LE MATIN
27 Avril 2025
À 16:10
La
Dynamique «Pour une école de l'égalité», pilotée par l'
Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) et soutenue par une large coalition d’acteurs associatifs, syndicaux et éducatifs, vient de lancer une vaste campagne de sensibilisation pour lutter contre les stéréotypes sexistes dans le système éducatif marocain. Objectif : faire de l’école un levier de changement pour une société plus égalitaire.
Cette campagne s’inscrit dans la continuité d’un engagement de longue haleine de l’
ADFM en faveur de l’
égalité des sexes. «Cette campagne, fruit d’un travail de fond mené depuis deux ans, vise également à initier un dialogue constructif et à encourager la mise en place d’actions concrètes pour une école plus inclusive», indique un communiqué de l’ADFM.
Lancée en février 2023 après plusieurs rencontres et actions préparatoires, la Dynamique «Pour une école de l’égalité» entend passer à l’action en 2025 avec une série d’initiatives concrètes et innovantes sur le terrain.
Un constat alarmant sur l’inaction systémique
«Alors que le Maroc enregistre une baisse de l’écart entre les sexes en matière d’indicateurs de scolarisation, il enregistre également une faiblesse dans la transformation de l’école en un espace de lutte efficace contre les stéréotypes et les pratiques discriminatoires», alerte Aatifa Timjerdine, présidente de l’ADFM. «Un constat sans équivoque, qui souligne l’écart entre les réformes annoncées et la réalité vécue dans les établissements scolaires», ajoute-t-elle.
En février 2025, l’ADFM a publié une étude analytique sur les stéréotypes sexistes à l’école, révélant «un écart significatif entre les intentions déclarées en faveur de l’égalité des sexes et leur mise en œuvre concrète dans le système éducatif marocain». Widad Bouab, membre du Bureau de l’ADFM, souligne que «malgré des discours prônant l’égalité, les activités au sein des établissements restent largement genrées et renforcent les stéréotypes sexistes».
L’étude identifie également des causes «systémiques et structurelles» et appelle à une réponse globale, à travers des recommandations concrètes.
Des actions ciblées sur le terrain
En mai 2025, plusieurs ateliers de sensibilisation auront lieu dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat. Destinés aux élèves, enseignants et personnels éducatifs, ils visent à «sensibiliser et former à la lutte contre les stéréotypes sexistes et à la promotion de l’égalité».
Un recueil sur les stéréotypes sexistes présents dans les lycées marocains est également en cours de réalisation et sera publié en juin 2025. Il servira d’outil de sensibilisation et de plaidoyer pour inciter les décideurs à l’action.
Vers une transformation structurelle de l’école
La Dynamique propose, par ailleurs, une série de recommandations pour repenser l’école de manière globale : application effective des lois, création d’outils de suivi des inégalités de genre, renforcement de la formation des acteurs éducatifs, et campagnes de sensibilisation ciblées.
Parmi les mesures prioritaires, on retrouve aussi la lutte contre la précarité menstruelle, le harcèlement en ligne, les violences sexistes, ou encore les stéréotypes dans les choix d’orientation scolaire. Des dispositifs tels que des «boîtes aux lettres anonymes», des «référents égalité» dans chaque établissement, ou des «indicateurs de performance» liés au genre figurent parmi les propositions.
Changer l’école, changer la société
«Cette approche globale et intégrée ne se contente pas de traiter les symptômes des inégalités de genre à l’école, mais s’attaque à leurs causes profondes», explique la Dynamique dans son communiqué.
Loin d’être une simple campagne de communication, l’initiative se veut le déclencheur d’un changement systémique : réformer l’école pour façonner une société où l’égalité entre les sexes ne soit plus une utopie, mais une réalité.
La Dynamique «Pour l’école de l’égalité» appelle, enfin, à «une mobilisation collective de tous les acteurs de la société – institutions, société civile, familles – pour construire une école marocaine véritablement inclusive et égalitaire».