L'ONG africaine AIPD, basée à Genève, a fermement dénoncé vendredi les «détournements massifs» de l'aide humanitaire destinée aux populations des camps de Tindouf, exhortant les Etats africains à retirer leur reconnaissance de la pseudo-rasd.
«Vu l'extrême gravité des révélations faites par le rapport de l'office européen de lutte anti-fraude (OLAF), l'ONG et ses partenaires de la société civile panafricaine lancent un pressant appel aux Etats africains ayant reconnu la rasd à retirer leur reconnaissance», affirme l'organisation Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs (AIPD).
«Nous appelons aussi la société civile africaine pour qu'elle se lève résolument et rejoigne les rangs de tous ceux qui luttent contre l'émiettement du continent africain par la création de micro-Etats qui sont des proies faciles de l'ordre cannibale mondial», ajoute l'organisation.
Dans un communiqué, l'AIPD et ses partenaires de la plateforme panafricaine de la société civile indiquent avoir appris avec étonnement la publication d'un rapport de l'OLAF faisant état d'opérations de détournement de l'aide humanitaire destinée aux populations des camps de Tindouf.
«L'enquête de l'office sur l'utilisation des fonds de l'UE a permis de mettre au jour des détournements massifs opérés par les dirigeants du polisario et par diverses parties algériennes, jusqu'à l'achat de villas dans le Sud de l'Europe», déplorent-ils .
Le rapport établit que ces détournements seraient l'œuvre conjointe de la direction du polisario et de certains milieux algériens proches du pouvoir, souligne-t-on de même source, précisant que ses conclusions «mettent également en cause le croissant rouge algérien comme étant le principal bénéficiaire de ces détournements, et ce dès le port d'Oran».
L'ONG rappelle que «c'est l'Algérie qui est juridiquement responsable de la bonne administration et de la distribution» de cette aide, puisque du point de vue juridique, l'UE ne reconnaît pas le polisario et la pseudo-Rasd.
Elle note d'autre part que les pratiques incriminées dans le rapport compromettent la réalisation de tout recensement crédible des populations sahraouies de Tindouf, maintes fois réclamé par le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), et font planer de lourdes menaces sur la paix, la sécurité et la stabilité de l'une des régions clés du Sahel.
«L'instrumentalisation de l'aide humanitaire crée un terreau propice au développement du terrorisme dans cette région et affaiblit la mobilisation continentale en faveur du Plan d'autonomie proposé par le Maroc pour mettre fin à l'une des plus anciennes crises du continent africain», a déclaré à la MAP le président de l'AIPD, le rd-congolais Maurice Katala.
De l'avis de Maurice Katala, à l'heure où l'Afrique est confrontée de plein fouet au défi du terrorisme, «les détournements de l'aide humanitaire par l'Algérie et toutes les pratiques similaires ne peuvent que contribuer à une collusion dangereuse entre le polisario et la branche terroriste d'Al Qaïda au Maghreb «Aqmi» ainsi qu'à l'enlisement du conflit du Sahara».
Très active à l'échelle internationale, l'organisation Action Internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands-Lacs (AIPD) est dotée du statut consultatif auprès des Nations unies, de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et du statut d'observateur auprès de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples.