la législation actuelle interdit le transport public de passagers contre rémunération à bord d’un véhicule privé sans autorisation expresse des autorités compétentes. Pourtant, ces services continuent de se multiplier, notamment dans
les zones urbaines, profitant de l’absence d’un cadre précis et d’une forte demande.
Ce débat, relancé par cette
première demande officielle, s’inscrit dans un contexte plus large marqué par
la transformation numérique du secteur des transports et la préparation du Maroc à accueillir des
événements internationaux majeurs. Moderniser les
services de mobilité apparaît dès lors comme un enjeu stratégique, tant pour répondre aux
attentes des citoyens que pour
accompagner les mutations économiques et sociales en cours. En prenant cette initiative,
le Syndicat démocratique du transport pose ainsi la première pierre d’une réflexion sur l’avenir du
transport urbain connecté au Maroc et sur la nécessité d’adapter la réglementation aux nouvelles réalités du marché.