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La reprise boursière, ce n'est pas encore gagné…

Deux tendances ont marqué l'évolution du marché boursier casablancais durant le premier trimestre de l'année 2011. Une première inscrite profondément à la hausse jusqu'au déclenchement des crises dans le monde arabe.

La reprise boursière, ce n'est pas encore gagné…
Les boulversements dans le monde arabe ont affecté les grandes capitalisations de la place.
S'ensuit une série successive de baisse indicielle, touchant presque l'ensemble des grandes capitalisations de la place. Effaçant, de ce fait, les gains accumulés au cours des deux premiers mois. Si le Masi affichait à fin février dernier une performance annuelle de 1,19%; à fin mars, la tendance a été inversée et l'indice de toutes les valeurs cotées clôture le trimestre avec une perte annuelle de l'ordre de 3,80% à 12.173 points, et ce malgré la publication, courant ce même mois, de bons résultats annuels chez la majorité des sociétés cotées (celles-ci affichent une capacité bénéficiaire consolidée dépassant les 30 milliards de dirhams, contre seulement 27 milliards une année auparavant).

La capitalisation du marché ressort à 557 milliards de DH, en recul de 21,9 milliards depuis le début de l'année. En revanche, sur une année glissante, elle demeure quasi stable, et ce en dépit du retrait de la cote des sociétés ONA et SNI. Ce niveau de capitalisation, de par l'écart qui le sépare de celui du Produit intérieur brut (plus de 800 milliards de DH) pose encore une fois la question de la représentativité de la Bourse de Casablanca au sein de l'économie marocaine. Encore plus lorsqu'on sait que la moitié des 557 milliards de DH émane de seulement quatre grandes entreprises cotées, en l'occurrence l'opérateur historique IAM (136 milliards de DH, soit 24%), Attijariwafa bank (75 milliards, soit 13%), la BMCE (38 milliards, soit 7%), l'immobilière Addoha (32 milliards, soit 6%). Disproportionnellement, le reste, soit environ 280 milliards de DH, représente le poids des 70 autres titres cotés sur le marché ! On retrouve la même disproportion au niveau des volumes échangés sur les différents compartiments de la Bourse de Casablanca.

Ainsi, le titre Maroc Telecom a concentré, à lui seul, 16% des échanges, soit 1,6 milliard de DH. Il a été suivi par la bancaire Attijariwafa bank (15% avec 1,4 milliard de DH), non loin de Douja promotion Addoha (14% avec 1,3 milliard de DH) et de la bancaire BCP (12% avec un échange de 1,16 milliard de DH). Globalement, les transactions du premier trimestre totalisent un volume de 47,7 milliards de DH, en hausse de 124% (tiré essentiellement par les opérations d'apports de titres et qui se chiffrent à 33 milliards de DH). Cependant, sur le Marché central, le volume moyen quotidien accuse une baisse de 23% (158 contre 205 millions de DH), accompagnée également par un fort mouvement de baisse de cours chez la majorité des valeurs.

Parmi les 74 titres cotés, à fin mars dernier, le tableau de bord boursier recense 49 baisses contre seulement 25 hausses. Six valeurs affichent des pertes supérieures à 20%. Sous l'effet des rumeurs autour d'un éventuel changement d'actionnariat, Diac Salaf a dû subir la plus forte contre-performance du trimestre (-38% à 67 DH), suivie de la filiale de Holmarcom, Oulmès, dont l'action a chuté de 36% à 690 DH. Le leveur Mediaco n'a pu échapper aux conséquences de sa nouvelle situation (l'entreprise est mise sous contrôle judiciaire), son action a perdu 32% à 81 DH. De même, le concessionnaire tunisien Ennakl (les parts du gendre du président déchu dans le capital étant transférées à l'Etat) a vu le cours de son titre baisser de 29% à 46 DH. C'est le cas aussi de Med Paper (-25% à 59 DH) et de Maroc Leasing qui recule de 20% à 427 DH, contre 540 DH trois mois auparavant.

Parallèlement, parmi les 25 valeurs se trouvant à contre-courant de cette vague baissière, neuf d'entre-elles affichent des variations à deux chiffres. Les meilleurs gains ont été enregistrés par Microdata (+15,74% à 625 DH), la minière d'Imitee SMI (+15,68% à 2198 DH) ainsi que Sothema. Le titre de ce laboratoire pharmaceutique a grimpé de 15% pour atteindre 1.300 DH, et ce malgré la perte du marché public d'approvisionnement en insuline et qui aurait dû générer un chiffre d'affaires additionnel de 50 millions de DH.

Ce qui pourrait dissuader les investisseurs…

La baisse qu'accuse le marché au cours du premier trimestre 2011 est beaucoup plus liée à des critères psychologiques (l'effet des révolutions dans le monde arabe) qu'à l'évolution des fondamentaux des sociétés cotées. Quid alors du reste de l'année ? La reprise tant attendue sera-t-elle au rendez-vous ? Les analystes de la place n'osent plus faire de pronostics. D'autant plus qu'aux facteurs exogènes liés aux développements que connaît le monde arabe s'ajoutent des faits récents qui, au pire des cas, seraient en mesure de dissuader les investisseurs sur le marché. Citons-en au moins deux : d'une part, le sort de Mediaco placée sous contrôle judiciaire depuis quelques semaines. Alors que son patron préfère le silence jusque-là au lieu de rassurer ses petits actionnaires. D'autre part, l'affaire des délits d'initié et de manipulation de cours soumise à la justice par le dernier conseil du CDVM. Sous prétexte de procédure judiciaire, le gendarme évite d'éclairer l'opinion publique au moins sur les textes de lois qui régissent ce genre de délits. Sans parler de l'identité des investisseurs ou dirigeants suspects qui finiront certainement par se dévoiler au tribunal.
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