Non, il ne s’agit pas d’une blague. De plus en plus de jeunes
pour dormir ou se calmer. Un simple tour sur les
permet de constater l’ampleur croissante de cette tendance, notamment chez les 18-30 ans. Si ce phénomène peut sembler anodin, voire absurde pour certains, il reflète en réalité, selon de nombreux
Plutôt que de condamner cette pratique, Dr Hamdi y voit donc un signal d’alarme qui invite à repenser les réponses médicales, sociales et éducatives aux besoins réels des jeunes adultes. À ce sujet, il rappelle que depuis la pandémie, les
troubles anxieux, les
états dépressifs et les
problèmes de sommeil ont fortement augmenté, d’où la nécessité d’agir rapidement. Le Dr Hamdi tient cependant à préciser que l’usage de la tétine ne s’explique pas uniquement par des facteurs psychologiques. Le phénomène est également amplifié par les
réseaux sociaux, qu’il qualifie de «puissants amplificateurs comportementaux». Ces plateformes contribuent à la diffusion et à la normalisation de pratiques autrefois marginales. «En valorisant certaines habitudes ou comportements, elles influencent profondément les choix et les modes de vie d’une partie de la jeunesse», affirme-t-il.
Une génération en quête de sommeil et de sérénité
L’effet psychologique et l’influence des réseaux sociaux demeurent donc des facteurs clés pour expliquer ce phénomène. Mais une question essentielle demeure : sur le plan purement scientifique et médical, la tétine est-elle réellement efficace pour apaiser l’anxiété ou favoriser le sommeil ? L’objet étant largement utilisé par les nourrissons, l’interrogation semble légitime. Sur ce point, Dr Hamdi se montre très réservé : «Il n’existe aucune preuve que cela améliore le sommeil ou réduise l’anxiété. Des témoignages vont dans ce sens, mais ils restent isolés». Il rejoint ainsi d’autres experts internationaux qui évoquent un simple effet placebo, tout en précisant qu’aucune efficacité réelle ne peut être affirmée à ce jour. Ce qui est certain, insiste-t-il, c’est qu’un usage répété peut poser problème s’il devient un substitut durable à des solutions thérapeutiques adaptées. «Ces objets, conçus pour les nourrissons, ne sont ni adaptés ni sans danger pour les adultes», rappelle-t-il.
Dr Hamdi alerte également sur les risques liés à l’usage de la tétine à l’âge adulte :
• Sur le plan bucco-dentaire, l’usage prolongé de la tétine peut entraîner des troubles de l’
alignement des dents, des lésions au niveau du palais, ainsi que des douleurs ou des tensions au niveau de la
mâchoire.
• D’un point de vue infectieux, une mauvaise
hygiène peut favoriser la prolifération de
bactéries, augmentant ainsi le risque de
mycoses buccales ou d’
infections digestives.
• Concernant la posture et l’
articulation, l’adoption répétée de la succion peut provoquer des
douleurs cervicales ou perturber l’
articulation temporo-mandibulaire (ATM).
• Sur le plan dermatologique, certaines personnes peuvent développer des irritations ou des
réactions allergiques, notamment en cas de sensibilité aux matériaux utilisés comme le
latex ou le
silicone.
• Enfin, sur le plan psychologique, l’habitude peut engendrer une forme de
dépendance émotionnelle, favoriser un repli sur soi, ou encore générer une gêne sociale, en particulier dans un environnement collectif.
Une bataille inégale sur les réseaux sociaux
Au-delà du phénomène lui-même, Dr Hamdi estime qu’une autre problématique majeure se pose : celle de la communication et de la prévention. Pour lui, le véritable enjeu réside dans le fossé qui s’est creusé entre les canaux utilisés par les professionnels de santé et ceux fréquentés par les jeunes. «Les messages d’alerte ou de prévention circulent principalement dans les médias traditionnels – télévision, radio, presse écrite – que les jeunes consultent de moins en moins», constate-t-il. À l’inverse, les influenceurs et créateurs de contenu s’adressent directement à cette tranche d’âge, en utilisant leurs codes, leur langage et leurs plateformes de prédilection. Ce déséquilibre d’audience et d’impact est préoccupant. «Une mauvaise information circule plus vite et touche plus de monde qu’une bonne. Même si les professionnels de santé essaient de se montrer présents sur les réseaux, ils arrivent souvent trop tard», déplore-t-il. Cette réalité souligne l’urgence de repenser les stratégies de communication en santé publique. Pour atteindre réellement le public concerné, il devient essentiel d’adapter les discours, les formats et les supports aux habitudes numériques des jeunes adultes.