Visiblement, la tâche de Abdelilah Benkirane sera ardue ! La recomposition d’une nouvelle coalition gouvernementale s’avère délicate, compte tenu de l’étroite marge de manœuvre dont il dispose. À la veille du lancement des concertations avec les partis politiques par le Chef du gouvernement, le PAM a été on ne peut plus clair : «Il est hors de question que le PAM rejoigne le gouvernement de Benkirane», a-t-il affirmé lors du forum de la MAP, organisé mardi dernier sur le thème «l’analyse de la conjoncture politique : rôle et place du PAM».
Cette position trouve son fondement, selon Hakim Benchemmas, dans les divergences idéologiques entre les deux partis. Le PAM restera fortement attaché à sa ligne politique, telle que décidée par les instances nationales du parti, a-t-il dit avant d’ajouter que «le PJD porte un projet de société avec lequel nous sommes entièrement en désaccord».
Dans cet ordre d’idées, le porte-parole du PAM a pointé du doigt le programme électoral de Abdelilah Benkirane qui, selon Benchemmas, n’était que de la poudre aux yeux des Marocains. «Il s’agit de la plus grosse opération de mystification jamais faite aux Marocains», pour reprendre son expression. Le refus ferme et catégorique du PAM d’intégrer la prochaine coalition gouvernementale ne signifie cependant pas que le parti soit contre le fait de prendre part aux tractations en cours. Le PAM est ouvert à toute concertation, a fait savoir Hakim Benchemmas en qualifiant ce pas de bonne initiative de la part du Chef du gouvernement. «D’ailleurs, on reprochait au Chef du gouvernement l’absence de toute initiative de dialogue ou de concertation avec les partis de l’opposition tout au long des 18 derniers mois», toujours selon M. Benchemmas, qui précise toutefois que les concertations avec le PJD ne doivent pas porter sur la participation du PAM à la prochaine coalition de l’Exécutif. Il a ajouté que le PAM n’était pas concerné par la crise politique actuelle, et que sa position ne portait pas préjudice à l’intérêt du pays, qui nécessite, au contraire, la clarté dans les positions.
Quant aux éventuelles concertations avec le parti de l’Istiqlal et l’USFP, Hakim Benchemmas a souligné l’existence de plusieurs points communs entre son parti et l’USFP et les efforts de coordination menés au sein du Parlement par les groupes parlementaires des deux partis. «Mais pour le moment, il n’y a aucun contact ni avec les instances du Parti de l’Istiqlal ni avec ceux de l’USFP pour lancer des concertations. Car il est encore prématuré de parler de la formation d’une coalition entre l’Istiqlal, l’USFP et le PAM», a-t-il précisé.
En tout cas, Hakim Benchemmas a focalisé son intervention, lors du forum de la MAP, sur le travail du gouvernement et notamment le comportement du chef de l’Exécutif qui est à l’origine, selon lui, de la crise que traverse le gouvernement. Aux yeux de Benchemmas, la crise politique est le résultat de l’hiatus existant entre le dynamisme et la vivacité de la société, d’une part, et l’immobilisme et les déficiences du gouvernement, d’autre part».