La Grande-Bretagne est prête à revoir sa coopération avec la République démocratique du Congo si l'élection présidentielle dans ce pays prévue avant la fin 2016 n'a pas lieu conformément à la Constitution congolaise actuelle, a affirmé mardi une responsable britannique à Kinshasa.
«Il nous faudra prendre en compte toutes les options si nous commençons à voir une détérioration de la situation (en RDC) liée à un report des élections ou à une modification de la Constitution», a déclaré Danae Dholakia, envoyée spéciale du Royaume-Uni pour la région des Grands Lacs lors d'une conférence de presse.
«Si nous devions assister à quelque chose de ce genre, très déstabilisant, il nous faudrait réfléchir à la nature et la forme de nos engagements à venir» vis-à-vis de la RDC, a ajouté Danae Dholakia, affirmant que Londres était le «deuxième contributeur bilatéral» au budget de l'Etat congolais avec «1 million de livres sterling par jour» (1,43 million d'euros/jour).
La RDC traverse une grave crise politique depuis la réélection du président Joseph Kabila en 2011 lors d'un scrutin entaché d'irrégularités massives.
L'opposition ne cesse d'accuser le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2001, de chercher à contourner par tous les moyens l'interdiction constitutionnelle qui lui est faite de se représenter, et de manœuvrer pour retarder les échéances électorales ou modifier la Constitution.
Depuis l'invalidation du calendrier électoral par la Cour constitutionnelle en septembre, l'incertitude règne sur la tenue de la présidentielle devant avoir lieu avant la fin novembre 2016.
Joseph Kabila a fait part début novembre de sa volonté de convoquer un «dialogue national» en vue «d'élections apaisées» dans le pays. L'opposition rejette majoritairement cette invitation, qu'elle qualifie de manœuvre dilatoire, tandis que certains dirigeants de la majorité affirment qu'un report des élections est nécessaire, faute de moyens.
Alors que la pacification de l'est du pays, où sévissent encore des dizaines de milices, reste un vœu pieu, Danae Dholakia a estimé que «le plus grand risque pour la stabilité (du pays) est le non respect de l'attente du peuple congolais de choisir un nouveau président l'année prochaine».
Selon Danae Dholakia, le Royaume-Uni est prêt à soutenir des élections libres en RDC mais a besoin «d'un calendrier électoral crédible, d'un budget réaliste et que le gouvernement débourse l'argent» pour l'organisation des scrutins, a-t-elle dit.
«La communauté internationale ne peut pas s'engager à soutenir les élections quand il n'y a pas de processus (électoral) clair», a-t-elle prévenu.