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Arbre providence des zones présahariennes

«Améliorer les performances de la culture du palmier dattier qui dispose d'une potentielle inexploitable encore substantielle et d'importantes marges de progrès».

Arbre providence des zones présahariennes
La culture du palmier dattier qui occupait, il y a plus d'un siècle, une importante superficie avec plus de 15 millions de pieds, plaçait le Maroc au 3e rang mondial en matière de production de dattes. (Photo : DR)
Le palmier dattier, implanté principalement le long des vallées de Ziz et de Drâa, est considéré comme l'une des plus vieilles espèces fruitières du pays. Sa culture, symbole de fertilité et aussi de prospérité des zones sahariennes et présahariennes, constitue l'une des principales activités agricoles dans ces zones.

La culture du palmier dattier qui occupait, il y a plus d'un siècle, une importante superficie avec plus de 15 millions de pieds, plaçait le Maroc au 3e rang mondial en matière de production de dattes.

Actuellement, la palmeraie couvre à peine une superficie d'environ 44.000 ha correspondant à environ 4.430.000 palmiers, soit une densité moyenne de 100 pieds à l'hectare, ce qui place le Royaume à la 8e place au niveau mondial loin derrière l'Iraq (21,5 millions de palmiers), l'Arabie Saoudite (12 millions), l'Egypte (11 millions), le Sultanat d'Oman (8 millions), l'Algérie (7,5 millions), la Libye (7 millions) et le Soudan (4,7 millions).

Quant à la production mondiale de dattes, elle est évaluée à 3,7 millions de tonnes, dont environ 70% proviennent de pays arabes. De surcroît, sa répartition entre pays producteurs révèle que plus de 40% du tonnage global est assuré par l'Egypte (15,6%), l'Arabie Saoudite (14,5%) et l'Iraq (13,4%). Le Maroc vient au 8e rang avec environ 3% de la production moyenne mondiale de dattes, selon un document du ministère de l'Agriculture.

Au niveau national, la répartition régionale du patrimoine phoenicicole révèle sa concentration au niveau de trois principales régions, à savoir Ouarzazate (41%), Tafilalet (28%) et Tata (20 pc). Toutefois, il y a lieu de signaler que les zones à vocation phoenicicole couvrent une superficie totale de 471.000 km2 représentant ainsi près des deux tiers du territoire national. Elles sont constituées de 12 provinces, à savoir Figuig, Errachidia, Ouarzazate, Zagora, Tata, Agadir, Tiznit, Guelmim, Tan Tan, Laâyoune, Smara et Oued Eddahab.

Quant à l'évolution de la superficie phoenicicole, elle est passée de 85.000 ha en 1947/48 à environ 44.000 ha actuellement. Cette régression est essentiellement due à plusieurs facteurs, dont la maladie du Bayoud qui est à l'origine de la destruction de plus des deux tiers du patrimoine phoenicicole ainsi qu'à l'effet des sécheresses prolongées qui ont entraîné le dessèchement partiel ou total de plus de 500.000 palmiers.

Durant les années 80, près de 350.000 palmiers ont été desséchés dans les seules palmeraies d'Ouarzazate et d'Errachidia. Outre le phénomène de l'ensablement des palmeraies, l'intérêt des populations pour d'autres activités plus rémunératrices a privé l'activité phoenicicole de la main d'oeuvre nécessaire à l'exécution des travaux requis pour l'entretien de la culture.

La composition variétale du patrimoine phoenicicole national est caractérisée par l'existence d'une multitude de variétés dont une forte proportion est constituée de khalts (47,5% : variétés non identifiées).

Parmi les variétés les plus intéressantes, on cite particulièrement le Mejhoul (0,3%), Boufeggous (12,2%), Bouskri (2%) et Jihel (12%).

En année normale, la production nationale des dattes s'élève à plus de 100.000 tonnes. Quant à la consommation, elle s'élève à 3 kg/habitant au niveau national contre 15 kg/habitant au niveau des zones de production. Il convient de signaler, par ailleurs, que les régions d'Ouarzazate et d'Errachidia contribuent à elles seules à hauteur d'environ 90% de la production nationale de dattes.

Le Salon international des dattes «SID2011», organisé cette année du 10 au 13 novembre à Erfoud, va donner l'occasion aux parties concernées de mettre en valeur la phoeniciculture au Maroc, dont l'importance socio-économique et environnementale est loin d'être négligeable.

En effet, les palmeraies, exploitées en général en culture mixte, permettent la subsistance de nombreuses familles dont les moyens d'existence reposent sur l'exploitation du dattier, des cultures sous-jacentes et des sous-produits que cet arbre prodigue dans un milieu aux ressources particulièrement limitées.

En outre, la datte, que beaucoup considèrent comme un fruit-dessert, est l'aliment de base pour plus d'un million d'habitants et peut servir à l'élaboration de produits alimentaires de grande valeur énergétique et diététique.

Le palmier dattier est également exploité dans l'artisanat, ses poutres et ses palmes constituent toujours une matière première que la main de l'homme transforme en figure à usage multiple. On l'utilise aussi pour construire les logements, les meubles et leur décoration ou pour la préparation des outils à exploiter dans l'agriculture ainsi que pour la lutte contre l'ensablement.

En plus de ces activités, le secteur phoenicicole constitue le support d'une activité commerciale entre le Sud et le Nord du pays et contribue à la stabilité des populations des oasis par la création de plus de 1,5 millions de journées de travail annuellement.

Pour améliorer les performances de ce secteur qui dispose d'un potentiel inexploitable encore substantiel et d'importantes marges de progrès, l'Etat a mis en œuvre un Plan national pour le développement des palmeraies du Sud marocain. Ce plan entamé en 1986 et actualisé en 1998 s'articule autour des orientations de l'extension et reconstitution des palmeraies, de l'amélioration des techniques de conduite du palmier dattier, et de la valorisation de la production et l'amélioration des conditions de commercialisation des dattes.

Les actions d'extension et de reconstitution de la palmeraie ont pour objectif l'amélioration de la production des dattes par l'encouragement des agriculteurs à la plantation de vitro plants de palmier dattier indemnes de toutes maladies. C'est ainsi que durant les 15 dernières années, 150.000 vitro plants dont près de 33% sont plantés au niveau des extensions.

Palmier dattier : un rôle écologique majeur
Quant au rôle écologique et environnemental du palmier dattier, il y a lieu de souligner que cette espèce constitue la structure de base de l'agronomie des oasis marocaines notamment par la création d'un microclimat indispensable au bon développement des cultures sous jacentes allant jusqu'à trois étages de végétation (les cultures saisonnières annuelles ou pluriannuelles, les arbres fruitiers et le palmier dattier).

Un autre intérêt non moins important, d'ordre agro-touristique, mérite d'être signalé eu égard au rôle primordial du palmier dattier dans le maintien de l'identité écologique de son environnement (cas de la palmeraie de Marrakech et du tourisme oasien).

Autant qu'il est synonyme de prospérité, le palmier dattier doit être au centre d'intérêt des parties concernées pour la réhabilitation, la revalorisation et le développement du secteur phoenicicole au Maroc, à travers l'adoption d'un plan d'action urgent, dont les principales composantes s'articuleraient autour de plusieurs actions, à savoir la poursuite et le renforcement des travaux de recherche et de transfert de technologie, la mobilisation des potentialités et amélioration du contexte de production et la valorisation de la production et amélioration des conditions de commercialisation des dattes.
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