Dans le monde, le nombre des personnes vivant avec le VIH en 2010 a continué d’augmenter pour atteindre un chiffre alarmant de plus de 34 millions, dont 23 millions de séropositifs en Afrique, principal foyer d’infection. Le nombre total de personnes vivant avec le virus en 2009 a crû de plus de 20% par rapport à 2000. (source ONUSIDA).
Au Maroc, la sixième édition de la journée nationale de dépistage du VIH/Sida, organisée le 12 mai dernier par l’Association de lutte contre le Sida (ALCS), a permis de remettre le doigt sur le problème de fonds en révélant que 80% des 29 000 personnes atteintes par le VIH ignorent leur séropositivité. Les efforts de prévention du VIH se sont nettement accrus. Cependant, ils ne font pas encore reculer l’épidémie. Le Sida demeure une priorité sanitaire mondiale majeure. Les programmes de lutte contre le VIH en milieu de travail en Afrique sont nés au cours des années 90 dans de grandes entreprises sud-africaines. En effet, dans ce pays où la prévalence était et est toujours la plus élevée au monde, la morbidité et la mortalité liées au Sida ont dramatiquement fait la preuve – au-delà de la souffrance des individus – des coûts micro et macro-économiques. Parce qu’il touche les individus dans leurs années de vie les plus productives, le VIH a un impact sur le monde du travail. Chaque année, le monde compte 2,6 millions nouveau cas et 1,8 million de personnes décédées à cause du Sida. Ce drame doit cesser. En attendant que l’on trouve ce vaccin miracle, s’il existe, nous devons agir et éclairer autour de nous les personnes les plus vulnérables.
Le Maroc a lancé un plan stratégique de lutte contre le VIH pour les 4 prochaines années. Objectifs : réduire de 50% les nouvelles infections et diminuer de 60% la mortalité des personnes vivant avec le virus, et ce, d’ici à 2016. Le ministère de la Santé, les professionnels médicaux et les organisations mobilisées veulent créer 30 nouveaux centres de dépistage directement dans des centres de santé, d’ici 2016. En effet, le virus menace la productivité et la rentabilité de nos entreprises. L’augmentation de la morbidité et de la mortalité liées au Sida provoque dans les entreprises une hausse des coûts directs. Nous pouvons citer les frais médicaux, les coûts liés à l’absentéisme, les frais de funérailles et des coûts indirects liés à la désorganisation du travail, au recrutement, à la formation...
Des associations et notamment des personnes atteintes par le VIH se mobilisent pour faire du plaidoyer et de l’accompagnement des malades. Par ailleurs, selon leur niveau de développement, les pays du Sud devront assurer des contributions allant de 50% à 80% de leur politique de santé pour obtenir les subventions du Fonds mondial. Le Maroc a reçu de ce dernier 41% des 810 millions Mad nécessaires pour son plan à 4 ans afin de lutter contre le Sida. En effet, les financements extérieurs demeurent toujours importants, pour libérer des ressources en faveur d’autres secteurs sociaux tels que l’éducation et la lutte contre la pauvreté, alors même qu’il y a une raréfaction.
Cette nouvelle donne internationale rend cher les ressources, contraint les pays riches à revoir leur politique d’aide tous azimuts. Bien sûr, cela touche aussi la maladie du VIH. Cette contrainte peut être considérée dans une certaine mesure comme une opportunité si elle dégrise nos décideurs et les met devant leur responsabilité pour agir le plus en amont et notamment sur le risque de contagion en levant des tabous, notamment la promotion de l’utilisation des préservatifs. Nous pensons au CJD, que ce n’est pas la majorité qui fait changer le monde, mais la minorité engagée. C’est pour cela que le CJD international se mobilise pour sensibiliser les jeunes dirigeants sur l’intérêt d’un programme de prévention du VIH au sein de l’entreprise avec un zoom sur la TPE. Le jeune dirigeant est au cœur de cette action. Sa sensibilisation et sa prise de conscience de cet enjeu sont le moteur pour la mise en place réussie de programmes ou d’actions de lutte contre le VIH au sein de l’entreprise. En effet, la TPE est le principal recruteur des jeunes apprentis souvent ayant un niveau d’instruction bas et pas toujours au fait des risques encourus liés au Sida. Ces jeunes, souvent des mineurs ayant un plus d’argent que la moyenne de leurs camarades de leur âge, continuent d’aller à l’école. Ils sont souvent amenés très tôt à fréquenter des femmes de «petite vertu». Ils s’exposent ainsi très tôt à la maladie.
Au Maroc, le principal mode de transmission de la maladie des cas déclarés depuis 1986 est : les relations sexuelles. 71% des personnes atteintes du virus ont entre 25 à 44 ans et 2% sont des jeunes de moins de 15 ans. Les régions du Souss, de Marrakech et Casablanca, concentrent à elles seules 58% des malades. Une généralisation du dépistage et des traitements permettrait de stopper l’épidémie à court terme. «Une personne séropositive qui bénéficie d’un traitement est 96% moins susceptible de transmettre le VIH à d’autres personnes», selon l’OMS. En raison de la cherté des coûts des traitements et du premier mode de transmission au Maroc (relations sexuelles), une partie des actions prévues par le nouveau plan VIH est axée sur l’usage du préservatif. Par ailleurs, l’accès universel au traitement dans les pays du Sud comme le Maroc avec le développement des génériques ne serait pas un gouffre financier, mais est au contraire rentable financièrement, selon les spécialistes. Nos entreprises ont par conséquent non seulement le devoir d’agir, mais aussi la possibilité de jouer un rôle déterminant pour vaincre ce fléau mondial qu’est le VIH/Sida. Elles sont, en effet, les plus à même d’agir de façon proactive et efficace sur les personnes cibles. Il y va de leurs intérêts en tant qu’entité économique comme de ceux de la société entière.
La responsabilité de l’entreprise, quelle que soit sa taille, est globale. C’est-à-dire qu’elle couvre l’économique, le social, le sociétal et l’environnemental. Nous ne pouvons rester les bras ballants. On se doit d’apporter notre contribution et de se mettre en réseau avec les différentes associations qui opèrent pour stopper le Sida. Dans ce cadre, nous mettons en place un projet de sensibilisation destiné aux jeunes salariés à travers les dirigeants des TPE.
En raison de notre dimension internationale, il nous a paru tout à fait naturel d’utiliser le véhicule Internet pour réduire les distances. On pourra avoir accès au plus grand nombre à travers le buzz Internet. Nos jeunes sont curieux, assoiffés de vie et attendent de nous qu’on les respecte et aussi qu’on soit des facilitateurs pour aller plus vite sur ces thématiques. Beaucoup de choses sont faites en terme de prévention. Notre volonté, c’est d’apporter un éclairage nouveau basé sur notre conviction que l’on peut traiter de choses sérieuses sans se prendre au sérieux. Le «Serious Game» que nous mettrons en ligne permettra de façon ludique à des jeunes très consommateurs de jeux vidéo et assimilés de se divertir à travers le jeu tout en apprenant en langues arabe, français et wolof. Pour stopper la transmission du virus du sida, il faudrait «remobiliser» sans faire peur, aller vers les jeunes et les sensibiliser à travers des outils ludiques et en phase avec cette génération Y qu’est le Sérious Game. Nous devons exiger d’augmenter les budgets alors que la crise économique est en train de les rogner.
Alors, à nous dirigeants de prendre nos responsabilité et d’accompagner nos jeunes pour les protéger contre eux-mêmes en les invitant à une partie de «Serious Game» contre le Sida.
(1) TPE Tres Petites Entreprises