La coalition gouvernementale met les petits plats dans les grands à l’occasion de la rentrée parlementaire. Les quatre chefs des partis de la majorité se sont réunis au lendemain de l’ouverture de la session automnale avec leurs députés et conseillers afin de rapprocher les points de vue et discuter des dossiers de la rentrée. Ils ont appelé à poursuivre la mise en œuvre des réformes pour consolider le front intérieur et pouvoir, ainsi, immuniser le Royaume contre les plans visant à porter atteinte à sa stabilité. Les quatre chefs de file des partis de la majorité (PJD, RNI, MP et PPS) se sont montrés satisfaits de leur cohabitation. Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement et SG du PJD se réjouit de l’entente entre les composantes de sa majorité gouvernementale, qui «mérite amplement les missions qui lui sont dévolues». À ses yeux, «la majorité et le gouvernement œuvrent pour remettre de l’ordre et de conduire le Maroc au rang des pays émergents».
Abdelilah Benkirane a affiché son optimisme de pouvoir «remporter les prochaines élections si son équipe reste sur la voie actuelle». Le secrétaire général du Mouvement populaire, Mohand Laenser, et celui du Parti du progrès et du socialisme, Mohamed Nabil Benabdellah, ont, pour leur part, exprimé l’importance de la cohésion de la coalition gouvernementale qui a pu, selon eux, accomplir plusieurs réalisations. Salahedine Mezouar, président du Rassemblement national des indépendants (RNI), a pris la parole après le discours du Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui a souligné l’importance de resserrer les rangs et affiché la détermination de son équipe à mettre en œuvre les réformes escomptées. Le chef de la diplomatie marocaine a également appelé l’ensemble des acteurs politiques à se serrer les coudes pour préserver l’édifice démocratique du Maroc, notamment dans le contexte régional et mondial marqué par une nouvelle cartographie géopolitique, en plus des conflits idéologiques. Du point de vue de Salaheddine Mezouar, la consolidation du choix démocratique dans lequel s’est lancé le Maroc reste l’ultime choix pour affronter ces défis pressants.
Dans cette lignée, le chef de file du parti de la colombe s’est arrêté sur les attaques dont le Maroc fait l’objet, en raison essentiellement de sa nouvelle politique vis-à-vis de l’Afrique.
Selon M. Mezouar, «le renforcement du positionnement du Maroc en Afrique a fait des vagues». D’après lui, la démarche adoptée par le Maroc envers l’Afrique dérange certaines parties «qui croient que le continent africain leur appartient». Ce qui explique, selon lui, les manœuvres visant à déstabiliser la démocratie marocaine et les atteintes portées aux services de sécurité nationale. Sur ce point, il a rappelé l’incident diplomatique entre Rabat et Paris, après la descente de la police, en février dernier, dans la résidence de l'ambassadeur du Maroc en France, venue notifier une convocation devant le juge au directeur de la DST, Abdellatif Hammouchi, alors de passage à Paris.
Selon Salaheddine Mezouar, «ces manœuvres sont la résultante de la démarche du Maroc qui a osé toucher à tout et traiter d’égal à égal avec les forces coloniales», tout en précisant que «le Royaume rejette en bloc la mise sous tutelle». En atteste le discours de Sa Majesté le Roi devant l’Assemblée générale des Nations unies, dans lequel le Souverain a mis l’accent sur les grands préjudices causés par le colonialisme aux États qui ont subi la tutelle en précisant que «les pays occidentaux n'ont pas le droit d'exiger des pays du Sud un changement radical et rapide selon un schéma étranger à leurs cultures, leurs principes et leurs atouts propres, comme si le développement ne pouvait se réaliser qu'à l'aune d'un modèle unique : le modèle occidental».
De manière globale, le chef de la diplomatie marocaine a appelé la classe politique à engager sa responsabilité devant la mère patrie. À ses yeux, le grand défi à relever est de renforcer la capacité du Maroc à faire face aux attaques et à s’imposer dans le contexte actuel caractérisé par l'agitation. «Ces manœuvres ne seront pas les dernières. Nous nous attendons à d’autres coups», a-t-il dit. Sur le plan national, le président du RNI a plaidé pour que le discours politique soit rehaussé au niveau des aspirations des citoyens. Aussi, a-t-il recommandé de «dépasser la logique partisane politicienne, en déphasage avec le contexte politique actuel du pays».