Les attentats s’enchainent ces derniers jours au Nigeria et aussi sanglants les uns que les autres. La dernière attaque a ciblé un centre de retransmission des matchs de la Coupe du monde qui se déroule au Brésil et a fait 21 victimes, à Damaturu, capitale de l'État de Yobe (nord). Jusqu’à hier dans la journée, cet attentat n’avait pas été revendiqué, contrairement aux précédents, signés Boko Haram. Selon des habitants, cités par la presse, la bombe avait été dissimulée dans un pousse-pousse motorisé devant le centre de retransmission où une foule s'était rassemblée mardi soir pour regarder le match Brésil-Mexique sur grand écran. «Nous avons reçu 21 cadavres et 27 blessés» après l'explosion, a déclaré à l’AFP une source médicale de l'hôpital Sani Abacha. Plusieurs centres de retransmission et terrains de football ont été attaqués récemment au Nigeria. Le 1er juin, plus de 40 personnes avaient péri dans le Nord-Est lorsqu'une bombe avait explosé au milieu de supporteurs sur un terrain, juste après un match. En avril déjà, des hommes armés avaient attaqué un centre de retransmission à Potiskum, autre ville de l'État de Yobe, pendant un match de quart de finale de la Ligue des Champions, tuant deux personnes.
2.000 morts en une année
Ces attaques, qui n'ont pas été revendiquées, ont été attribuées à Boko Haram, dont le chef Abubakar Shekau, dans de nombreuses vidéos, a décrit le football comme une perversion occidentale visant à éloigner les musulmans de la religion. La Coupe du monde aurait dû normalement rassembler d'immenses foules devant les matches, notamment pour soutenir les Super Eagles, l'équipe nationale, qui a remporté la dernière Coupe d'Afrique des Nations. Mais de nombreux Nigérians ont décidé de rester chez eux par précaution, rapporte l’Agence française de presse qui croit savoir qu’après les récentes attaques, les États d'Adamawa (nord-est) et de Plateau (centre) ont décidé de fermer leurs centres de retransmission sur écran géant, pour des raisons de sécurité. Les États d'Adamawa, de Borno (le fief originel de Boko Haram) et de Yobe sont sous loi martiale depuis mai 2013. La mesure était destinée à faire baisser les violences, sans succès pour l'instant, au contraire, les attaques se sont multipliées. Les violences perpétrées par Boko Haram, dont le nom signifie «L'éducation occidentale est un péché», en haoussa, la langue la plus parlée dans le Nord, ont déjà fait plus de 2.000 morts cette année. Une partie de la société de ce pays s’est constituée en milices d’autodéfense et a annoncé le 17 juin avoir tué huit membres présumés du groupe Boko Haram après l'attaque d'un village du nord-est du Nigeria proche de Chibok.