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Les droits de l'Homme expliqués à Al Akhawayne

A Ifrane, les premières pluies ont commencé ce mardi. Malgré le froid, la neige se fait toujours attendre. Les étudiants, emmitouflés, de l'université Al Akhawayne sont tout à leurs études. Ici, dans ce petit monde maroco-américain, c'est la fin du semes

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Celles d'un pays qui tente de s'arrimer aux valeurs universelles des droits humains. Alors, les étudiants sont allés à leur manière, à la fois festive et solennelle, à la rencontre de ce que les officiels ont coutume d'appeler « le vaste chantier des droits de l'homme ». Tout a commencé, lundi soir, par un concert donné par un groupe emblématique de toute une génération sacrifiée. Celle des années 70. Avec Nass El Ghiwane, qui se sont produits lundi soir à Al Akhawayne, les étudiants ont remonté le temps et une histoire pas très lointaine. Surprise, presque tous connaissaient par cœur, les chansons de ces artistes qui ont chanté la contestation. Au lendemain de la journée mondiale des droits de l'homme, et sur fond d'un après 11 septembre qui n'en finit pas- et ici à Al Akhawayne, les attentats de New-York et la guerre en Afghanistan ont été intensément vécus- les étudiants ont choisi d'écouter un ministre marocain, celui en charge des droits humains, raconter les « avancées, les percées, mais aussi les lacunes et tout ce qui reste encore à faire ».
« Une façon aussi pour eux, de dire que l'université doit se sentir concernée et se placer aux premières lignes de ce combat pour le respect de la liberté et des droits des autres », explique le président de l'établissement, M. Belmokhtar, également membre fondateur de l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH)
Alors le ministre quadra est venu, à la rencontre de ces étudiants, citoyens d'ici et du monde. Mohamed Auajjar s'est, de bonne grâce, prêté au jeu. Comment expliquer les droits de l'homme au Maroc à ces jeunes filles et jeunes hommes, connectés, en phase avec le monde qui change, bouge, bouscule ? Comment aussi et surtout leur administrer une bonne dose d'optimisme et leur dire que l'avenir radieux n'est peut-être pas un slogan vain ? Le responsable gouvernemental, qui est également membre dirigeant du Rassemblement 110nal des Indépendants (RNI), s'est appliqué doucement, sûrement, à mettre en perspective la longue, très longue maïeutique qui a abouti à ne plus faire de la défense des droits humains un champs longtemps interdit, banni. « Le Maroc a choisi d'ouvrir et d'assumer une page douloureuse de son histoire : les lourdes condam110ns, les disparitions, Tazmamart, l'exil… Nous avons adopté une démarche inédite, peut-être même unique. Au Maroc nous avons fait le choix de lire cette page avant de la tourner alors que d'autres pays comme l'Espagne ou le Portugal ont tout simplement tourné la page pour passer à la démocratie. Nous avons décidé de revenir sur tout cela, mais sans esprit de vengeance ni division de la société et ce en réparant les torts commis par l'Etat par l'indemnisation des victimes de l'arbitraire et en adoptant les principes des droits humains dans leur conception universelle et indivisible ». Le ministre des droits de l'homme explique, argumente, a des élans de sincérité mais reste solidaire jusqu'au bout du bilan gouvernemental. Bref, il fait de la communication car il faut convaincre un auditoire pas tout à fait comme les autres. « Le plus important, par dessus tout, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus jamais ça ».
Puis l'homme politique a repris le dessus. Les élections ont lieu dans moins de dix mois. « Il faut faire réhabiliter l'action politique. Il ne saurait y avoir de démocratie sans partis. Les structures partisanes doivent faire leur mise à niveau, établir de vrais programmes, adopter une vraie politique de proximité et présenter de nouveaux candidats aux élections. Le changement passe par le politique et c'est notre responsabilité à nous tous » , s'exclame un Mohamed Auajjar encore plus fougueux à l'approche de septembre 2002, « un test pour que la transition devienne démocratie ». Les questions ont ensuite fusé. Le ministre interpellé a dû répondre aux interrogations, aux incompréhensions, aux incertitudes des uns et des autres. « Que fait-on pour lutter contre le travail des enfants et particulièrement celui des petites bonnes ? » « Comment peut-on interdire une publication ? » « Les droits de l'homme ont-ils un sens face à des indicateurs socio-économiques inquiétants ? » « Où en est l'institution du médiateur ? » Dans la nuit froide d'Ifrane, une grosse pluie s'abattait. La rencontre d'un ministre avec des étudiants avait pris fin. La vie reprenait son cours. Les étudiants préparaient leurs examens du lendemain. Le ministre rentrait à Rabat. Avec peut-être le sentiment du devoir accompli…
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